PDV Sienna

Tout le monde est rentré, il ne reste plus qu’Ethan et moi. On se dirige dans sa voiture dans un silence qui devient très vite pesant. J’ai besoin de savoir si ce que j’ai cru voir et imagine est vrai ou si je me fais des films. Après quelques minutes de trajet je n’en pouvais plus, il fallait que je sache. Je lui lance alors franchement :

— C’était quoi ça avec Stéphanie ?

Il garde ses yeux rivés sur la route en se mordant la lèvre inférieure, quelques secondes passent avant qu’il ne se décide à parler en soufflant :

— Je ne sais pas trop ce qui m’a pris à vrai dire.

Je le regarde quelques secondes pour examiner son visage et voir s’il ne me prend par pour une conne en me sortant ça. Toutefois, il a vraiment l’air de ne pas savoir, il semble perdu et désolé de son comportement. Il me jette quelques coups d’œil vite fait, sans pour autant croiser mon regard.

C’est l’une des choses que j’aime le plus lorsque je suis avec lui et qui je dois dire me fait aussi plaisir. Lorsque nous sommes seuls, les traits de son visage se détendent, comme s’il laissait tomber les barrières qu’il a érigé. Il ne se cache pas derrière un masque quand nous sommes à deux. Et je l’ai vu une seule fois le faire devant les autres depuis que je suis arrivée. C’était sur le terrain de course, lorsqu’il a appris pour Thomas. Il le fait aussi devant Liam et Emily.

— T’es sortie avec ? Je demande d’un ton qui se veut neutre, même si une part de moi est agacée par cette éventualité.

— Ah non jamais de la vie je sortirais avec elle, elle est beaucoup trop superficielle ! Dit-il rapidement. Mais on a déjà couché ensemble...plusieurs fois.

— Et c’est toujours d’actualité ? Demandais-je hésitante en appréhendant fortement la réponse.

Il tourne la tête vers moi en faisant les gros yeux, comme choqué de ce que je viens de dire, puis reporte son attention sur la route. Ça serait bête d’avoir un accident maintenant.

— Quoi ? Bien sûr que non enfin ! Cela doit faire 2 ou 3 mois maintenant que j’ai tout arrêter avec elle, elle devenait trop collante.

Lorsqu’il voit ma tête il comprend que cela ne me plait pas trop ce qu’il dit là. Trop collante ? Alors quoi, il couchait avec elle puis, il l’a jeté comme une vieille chaussette ? C’est comme ça qu’il traite les femmes ? Si c’est ça, on risque d’avoir un problème hein ! Même si je n’aime pas cette fille, ce n’est pas un objet. Je vois qu’il tente de s’expliquer :

— Attends, attends fais pas de conclusion hâtive ! Je veux dire, qu’avant qu’on commence à coucher ensemble j’avais été clair avec elle, on baise mais ça s’arrête là, on passe du bon temps au lit mais c’est tout. J’ai été clair dans ce que je voulais, pas de sentiments et pas d’amitié avec elle. Les relations comme celle-là ça peut vite dégénéré, y a souvent un des deux qui tombe amoureux et je ne voulais pas de ça. Je savais que je n’aurais jamais de sentiments pour elle, mais pour elle je n’en était pas sûr, donc j’ai pris des précautions, je l’ai prévenue et quand j’ai vu qu’elle commençait à un peu trop me coller et se mêler de ma vie j’ai tout arrêté. L’élément déclencheur ça a été quand j’ai appris qu’elle menaçait la place d’Emily dans l’équipe si elle n’arrêtait pas de traîner avec moi.

— Attends quoi ? Menacer Emily ? Mais ce n’est pas ta cousine ? Je demande, ne comprenant pas pourquoi elle l’aurait menacé, au contraire, si elle avait des sentiments pour Ethan, cela aurait été plus logique qu’elle se rapproche d’Emily.

