Chapitre 15 :
Aujourd'hui, samedi 3 février, moi, Sheila, j'entame les préparations pour mon rendez-vous avec Matt. Je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée de passer toute une journée juste en sa compagnie. J'appréhende beaucoup cette journée. J'espère juste qu'il n'y aura aucun problème.
Il est encore très tôt. Environ six heures et demie du matin. Matt voulait que je me prépare de bonne heure pour que l'on puisse profiter de la journée sans se soucier du temps qui file. Alors, je me dépêche pour boucler l'arrangement de mon sac.
J'y place un petit maillot deux pièces, couleur corail, que j'utilise les rares fois où je me rends à la plage. J'y glisse aussi une robe rouge, manche longue, possédant un dos nu assez plongeant. Il voulait bien une tenue chic non ? Ensuite, je fourre dans un petit coin mes escarpin noir basique, ma paire de sandales et bien sûr ma pochette à maquillage. Je vérifie n'avoir rien oublié et une fois convaincue, je tire définitivement la fermeture éclair de ma valise.
Mon estomac me fait souffrir se matin. Je décide donc de ne boire que du thé. Si j'avale quelque chose, la situation empirera et je le sais très bien. Au pire, je m'achèterais quelques petits trucs à grignoter sur le chemin.
Soudain, j'entends klaxonner. Je passe ma tête par la fenêtre et aperçois la voiture de Matt. Une mini couper blanche et rouge. Juste ma-gni-fi-que. N'aimant pas faire attendre qui que ce soit, j'endosse mon sac et descends à une vitesse extrême.
Lorsque je descends, je prends place et tourne la tête vers Matt. Je vois qu'il m'observe. Je ne sais pas quoi faire. Devrais-je lui faire la bise ou juste lui dire bonjour ? le voyant s'approcher, je comprends le message et le suis.
L'instant où je boucle ma ceinture, la voiture démarre. On roule pendant une bonne heure. Le silence règne dans la voiture. Seules les musiques sortant du poste de radio brisent cette monotonie. Le soleil est déjà levé. Je regarde par la vitre et fais des pronostics en ce qui concerne la météo. Je pense qu'avec de grande chance il fera beau.
Voyant que Matt commence à s'étirer la nuque, j'en déduis qu'il est fatigué. Je lui demande alors s’il nous reste encore beaucoup de route. Il me répond que le chemin restant n'excède pas les trente minutes de trajet. Je lui propose quand même de s'arrêter dans une station essence le temps de boire un café. Il décline gentiment mon offre et m'assure qu'il va bien. Je n'insiste pas. Il doit bien savoir ce qu'il fait. Contrairement à lui, moi je sens que mes paupières deviennent de plus en plus lourdes. C'est normal, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit à cause de ce maudit stress. Je me laisse donc bercer par la musique et m'endort paisiblement.
Mes cheveux caressent mon visage et cela me chatouille. J'ouvre difficilement les yeux. Mais, quand ceux-ci sont ouvert, je n'y crois pas. Je suis dans un endroit paradisiaque.
La mer limpide, entourée d'immenses montagnes d'un vert magnifique me font me sentir bien. Je cherche Matt un court instant. Il est assis sur le sable, autour d'un beau petit pique-nique. Il ne m'a pas remarqué. Je m'approche de lui sans bruit et m'installe juste à côté. Il tourne calmement sa tête vers moi et me dit :
- Alors bien dormi ?
- Extrêmement bien ! Merci de m'avoir fait découvrir ce lieu. Jamais je n'aurais pensé me réveiller dans un endroit aussi beau !
- Ça me fait plaisir que ça te plaise. J'ai beaucoup hésité avant de t'amener ici ! C'est assez éloigné de Marseille puis je ne savais pas si tu aimais les endroits comme ceux-là...
- Mais tu es fou ! Qui n'aimerais pas être ici en ce moment ? C'est juste splendide...
- Si tu savais le peu de gens qui se contente de cette vue...
- C'est vrai, tu n'as pas tort... de nos jours le luxe prévaut sur la nature... les choses simples ne nous font plus plaisir. Il en faut toujours plus. Plus d'argent, plus d'amis, plus de popularité... Mais bon, rien ne sert de gâcher cette belle journée. Donc pensons à d'autres choses... par exeeemple... que mange-t-on ? j'ai une faim de loup !
- Exact ! Profitons du moment présent ! Alors nous avons un peu de tout ! Fait toi plaisir !
