Kiara s’est enfermée dans le garage et nous a demandé de l’a laissée seule pour le moment. C’est son refuge lorsqu’elle ne va pas bien. Elle peut y rester des heures, voir même plus, selon la situation. Elle s’y enferme et répare la vieille voiture que notre père a ramené il y’a quelques mois de ça je crois. C’est un grand fan de mécanique et sa passion c’est de rapporter une voiture de la casse que personne ne veut et lui redonner vie avant de la revendre ou de la donner à quelqu’un. Il nous a transmis son savoir et on l’aidait de temps en temps lorsque l’on était au lycée. C’était une de nos activités favorites en famille. Aux grands désarrois de mon père, seul Kiara s’intéresse réellement à tout ça. C’est la seule qui a hérité de la passion de mon père.

Noah est sorti voir des amis à lui, après lui avoir expliqué ce qu’il se passait avec Kiara. Au début, il a cru qu’un garçon lui avait fait du mal et il était déjà prêt à aller le voir. Mais quand il a compris ce qu’il se passait réellement avec Kiara, il a souri tristement et s’est senti impuissant de ne pas pouvoir aider Kiara. Il m’a ensuite posé des questions sur Liam pour savoir qu’elle genre de personne il était. Sachant que c’était quelqu’un de bien, j’ai fait son éloge auprès de mon frère pour le préparer à l’avance aux futures présentations qui je sais, arriveront le jour ou Kiara s’ouvrira et qu’il ne soit pas sur la défensive lorsqu’il le rencontrera. Parce que peu importe les raisons qui ont fait que Kiara se retrouve en pleurs, je sais que Noah, tel le grand frère protecteur qu’il est, en voudra quand même à Liam pour l’avoir fait pleurer.

Hailey s’est éclipsé quelques minutes après que Kiara ce soit enfermée et est partie à la recherche de Mia, ne comprenant pas pourquoi elle s’était éclipsé comme ça sans prévenir.

Lorsque Kiara s’était calmée, elle s’était dirigée vers la cuisine pour prendre à boire et des biscuits puis avant qu’elle n’arrive à la porte qui mène au garage, s’était retournée vers nous et nous à dévisagée un par un en s’arrêtant plus longuement sur moi et en plissant les yeux.

— Où est Mia ? M’a-t-elle demandée directement d’une voix suspicieuse.

— Elle s’est éclipsé avant l’arrivée de Liam, lui ai-je dit calmement en haussant les épaules.

— C’est elle n’est-ce pas ? A-t-elle repris toujours à mon attention.

— De quoi tu parles Kia’ ? Demanda Hailey toujours de sa voix douce, ne comprenant pas la question de Kiara.

— Tu verras ça avec elle, ai-je répondu toujours calmement.

Est-ce que je suis une balance ? Certainement. Mais dans ces moments, Kiara peut parfois faire peur. Et puis Mia doit assumer un peu ces actes aussi. Elles verront cela entre elles, je ne vais pas m’immiscer dans ce conflit et encore moins prendre parti.

Me voilà donc seule dans le salon et je n’aime pas ça. Hailey m’a demandée, voir presque ordonnée, de rester à la maison au cas où Kiara aurait besoin de moi ou si Mia rentrait. Elle peut faire peur aussi quand elle le veut ma petite Hailey mine de rien. Surtout quand elle est fâchée, ce qui arrive très rarement. Dans ces cas-là, c’est qu’il y’a vraiment un problème ou qu’on l’a trop poussé dans ses retranchements. Et il vaut mieux évitez que cela arrive, elle fait plus peur que Kiara ou moi. Même nous deux, ayant les plus fort caractère du groupe, ne pipons mots lorsqu’elle sort de ces gonds.

La solitude. Cela m’importait peu il y a quelques temps. Mais les temps ont changé. Thomas n’est plus là. Laura non plus. J’ai peur d’être seule. Cela me fait beaucoup trop réfléchir et fait remonter des choses auxquelles je ne veux y penser. N’y maintenant, n’y jamais. Pourtant, je sais que tôt ou tard je vais devoir affronter mes démons, mes sentiments. Mais je ne veux pas. Car je sais déjà ce qu’il se passerait.

Tout le monde pense que je suis forte, que j’affronte toutes les situations avec courage, sans peur. Mais c’est faux !

J’ai reniée la mort de Thomas pendant longtemps. Bloquer les sentiments liés à son décès et tout ce qui allait avec lui, tentant d’oublier notre histoire, nos souvenirs, pour ne pas chuter. J’ai fait semblant d’aller bien pendant trois ans alors que je jouais un rôle afin de ne pas inquiéter les autres, afin de pouvoir être là pour soutenir et aider les filles. Mais le soir, lorsque j’étais seule, j’enlevais ce masque et je m’effondrais dans le noir de mon petit appartement éclairé par les lampadaires et les immeubles de New-York.

A défaut de boire comme un trou et devenir alcoolique, je me suis réfugiée dans le sexe. Seule exutoire possible pour moi avec la danse, qui me permettait d’alléger mon cœur et mes pensées. Personne ne savait. Personne n’a vue. Personne n’a compris. Sauf lui, Sean.

Dès notre première rencontre, il a compris que quelque chose clochait chez moi. Mais quoi ? Il l’a compris quelques jours plus tard, par hasard en passant chez moi un soir. Alors que j’étais dans ma baignoire à me morfondre, la sonnerie de ma porte a coupé court à mes pensées noires. Je me suis dépêchée de sortir de là en me débarbouillant le visage et espérant que mes yeux n’était pas rougis par mes larmes. J’ai ensuite ouvert la porte, ayant au préalable enfilé un peignoir, reprenant mon masque de fille forte à qui tout réussis. Qu’elle a été ma surprise en voyant Sean sur le pas de ma porte ce soir-là, avec une pizza dans sa main droite et une bouteille de téquila dans l’autre.

Ce soir-là, un lien fort s’est créé entre nous. Il ne m’a pas posé de questions, il a simplement attendu que je craque. Et c’est arrivé plus vite que prévue. Je ne m’y attendais pas. Ce n’est pas mon genre de dévoiler mes sentiments les plus profonds et mes faiblesses, encore moins à quelqu’un que je connais à peine. Mais c’était peut-être ça, justement, qui a fait que je lui aie dévoilé mes fissures. Cette nuit-là, il est devenu mon journal intime, mon exutoire.