— Si, Emily est ma cousine mais pour Stéphanie ça ne changeait rien, elle voyait mal la relation que j’avais avec Em’, je suis très proche de ma cousine tu sais ? Explique-t-il calmement. C’est comme ma sœur. Elle pense qu’on ment en disant qu’elle est ma cousine, du coup elle a tout fait pour l’éloigner de moi. Le pire c’est que ça a marché pendant un moment, Emily ne parlait plus trop au gars et elle m’évitait le plus possible, ça a duré deux semaines avant qu’on surprenne Stéphanie la menacer. Et putain heureusement que c’est une fille, sinon je lui aurais déjà éclater la gueule !

Waw, ça explique le regard d'Emily que j'avais remarqué lorsque nous nous sommes rencontrés. Va falloir que je lui parle. Même si Ethan est au courant de ça, à mon avis il y a eu plus que ça, Emily n'a sans doute pas voulu tout lui dire, je suis sûre que Stéphanie ne l'a pas simplement menacé. Il a dû se passer autre chose. Je connais bien ce genre de meuf, et ces filles sont cruels et sans scrupules, prêtes à tout. Ce n’est pas le genre à juste menacer et s'arrêter là.

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On arrive à la salle de boxe, Ethan part directement se changer, quant à moi je pars voir mon oncle pour le saluer. On discute un peu et j’observe la salle de sport. Elle n’est pas très grande mais il y a pas mal de monde. Un ring est placé au centre de la salle, à gauche de l’entrée des sacs de boxe sont disposés et d’autres matériels. A droite, un petit espace de musculation est aménagé et au fond de la salle une sorte de petits gradins en bois de trois étages. Je pense que je vais aller m’installer là-bas.

On parle encore quelques minutes avec mon oncle lorsque je vois Ethan sortir des vestiaires avec un simple short de sport. Il est torse nu, avec un tricot posé sur son épaule droite. Waw, il fait un peu chaud là non ? Mon oncle part je ne sais où, faire je ne sais quoi. Mais clairement là, je m’en fiche un peu. Trop absorbée par la vision qui s’offre à moi. Je ne sais pas s’il a fait exprès de ne pas mettre son tricot mais je le pensais pas aussi bien foutu. Les tablettes qu’il a, Mamma Mia ! Plus je regarde son torse, plus j’ai envie de croquer ces abdos !! Je crois que je vais vraiment apprécier le regarder s’entraîner et transpirer. Faut quand même que je me calme un peu là, j’ai l’impression d’être en manque.

— Ce que tu vois te plait ? Demande Ethan un sourire en coin et ses yeux remplis de malice.

Oups, prise en flagrant délit, quoique, je ne me cachais même pas pour le mater. Les belles choses sont faites pour être admirer non ?

— Tu n’as même pas idée ! Je lui réponds en avançant doucement vers lui pour pouvoir lui glisser mes derniers mots à l’oreille, tout en laissant un doigt descendre le long de son torse, pour arriver à l’élastique de son short que je claque. Mais la vue serait plus belle sans le short... Continuais-je en lui faisant un clin d’œil et me reculant doucement. J’ai hâte de voir ce que tu vaux sur un ring beau gosse !

Il me regarde avec un sourire charmeur et dans ses yeux je peux y lire du désir, un désir sauvage presque bestial mêlé à de l’amusement aussi. Ça me rend toute chose ce regard et je suppose que je dois avoir le même en ce moment. C’est dingue l’effet que ce mec a sur moi alors que je ne le connais que depuis quelques semaines seulement.

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Waw ! Je ne le savais pas si doué, c’est clair qu’il a un talent pour la boxe. Il va aller loin s’il continue comme ça. Il dégage une aura sauvage, presque dangereuse, je me demande ce que ce serait pendant un match.

Mais j’ai remarqué quelque chose chez lui, une rage contenue d’une violence inouïe, mais aussi de la haine, une haine si profonde qu’elle m’en a donné des frissons.

