Chapitre 12 - EXTERIEUR

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Assise par terre, la tête entre les genoux, dans une chambre austère et grise, Astrid semble pleurer silencieusement. Pourtant, quand elle relève la tête, bien que ses yeux soient rouges et gonflés, les larmes se sont manifestement taries. Dans ses prunelles dilatées, on peut lire le désespoir, la terreur... Maintenant plus que jamais, elle ressemble à une simple enveloppe charnelle dont l'âme est en perdition entre la vie et la mort.

Pas besoin d'être doué pour deviner qu'elle n'est plus elle-même, qu'elle est à présent prête à tout pour échapper à la noirceur.

Encore tremblante, elle met une bonne minute avant de réussir à extirper de sa poche son petit Communicateur. L'espace d'un instant, l'humanité de l'ancienne Astrid refait surface, mais l'éclipse est bien trop puissante pour qu'elle reste bien longtemps aux commandes. En secouant la tête, la créature avachie qui a pris sa place murmure ses ordres, et le petit appareil effectue le reste du travail. Quelques secondes plus tard, on entend quelques tonalités bien vite étouffées, le désespoir plus présent que jamais dans la pièce : il émane d'elle par vague jusqu'à contaminer tout son univers dans ses moindres recoins.

Puis un grésillement indique que la communication est établie, et c'est le silence.

Astrid semble retenir son souffle, incapable de parler, les paupières closes. Hésite-t-elle parce qu'elle prend enfin conscience de l'énorme erreur qu'elle s'apprête à faire ? Ou bien prépare-t-elle simplement ce qu'elle va dire pour être la plus succinte possible ? Mais impossible de voir ce qu'elle pense vraiment, ses yeux étant la seule porte sur son âme pour quiconque essayerait de percer sa carapace.

Quand elle les rouvre, la détermination a remplacé tout le reste. Si on devait déterminer l'instant où une personne sombre dans le néant, où elle change définitivement, ce moment précis serait celui d'Astrid, sans aucun doute.

- J'accepte, souffle-t-elle soudain dans le Communicateur, brisant un silence aussi lourd qu'un soir d'orage, juste avant que les premières gouttes ne commencent à tomber.

À peine perceptible, la voix à l'autre bout du fil lui répond :

- Je te recontacterai en temps voulu.

Astrid referme alors complètement sa main sur l'objet, comme si elle pouvait serrer assez fort pour le briser en mille morceaux.

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