Chapitre 17 - Liam

9 minutes de lecture

05.02.21

24 Paradise Street, Quartier de Southwark, LONDON – 8:52 pm.

Planté devant la psyché de ma chambre, je réajuste ma chemise puis je recule de quelques pas et jette un coup d'œil satisfait à mon ensemble. Ma tenue est comme je l'aime : elle frôle l’indécence mais ne la dépasse jamais, ou presque. Erik frappe à ma porte et entre, m'interrompant dans l'admiration de mon jumeau.

— Bon Narcisse, j'ai retrouvé ce que tu cherchais. Je te la passe mais prends en soin.

Il me tend alors sa chaîne en or qu'il portait étant plus jeune.

— Merci ! Tu me sauves !

Je la passe au cou et l'attache. Puis, j'enfile bagues et bijoux, tous faits dans le même métal que la chaîne. Je prends enfin la pause devant mon frère pour qu'il me complimente.

Il hausse les épaules.

— Tu sais bien que nous n'avons pas le même style...

— Ce que tu peux être rabat-joie.

— Tu me vois dans cet accoutrement ? Non mais sérieux Liam !

À sa voix et à son sourire en coin, je sais qu'il me taquine. Il a toujours secrètement adoré ce que je portais, mais rechignait à l'avouer, pour rester le préféré de papa, sans doute. Je me tourne vers le miroir quelques instants pour être sûr de mon choix. L'ensemble en satin rouge brillant donne un contraste saisissant avec mes cheveux et ma peau claire. La chemise à boutons est ouverte, dévoilant mon torse ciselé. À cela s'ajoute le short qui tombe jusqu'en haut de mes genoux et mes chaussures noires. J'ai hésité avec les blanches. La matière est fluide et n'entrave pas mes mouvements en plus d'être douce.

— Tu as tort, tu ressemblerais à un dieu grec j'en suis sûr.

Il secoue la tête pour montrer son désaccord.

— Tu es sûr que tu ne veux pas venir ? Ça serait l'occasion idéale pour te divertir. Tu n'es pas sorti de la maison depuis que tu es revenu.

— Faux, je suis allé dîner avec Papa et ses actionnaires l'autre soir.

J'applaudis ironiquement.

— Bravo ! Et depuis quand n'as-tu pas inséré ce qui te sert de pénis dans une femme ?

— Liam ! s'exclame Erik, faussement choqué.

— Comme tu veux, abdiqué-je. Mais tu le regretteras, j'en suis sûr.

Alors que je m'apprête à sortir de la chambre, il me retient par le bras. Je lève les yeux alors que lui les descend sur mon entrejambe.

— Ne me dis pas que...

— Prétends que tu n'as rien vu, ça vaut mieux si tu ne veux pas en faire des cauchemars toute la nuit.

J'ai le temps de rejoindre le rez-de-chaussée avant qu'Erik réagisse et me rattrape.

— Tu ne vas pas y aller comme ça ? crie-t-il en haut des escaliers.

— Pourquoi donc ? Tu vas m'en empêcher ? Amuse-toi bien, tu as la maison pour toi tout seul. Invite quelques filles et pourquoi pas des mecs. Tu me les garderas quand je reviendrai demain matin.

— Liam, tu n'as pas de caleçon !

La porte d'entrée se referme sur ces paroles censées. J'éclate de rire en imaginant la tête de mon frère à cet instant. J'ai annoncé cette soirée comme étant celle où tout était permis et où on pouvait être qui on voulait. Et qui suis-je, si ce n'est un homme gay en quête de satisfaction sexuelle ? Je compte bien m'amuser ce soir et j'ai déjà une ou deux cibles en tête.

05.02.21

The Heaven, LONDON – 9:35 pm.

Je passe l'entrée de la discothèque et aussitôt, les lumières et la musique m'accueillent. Je hoche la tête, satisfait : il y a déjà pas mal de monde bien qu'il soit assez tôt. Encore bien d'autres personnes afflueront dans les prochaines minutes.