Je me demande ce qu’il a pu vivre pour ressentir autant de sentiments négatifs par le passé. Quand tu le vois sous ces allures de Bad boy, il ressemble à un connard froid et je m’en foutiste, relativement calme. Comme quoi, il vaut mieux se méfier de l’eau qui dort, les plus calmes sont souvent les plus dangereux.

Il peut être d’une violence inouïe mais il a aussi un contrôle presque parfait de ses émotions, même sur un ring. Il ne laisse pas ses émotions le dominer et n’utilise qu’une partie de celle-ci dans son combat.

Je donnerais chère pour le voir dans un combat officiel.

J’attends Ethan à l’extérieur de la salle. Il se douche et se change pour notre rendez-vous ? Je ne sais même pas exactement ce que c’est. Est-ce que j’aimerais que ce soit un rencard ? A cette idée mon cœur s’affole et cela me fais inconsciemment sourire comme une ado. Finalement, à la vue de ma réaction, peut-être que je suis prête à tenter quelque chose avec lui ? Mais ça me fait tellement peur en même temps. Et si j’oubliais Thomas ? Je ne me le pardonnerais pas. Et s’il lui arrivait quelque chose ? S’il m’abandonnait ? Putain, faut vraiment que j’arrête de penser à ce genre de choses, merde !! Pourquoi je n’arrive pas à passer au-dessus de toutes ces questions, de mes peurs ? En m’entendant penser j’ai envie de me frapper putain. Sienna tu n’es pas une trouillarde merde ! Y’a des moments vaut mieux arrêter de réfléchir et foncer dans le tas. Est-ce que c’est ce que je devrais faire avec Ethan ?

J’entends la porte de la salle de boxe qui me fait sortir de mes pensées. Ethan en sort avec un grand sourire aux lèvres lorsqu’il me voit. Vous savez, ce sourire en coin, éblouissant qui fait craquer toutes les filles ? Voilà exactement celui-là, et je suis une fille jusqu’à preuve du contraire et je me sens fondre rien que par ce sourire. Bordel de merde ! Qu’est ce qui m’arrive ? Et pourquoi je me pose encore la question alors que je connais déjà la réponse ? Je me sens toute chose rien qu’en le regardant, il me fait un peu trop d’effet là, surtout que je venais à peine de me remettre du spectacle qu’il m’a offert à l’intérieur de la salle. Reprends toi Sienna !

— J’ai failli attendre !! Dis-je alors qu’il garde son sublime sourire tout en ricanant. Bon petit lion, tu m’emmènes où ?

Il me regarde alors avec étonnement suite au surnom que je viens de lui donner, pourtant il se reprend vite et me répond toujours avec son stupide et sublime sourire :

— C’est une surprise ma belle.

PDV Ethan

Pendant le trajet elle n’a pas arrêté d’essayer de me faire dire où nous allions, mais je n’ai pas cédé même si cela a été difficile. Entre ses yeux de chiens battu, ses devinettes plus stupides les unes que les autres, ses boudages mignons et son ignorance, cela a été difficile de ne pas lui dire, mais j’ai résisté tant bien que mal.

C’est difficile de lui résister, j’ai tellement envie de l’embrasser, de la toucher et de la prendre dans mes bras. Je me souviens encore de notre premier et unique baiser et je crois que je m’en souviendrais toute ma vie. Les sensations que j’ai eues, les frissons, les papillons dans le ventre comme on peut le voir dans les films ou dans les livres, mon cœur qui battait à tout rompre, les souffles saccadés que nous avions tous les deux, le sien s’écrasant sur la peau de mon cou, ses petites mains sur mon torse et mon cou, et se désir brulant qui m’a pris dès que nos lèvres sont entrées en contact.

