Au pied de la gare
J’ai pris le premier train du quai de l’insouciance,
Dans le dernier wagon, il restait de la place,
Les verrous refermés, les yeux face à la glace,
Fixant au fond de moi cet air frais d’insolence,
J’ai déserté à l’aube et tu dormais encore
A poings fermés. Ta peau bercée par le sommeil.
J’ai voulu attraper les rayons du soleil,
Mais son rêve irréel ne l'a pas fait éclore,
Marchant sur les pavés imprégnés de rosée,
Quelquefois j'ai songé à faire demi-tour,
Mais voyant nos futurs se fondre à contrejour,
J'ai laissé la lumière inonder mon allée,
Les rails étaient rouillés par la pluie qui tombait,
Créant de la musique à l’harmonie cuivrée,
Et du train s’échappaient des notes de fumée,
La mélodie du vent parfois lui répondait,
Nos curieux accords vibraient à contre-temps,
Sur nos partitions, pulsations du destin,
Le chef de notre orchestre au tempo indistinct,
A perdu nos espoirs, maîtres de nos instants,
Je t'ai cherché en vain, tu ne m'as pas suivie,
Le brouillard de la gare a dissipé nos voix,
Composant un solo sur nos airs d'autrefois,
Je chante aujourd'hui ma symphonie à la vie
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