Je ne me fais pas prier et me prépare un hyper grand sandwich. J'ai un peu honte car Matt me regarde avec des gros yeux. Je rougis et je repose ce que j'ai dans la main. Voyant que je suis mal à l'aise, il intervient et lance :
- Non, non, ne soit pas gênée ! Si c'est mon regard qui t'a dérangé, j'en suis désolé ! C'est juste que tu es la première fille à ne pas se cacher. C'est-à-dire que jusqu'à présent, toutes celles que j'ai connu ont toujours mangé le strict minimum et toi tu t'en fiche. Tu manges et le reste tu n'y fait pas attention.
- Bah... je ne sais pas, c'est normal, non ? J'ai faim donc je mange. Mais vu ton expression, pour toi ce n'est pas habituelle. Je ne sais pas avec quel genre de fille tu sortais, mais en tout cas, je peux t'assurer que je ne suis pas comme elles.
- Je vois ça... Mais tu sais quoi ? Plus j'apprends à te connaître et plus tu me plais !
- Matt ! Nous avions un accord ! Tu ne dois pas me faire d'avance ! On est là pour apprendre à se connaître et régler nos différents c'est tout !
- Ça va, ça va ! Pas besoin de t'exciter comme ça !
- Désolée... je m'emporte vite. Mais tu me cherche toi aussi !
- On est là pour ça non ?
- Pardon ?
- Je veux dire, il faut bien qu'on s'amuse ! Et j'adore te voir t'énerver !
Nous rigolons et je remarque que je n'ai vraiment aucun mal à être totalement moi-même. Je craignais de ne pas pouvoir être à l'aise. Sachant quand même que la pensée que je suis avec le fils de Bruno ne quitte jamais mon esprit. Je sais que j'ai tort de me tourner ça en boucle dans ma tête. Mais je n'y arrive pas. A chaque fois que je vois cet homme, la douleur de la perte me revient d’une façon décuplée. Et me dire que je fréquente son fils est dur à encaisser pour moi. Mais bon, je me suis promis de lui accorder une chance, alors, je vais sortir toutes ces mauvaises choses de ma tête et je vais profiter à fond du moment présent.
Une fois le petit déjeuner fini, nous enfilons nos maillots. Chacun s'allonge sur sa serviette et met de la crème solaire. Certes nous sommes en février mais ici il fait extrêmement beau. J'en profite donc pour prendre des couleurs. Matt préfère aller se baigner. Moi, je ne veux pas.
Etant accro au dessin, je vais chercher le bloc note et le crayon que je porte sans arrêt dans mon sac à main. Je m'installe sur un petit rocher et m'attache les cheveux. Mes yeux se promène et analyse le paysage. Mes doigts s’agrippent un peu plus au crayon et commence à tracer des formes sur la page vierge.
Alors que je suis extrêmement concentrée, Matt s'approche de moi. Au début, je ne le remarque pas. Mais, lorsqu'il passe sa tête au-dessus de mon épaule et que son souffle se pose dans le creux de mon coup, je sursaute. Des frissons se promènent tout le long de mon corps. Je me lève brusquement et lui met une tape sur son épaule :
- Mais tu es complètement barré ma parole ! J'aurais pu passer un AVC !
- Je ne pensais pas que tu étais autant plongé dans ta feuille ! me dit-il en riant
- Et tu trouves ça drôle ?
- Un peu quand même
- Rrrr tu m'énerve !
- Montre-moi ton chef d'œuvre au moins !
- Pour la peine, tu ne le verras pas !
- Allez ! C'est bon je m'excuse !
- C'est sûr que des excuses avec le sourire aux lèvres c'est très convainquant !
- Bah je ne vais pas pleurer non plus !
- Tu devrais !
Je commence à m'éloigner mais il court et me rattrape en quelques secondes. Il me saute sur le dos et m'arrache mon calepin des mains. J'essaye de lui reprendre. Etant plus grand que moi, la tache devient assez difficile. Je me bats un instant mais je trébuche. Ne voulant pas tomber, je m'accroche à ses épaules. Perdant l'équilibre, nous basculons ensemble. Par terre, je profite de son moment d'inattention et je récupère ce qui m'appartient. Je me lève et cours aussi vite que je peux. Bien sûr, je ne connais pas le lieu donc je ne sais pas où me cacher. Alors, je continue mon petit marathon. Mais n'étant pas une grande athlète, je m'arrête et essaies de reprendre mon souffle. Cela permet à Matt de me rejoindre. Je capitule et lui montre mon dessin. Je vois sa bouche s'entrouvrir. Il a l'air d'apprécier.
Après avoir analysé mon gribouillage pendant deux ou trois minutes, il lève la tête et me regarde. Je vois de l'étonnement et de l'émerveillement dans ses yeux. Cela me fait extrêmement plaisir.
Cependant, pile au moment où il reprend ses esprits et qu'il essaye d’articuler une phrase…
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