Merde, je divague un peu trop-là, je commence à être un peu à l’étroit dans mon short. Il faut que je pense à autre chose. Comme la façon dont elle m’a regardé pendant mon entraînement, le désir qu’elle avait pour moi en me voyant torse nu, oula non, mauvaise idée de penser à ça, cela ne fait qu’empirer mon état. Il faut que je pense à autre chose mais pas à Sienna. Difficile étant donné qu’elle se trouve juste à côté de moi en train de bouder.

On arrive enfin au parc où je voulais l’emmener. J’aime beaucoup ce parc, j’y emmène ma petite sœur parfois et on va à la plage qui se trouve juste à côté. C’est un lieu assez éloigné du centre-ville et donc plus calme et moins fréquenté.

Je sors de la voiture et ma belle en fait de même, je la vois regarder tout autour d’elle avec limite des étoiles dans les yeux et un grand sourire. La vue ici est pas mal. Le parc est simple mais c’est ce qui en fait sa beauté. Avec un grand espace vert où l’on peut s’asseoir et piqueniquer avec vue sur la mer.

Je constate par le grand sourire qu’elle me fait, qu’elle aime l’endroit. Je me dirige vers le coffre pour en sortir une glacière que j’ai demandé à Liam de récupérer chez moi et de la déposer discrètement dans ma voiture pendant mon entrainement. Je te revaudrais ça mec ! Je prends également les couvertures, les coussins, ainsi que la vaisselle, sans oublier le tapis pour s’asseoir dessus et non sur l’herbe. Ça fait beaucoup de chose à porter et ma belle petite guerrière me voit galérer, alors elle vient à mon secours et je la remercie. On cherche alors un endroit où se poser et on commence à s’installer tout en parlant, c’est ma belle qui entame la conversation :

— Pourquoi cet endroit précisément ? Il y a une raison ? Demande-t-elle en étalant le tapis sur l’herbe.

— Eh bien, j’y viens souvent avec ma petite sœur après son école, pour qu’elle puisse jouer un peu avant de rentrer ou même les week-ends, ou quand elle est en vacances, dis-je tout en déposant toutes les affaires que j’avais apporté. De temps en temps je viens seul aussi, pour me vider un peu la tête et rester au calme. C’est un peu mon endroit. Ma mère m’emmenait souvent aussi quand j’étais plus petit.

— Je vois, c’est un endroit spécial pour toi, alors merci, dit-elle avec un grand sourire dans ma direction, et je la regarde avec étonnement et incompréhension. Voyant ma tête, elle précise. Merci de me partager cet endroit, de me partager une partie de ta vie.

— Ce n’est rien, c’est normal pour moi, je veux que tu me connaisses tu sais ? Et ça me fais très plaisir que tu es accepté de venir ici ce soir avec moi ma belle.

On se regarde un moment dans le blanc des yeux et j’ai tout le loisir d’admirer son visage, putain ce qu’elle est belle ma guerrière ! Je la vois se mordre la lèvre ainsi qu’une pointe de désir ? Oui c’est ça, du désir, merde elle veut que je lui saute dessus ou quoi ? Je veux bien lui laisser le temps de réfléchir et d’attendre qu’elle soit prête à tenter quelque chose avec moi, mais je ne suis qu’un homme, faible et amoureux de sa belle.

Mon visage a changé d’expression à la seconde ou j’ai posé les yeux sur sa lèvre et elle s’en est rendu compte. Elle détourne alors les yeux comme si elle était gênée. Sienna gênée ? C’est une première. Cette femme est une guerrière forte et sensible en même temps, toujours là pour ses amis ou ses filles comme elle aime les appeler. Une femme qui a confiance en elle et qui sait user de ses charmes. Alors la voir gênée comme ça, devant moi, tout en sachant que j’en suis la cause me procure une sensation de bien-être et de fierté en même temps, ainsi qu’un élan d’amour pour elle. Savoir ça, me prouve que je lui fais de l’effet et cela me rassure aussi. C’est difficile de savoir à quoi elle peut penser ou ce qu’elle ressent. Elle est un peu comme moi, qui ne laisse rien transparaitre et qui contrôle les émotions que l’on peut voir sur mon visage. Mais j’ai remarqué qu’avec moi, elle a du mal à contrôler ses émotions et j’aime ça. Je ne veux pas qu’elle se cache avec moi.

