12 - Conclusion
Voici le grand mot de la fin : réhabilitons la lutte et la politique dans notre conception de l’éducation populaire. L’ennemi existe, il est une force puissante – nous aussi.
Allons ! De la grandeur, de la hauteur, de la fierté ! Nous nous sommes perdus, mais nous pouvons à nouveau embrasser l’histoire de l’éducation populaire ! D’ailleurs elle chuchote à cet instant. Mais que dit elle ?
« De la grandeur, de la hauteur, de la fierté ! »
Et oui !
Nous sommes des militants de la transformation sociale pour notre pays. Alors oui, cela demande de l’audace, du courage et un certain sens raffiné de l’entêtement. Mais c’est le prix quand on veut répondre la justice à l’injustice, le bonheur à la misère, la subversion à la bêtise. C’est notre boulot de garder vive notre énergie. Sinon, l’injustice s’installe en nous comme un graisseux ressentiment, car nous sommes liés à cette société, et chacune de ses blessures nous fait saigner.
Parce que nous sommes des éducateurs populaires, de tels efforts nous sont naturels. Cessons ce jeu idiot des non-dits et de la pudeur complice, cessons d’avoir peur des grands mots. Là, dans nos réunions, on se regarde sans qu’aucun n’ose le premier pas. Alors brisons la glace : c’est le Capitalisme ! C’est l’argent ! C’est notre vocabulaire ! C’est notre léthargie !
Lançons un pavé à l'océan de la bêtise et de l'impuissance, et voilà que notre jeu idiot a cessé, comme par magie. Nous redevenons capables de véritables paroles, de développer nos concepts et, fatalement, de faire face. Nous trouverons rapidement la force. Surtout face aux flammes magnifiques, qui se dresseront devant nous, quand on aura mit au bûcher les bidonneries technocratiques, les diaboliques « structures socio-économiques » ! que cela soit l' acte fondateur de notre liberté retrouvée !
Il faut au moins cela. Il nous faut devenir en mouvement, qu’importe les moyens. Car nous avons un devoir, et rien ne doit nous séparer de lui.
Les enjeux sont trop grands pour en dévier le regard. Nous avons mille raisons suffisantes de faire la révolution. Alors qu’attendons-nous pour nourrir, à notre façon si fine et respectable, le feu de la nécessaire révolte ? Aurions-nous déjà oublié les affects joyeux de la belle résistance ? Allons ! L’éducation est révolutionnaire !
Et aujourd'hui, nous ne sommes rien sans révolte…
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