La boîte a été spécialement agencée pour cette soirée : la piste se trouve toujours au même endroit mais ils ont rajouté une scène ainsi que plusieurs barres verticales pour que celles qui le souhaitent puissent de dandiner et nous offrir un show. Celles ou ceux, je ne serais pas contre. Au fond, l'estrade du DJ déjà en plein boulot. À gauche le bar près de l'entrée. Au fond à droite, les toilettes. Boules à disco et projecteurs illuminent la discothèque en tout sens.

Je fais quelques pas, frôlant les personnes déjà présentes. Beaucoup ont joué le jeu et je peux voir des accoutrements tous plus extravagants les uns que les autres. Pas mal d'hommes sont torse nu, pour mon plus grand plaisir, tandis que les femmes ont misé sur les robes de soirées et les décolletées plongeants, quand il y a encore assez de tissus pour appeler ça des robes.

Je cherche du regard mes amis tout en m'avançant dans un renfoncement, là où se trouvent les sièges et quelques tables pour ceux qui veulent se reposer. Soudain, je les vois et m'approche d'eux. Je remarque que Luna n'est pas arrivée. Tout comme Oscar et Sarah. Vont-ils venir ?

— Mon dieu, mais que tu es belle Chloe ! crié-je pour me faire entendre en lui prenant la main.

Elle me sourit et tourne sur elle-même pour me faire admirer sa tenue. Elle porte une robe cocktail blanche, fendue sur le côté de la jambe. Le haut est composé de dentelle avec un dos nu et d'un décolleté mais le plus extravagant sont les froufrous en pointe sur son épaule. Elle arbore un maquillage élaboré et elle a attaché ses cheveux en une queue de cheval.

— Toi aussi tu es très beau. Tu adores toujours autant les tenues originales...

Je ris devant sa remarque et jette un coup d'œil à mon meilleur ami.

— Aucun effort de ton côté par contre...

— Pardon ? s'exclame-t-il. J'ai sorti mes plus beaux habits !

Je fais la moue, je sais pertinemment qu'il ment. Il porte un costume bien que je reconnaisse la marque de luxe qui la crée. La seule note positive et que le haut soit sans manches et dispose d'un col pointu.

— Luna n'est pas encore arrivée ? demandé-je pour changer de sujet.

— Non, mais bientôt, me répond Chloe. Elle m'a envoyé un message il n'y a pas longtemps.

— D'accord. Commandons une bouteille, je suis sûr que l'alcool la fera rappliquer.

Et j'ai raison. À peine le champagne versé dans nos coupes que Luna déboule telle une tornade venue de nul part.

— Hop, hop hop, on ne m'attend même pas pour boire ? s'écrie-t-elle. Et vous auriez pu venir me chercher, j'arrivais pas à vous retrouver avec le monde qu'il y a. Pourtant, c'est encore tôt. Mais c'est mieux comme ça.

Elle passe à côté de moi et vole ma coupe au passage, se laisse tomber sur le canapé à côté de Chloe, embrasse sa meilleure amie et avale le verre d'un trait sous le sifflement de Tobias.

— Eh bien, t'es en forme toi, ce soir. Nous refais pas un coup comme la dernière fois.

Elle lui lance un regard noir et lui tire la langue. Elle glisse son téléphone dans la poche de sa robe en cuir et se verse une seconde coupe. Chloe la complimente alors sur sa chemise.

— Merci ! J'ai passé des heures dans les boutiques pour en trouver une comme ça et qui me plaise. C'était infernal, et en plus elle m'a coûté une blinde !

J'avoue qu'elle est très belle : C'est une chemise transparente où des roses noires sont dessinées dessus, dont deux sur sa poitrine, tout juste assez grosses pour cacher ses tétons. Elle met parfaitement en valeur sa poitrine et la longue natte tressée en fait de même avec son visage.

— Tu as troqué les habits colorés pour une tenue noire ce soir.

— Oui, j'en avais marre et je voulais un peu de changement.

Je ne rétorque rien, un peu surpris par ses paroles. Luna, en avoir marre d'attirer les regards sur elle ? Quoique avec sa tenue osée, ce n'est pas dit qu'elle se fonde dans la masse, même parmi tous ces gens.