— Tu nous as préparés quoi de bon pour ce soir ? Demande-t-elle en s’approchant de moi qui suis juste à côté de la glacière.

Je vois qu’elle essaye de changer de sujet, pour éviter un malaise ou peut-être bien pour ne pas que je lui saute dessus, qui sait ?

— Et bien comme c’était un peu au dernier moment et après mon entraînement, j’ai opté pour quelque chose de froid, qu’on n’a pas besoin de réchauffer. Je me suis renseigné auprès de Théo et de Kiara et ils m’ont dit que tu aimais beaucoup les sushis alors...euh bon si tu n’aimes pas c’est pas grave hein, t’es pas obligée de manger tu sais, on peut aller t’acheter quelque chose ailleurs si tu veux, à moins que... Dis-je à toute vitesse sans pouvoir m’arrêter.

Putain mais qu’est-ce que je fous bordel? Arrête-toi de parler t’es ridicule mon pauvre. Je suis trop stressé, il faut que je me calme. Heureusement pour moi, Sienna m’interromps et viens à mon secours :

— Calme-toi Ethan, c’est bon, ça me va très bien les sushis j’adore ! Vraiment, merci c’est parfait. Respire maintenant petit lion, dit-elle calmement en posant sa main si douce sur mon avant-bras.

Encore ce surnom, je me demande bien pourquoi elle m’appelle comme ça, pas que cela me dérange bien au contraire, ça m’excite un peu trop même. Alors que je lui passe des baguettes et le plateau de sushis, je lui demande alors :

— Pourquoi ce surnom au juste ?

— Tu sais ce que signifie le Lion ? Demande-t-elle tout en s’installant sur le tapis et en prenant un coussin.

— Le roi de la jungle ? Dis-je en riant, et elle me suit, heureusement pour moi d’ailleurs, sinon cela aurait été très gênant.

— Entre autres, le lion signifie la force, le courage et la confiance en soi, explique-t-elle tout en ouvrant sa boite de sushi que je lui ai passé. En tant qu’animal totem c’est un combattant implacable face à la vie. Il symbolise aussi les émotions fortes tels que la colère, la peur ou l’agressivité. Et je trouve que cet animal te représente parfaitement. Quand je t’ai vu à ton entraînement, tu dégageais une aura d’une force incroyable. Tu ressemblais à un prédateur prêt à attaquer sa proie avec une confiance et une détermination sans faille. Mais j’ai ressenti aussi une colère, voire presque une rage contenue au plus profond de toi, que tu gardes emprisonné comme si tu avais peur de la faire sortir.

Je n’en reviens pas qu’elle ait pu lire autant en moi et qu’elle ait pu voir ça. Je n’aurais peut-être pas dû demander pour le surnom finalement. Je ne suis pas sûr de vouloir en parler. Pas maintenant en tout cas. Je ne veux pas gâcher cette belle soirée qui commence et je sais que si je lui en parle maintenant, je risque de m’énerver et de ne plus être bien pour le restant de la nuit. En voyant que je ne dis rien et que je ne réagis pas, trop choqué de ce qu’elle vient de dire, elle reprend, toujours calmement :

— Tu sais, je ne te demande pas de te justifier sur ce que j’ai pu remarquer ce soir, je te fais juste part de ce que j’ai pu observer ce soir et je t’explique la raison de ton surnom c’est tout. Tu n’as pas à m’en parler si tu n’en as pas envie, ou si tu ne peux tout simplement pas. Je sais qu’on se connait depuis peu de temps alors, il est peut-être trop tôt aussi pour les confidences.

— Bien sûr que non je te fais confiance et je t’en parlerais parce que j’en ai envie et non parce que j’y suis obligé, mais pas ce soir, je ne veux pas gâcher notre première soirée ensemble, dis-je en essayant de la rassurer et de me calmer par la même occasion.

Son analyse a provoqué une accélération de mon rythme cardiaque et tous mes membres se sont raidis. Des flashs de mon passé sont revenus en quelques secondes. Je chasse ces mauvais souvenirs de ma tête et me concentre sur le moment présent, sur ma belle Sienna.

— Aucun problème mon lion et moi aussi je te fais confiance, dit-elle en me faisant un clin d’œil, essayant de détendre l’atmosphère.

— Alors comme ça je ressemble à un prédateur qui attaque sa proie ? Tu crois que tu pourrais être ma proie ? Dis-je en posant ma boîte de sushis sur la couverture et en me rapprochant d’elle, je vois qu’elle en fait de même.

— Tu as bien vu le tatouage dans mon dos n’est-ce pas ? Murmure-t-elle.

On approche nos visages près l’un de l’autre et je dois me faire violence pour me reculer et éviter de craquer. Je me suis promis de ne plus la toucher tant qu’elle ne sera pas prête à avoir une relation avec moi. Je veux bien faire les choses avec elle, ce n’est pas n’importe quelle fille.

— Désolée, je ne me suis pas contrôler, s’excuse-t-elle toute gênée.

— Ce n’est rien tu sais ? Je comprends que tu aies besoin de temps, la rassurais-je calmement même si au fond de moi je suis quand même un peu déçu.

— Non, je suis vraiment désolée. Je sais ce que tu attends de moi, tu as été honnête et je vois bien qu’au fond de toi, cette situation te pèse et te fait souffrir. J’ai peur qu’avec le temps ça empire. Tu me plais, je ne m’en cache pas et te faire souffrir est la dernière chose que je veux, pourtant, je suis incapable de te donner plus pour l’instant et en même temps, au fond de moi, j’espère que tu pourras m’attendre parce que je ne veux pas te perdre. Je ne suis qu’une putain d’égoïste et une trouillarde, dit-elle la voix tremblante et commençant à s’énerver contre elle-même. J’ouvre la bouche pour pouvoir la contredire mais elle me coupe aussitôt. Ne dis surtout pas le contraire parce que tu sais que c’est la vérité. J’ai peur !

Elle se lève tout en faisant de grands gestes avec ces mains, elle est en train de s’énerver sur elle-même. Je ne sais pas quoi faire à part la laisser vider son sac puis la réconforter après. Je crois qu’elle a besoin d’extérioriser.

— Tu m’as dit que t’étais prêt à m’attendre et que c’était ton choix. Au fond de moi, j’étais soulagée et contente que tu le fasses, parce que je ne peux pas imaginer que tu puisses être avec une autre que moi. Pourtant, ce jour-là, je t’ai dit que je ne t’en voudrais pas que tu ne puisses pas m’attendre, mais je sais aussi que si ça devait arriver je t’en voudrais quand même alors que je n’ai aucun putain de droit sur toi ! Que si cela devait arriver, ce serait entièrement de ma faute ! Et même si je sais tout ça, je n’arrive pas à venir vers toi, parce que j’ai peur de mes sentiments pour toi. J’ai l’impression que ça recommence comme avec Thomas, mais en bien plus puissant, et cela me fait d’autant plus peur parce que je ne veux pas non plus l’oublier. J’ai peur qu’à cause de mes sentiments pour toi j’en viendrais à l’oublier. J’ai la frousse parce que je ne veux pas te perdre aussi, comme j’ai perdu Thomas, j’ai peur que tu m’abandonne ! J’ai peur que tu me mentes pour mon soi-disant bien comme lui l'a fait. J’ai peur de souffrir, pourtant en ce moment je souffre et j’ai peur que tu ne puisses pas avoir la force de m’attendre. J’ai peur parce que je ne sais pas quand je serais prête à tourner la page et avoir une relation avec quelqu’un, ni même si cela arrivera un jour. Putain... !