Je me retourne, laissant mes amis discuter et parcours la salle du regard. Toujours rien. Alors ils ne vont pas venir ? C'est bien dommage, mais ça ne m'étonne pas trop. Ce n'est clairement pas l'image que je me fais de Sarah, mais c'est elle qui avait l'air d'avoir envie de venir. Quant à Oscar, il fait toujours son rabat-joie avant d'accepter une fois qu'on l'a forcé. Et je ne pense pas qu'il le regrette.

Je tente de me plonger dans la discussion de mes amis mais n'y parviens guère. Oscar occupe mes pensées et je dois bien admettre que son absence me chagrine. J'avais prévu pas mal de choses pour nous deux...

N'arrivant pas à m'accrocher, je tourne la tête en direction de la piste de danse déjà pas mal occupée. Soudain, je plisse les yeux : je reconnais une tête parmi celles qui se tiennent sur le bord. Elle se tourne alors et me laisse apercevoir son visage.

Arthur. Que fait-il ici ? Je croyais qu'il n'allait pas venir mais il a tenu parole à ce que je vois. S'il est là, alors il y a une chance que... Bingo. Sarah vient de se dévoiler, cachée derrière un mec. Mon cœur accélère dans ma poitrine quand je bouge la tête pour voir celui qui se tient à côté d'elle. Retourne-toi bon sang.

Oscar se tient là, debout, laissant ses yeux vagabonder, analysant tout ce qu'il voit avec un air fermé et presque dédaigneux. Un sentiment de soulagement s'empare de moi et je me sens d'un seul coup plus léger.

J'abandonne immédiatement mes amis pour venir à leur rencontre et, pendant que je me fraye un chemin, je jette un coup d'œil à leurs tenues : Sarah a opté pour une jolie petite robe violette à fleurs blanches qui lui va à ravir. Je me surprends même à penser qu'elle a un charme, elle qui d'habitude porte des vêtements passe-partout. Oscar, lui, a enfilé une chemise blanche et un pantalon noir. Je m'attendais un peu à mieux, mais je pense que c'est déjà un gros effort de sa part. Sans oublier que ça doit être sa tenue de soirée, faute de moyen suffisant pour flâner dans les boutiques.

Quant à Arthur, il s'est engoncé dans un costume noir. Tellement classique. Et surtout, hors terme ; on dirait qu'il va à un enterrement ou à un cocktail. Il ne manque plus que la cravate.

Ce n'est que lorsque j'arrive à leur hauteur qu'ils se rendent compte de ma présence.

— Vous êtes venus ! hurlé-je, sans cacher ma joie.

Je vais même jusqu'à leur taper la bise. Je sens Oscar se crisper sous ma joue.

— Sarah et Arthur se sont ligués contre moi, lance Oscar avec un regard en coin pour sa sœur.

— J'avais besoin de m'amuser. Tu es vraiment beau dans cette tenue, Liam !

Je la remercie, touché par son air sincère et lui renvoie le compliment. Même dans la semi-obscurité, je sais qu'elle est embarrassée.

— Ce n'est pas comme vous, les gars. Au moins, Sarah a compris le thème, vous auriez pu faire un effort, leur reproché-je.

— Le thème, comme tu dis, était de venir comme on le souhaitait, fidèle à ce qu'on était. Nous portons donc les vêtements que nous voulons ou qui nous représentes le mieux.

Je reste un instant sans voix devant le ton sec d'Arthur. Depuis quand se rebiffe-t-il, lui ? Il n'en faisait pas tout autant l'année dernière, à croire que la présence des jumeaux lui fait pousser des ailes.

— Bien sûr, réponds-je avec un faux sourire. Vous faites ce que vous voulez, je ne contredis en rien vos goûts vestimentaires.

Il se rétracte soudain et baisse le regard.

— Aller venez vous amusez un peu au lieu de rester dans votre coin, mes amis sont attablés là-bas.

— Ça ira pour moi, je préfère rester ici, dit Oscar. Et Sarah veut aller danser.

Je cache ma déception devant un deuxième faux sourire.

— Pas de souci, on va bien se recroiser au cours de la soirée.

Je fixe alors Oscar qui me rend mon regard. Je lui lance un clin d'œil et tourne les talons, bien conscient des trois paires d'yeux qui ne me lâchent pas.

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