Plus elle s’énerve et plus elle pleure, je la vois taper dans un caillou après sa tirade et moi je suis là, debout, comme un con à la regarder avec plusieurs émotions. La tristesse de l'a voir se mettre dans tout ses états, la colère et la peine de l'a voir souffrir autant, et un élan de tendresse pour cette femme que j'aimerais protéger envers et contre tous. Je savais que ça la tourmentait tout ça mais la...

Je m’approche d’elle prudemment, je n’ai pas envie de me prendre un coup au passage et je l’enlace par derrière. Je referme mes bras sur son petit corps qui tressaute, signe qu’elle pleure encore et pose ma tête sur son épaule. Je prends ses mains dans les miennes tout en les caressant afin de l’apaiser et de lui montrer que je suis là pour elle.

— Comment tu fais ? Demande-t-elle après quelques secondes.

— Je ne vais pas te mentir. Oui ça me fait mal de ne pas pouvoir te prendre dans mes bras dès que je te vois ou que j’en ai envie. Ni même de t’embrasser. Mais je prends mon mal en patience parce que je sais que, pour toi, c’est encore moins facile et que tu souffres beaucoup plus. Je ne sais pas quand tu seras prête à t’engager dans une relation avec moi, mais je sais que ça arrivera, j’en suis sûr.

— Comment tu peux en être si sûr ?

— Quand je t’ai vue, c’était comme une évidence tu sais ? Je n’ai jamais réellement eu de relations sérieuses, dis-je honnêtement en essayant de l’apaiser et de la rassurer. Les sensations que je ressens quand je te vois ou que je pense à toi, c’est la première fois que je les ressens. Il y’a bien eu une fois où j’ai cru être amoureux mais, quand cette fille m’a trompé, j’ai compris que certes, j’avais de l’affection pour elle, mais ça s’arrêtait là. Après ça, je n’ai eu que des relations sans lendemain, j'avais perdu espoir de trouver ma moitié, de tomber amoureux, je n'y croyais plus.

— Et laisse-moi deviner, tu n’y croyais plus jusqu’à ce que tu me voies c’est ça ? Reprend-t-elle sur une note plus légère et un peu ironique.

— Ouais c’est vrai que dit comme ça ! Mais je n’y peux rien si tu me rends tout niais. Mais ce que je veux dire, c’est que tu n’as pas à te mettre la pression ok ? On vient à peine de se connaître alors prends le temps, on est pas pressé, je ne suis pas pressé, d’accord ? Dis-je en insistant bien sur le « je » pour qu’elle comprenne bien. On continue à se connaitre, à se voir et se faire des petites sorties et ça viendras tout seul. Et une dernière chose, je ne suis pas Thomas d’accord ? Dis-je plus durement, je ne veux pas qu’elle me compare avec Thomas.

— Je suis désolée, je ne veux pas que tu croies que je vous compare c'est totalement faux. J'ai juste peur que les actes passés soit répété par d'autres, mais tu as raison. Très bien, ton plan me va et désolée d’avoir fait une crise là ! Dit-elle en tentant un sourire et je vois que mes mots l’ont rassuré.

— Ne t’inquiètes pas, au contraire c’est même très bien, au moins je sais ce que tu ressens maintenant. Tu peux continuer à me parler cela ne me pose pas de problèmes, je serais là pour toi.

On a continué la soirée sur des discussions plus légères et on a bien ri ensemble. Ma petite guerrière s’est complètement détendu après ça. Elle avait l’air plus ouverte face à moi. J’ai passé l’une des meilleures soirées de ma vie. Plus le temps passe et plus je tombe pour elle.