Chapitre 8 :
- Allo Gill ?
- Oui c'est bien moi Sheila, j'espère que je ne te dérange pas ?
- Non, non, pas du tout... Tout va bien ?
- Oui tout va bien pourquoi cette question ?
- Ah... Rien, c'est juste qu'il est un peu tard et je me suis inquiétée d'un coup…
- Ah non il n'y a rien d'important, c'était juste pour prendre de tes nouvelles... Depuis notre dernière soirée, je n'ai plus eu de signe de vie et je commence à m'inquiéter à vrai dire.
- Je suis vraiment désolée Gill, avec les cours, les révisions et tout le reste, je n'ai pas trop le temps. En plus de ça, je pense que j'ai besoin d'un peu de temps pour digérer tout ce que j'ai appris durant ces derniers jours...
- Je te comprends ma jolie, prends ton temps et dès que tu veux parler il te suffit de me passer un petit coup de fil...
- D'acc, ça marche.
- Bonne soirée !
- Merci à toi aussi Gill !
Juste après avoir raccroché, je remarque le regard insistant de Célia et je comprends qu'elle attend des explications...
- Arrête de me regarder comme ça s'il te plaît ! C'est vraiment stressant !
- N'essaie pas de détourner le sujet et explique moi tout ce qu'il se passe ! Qui est ce Gill et qu'est-ce qu'il t'a dit de si perturbant pour que tu aies besoin de temps pour y réfléchir ?
- Oulaa, doucement avec tes questions ! Je vais tout te raconter !
- Vas-y je t'écoute !
- Bon, je me lance... Le jour de l'an, alors que tu étais à la fête organisée par nos amis, moi, j'étais allée m'installer sur un banc au bord de la mer. C'est à ce moment là que j'ai rencontré Gill, mon grand-père...
- QUOI ? Ton grand père ? Mais ta mère ne t'avais pas dit qu'il était décédé ?
- Oui, c’est bien ce qu’elle m’avait dit… Comme d’habitude, elle a tout fait pour me cacher tous les évènements de sa jeunesse… Et les histoires que m’a raconté Gill m’ont laissée sans voix…
- J'imagine que ces histoires touchent la vie et surtout la jeunesse de ta mère je me trompe ?
- Non, tu ne te trompe pas... Mes parents étaient des toxico… A ce que m’a dit Gill, ils lui en ont fait voir de toutes les couleurs. C’était vraiment dur pour chacun d’eux, mais au final, Gill a viré ma mère de la maison quand il a appris qu’elle était enceinte de moi. Depuis, ils n’avaient plus eu contact. Moi ce qui me chiffonne c’est que les souvenir de Gill s’arrête ici. La suite me manque. Que s’est-il passé pendant dix-huit ans ?
- Tu sais très bien qui connait la suite de cette histoire...
- Oui je le sais très bien mais toi, tu sais que je n’irai jamais le voir. Bref, arrêtons de parler de sujet qui fâche et allons au lit. Il est déjà vingt-trois heures trente et demain on a cours je te rappelle.
- Je sais, je sais, malheureusement il nous reste encore deux jours avant la fin de la torture et le début du week-end
- Aller, aller, assez parlé, maintenant au dodo.
- A vos ordres chef !
Nous bondissons du fauteuil ensemble et nous nous rendons dans la chambre tout en nous taquinant. Une fois couchée, comme d’habitude, des centaines de pensées tournent dans ma tête et m’empêchent de dormir. Des fois, je me demande ce que je ferais sans cette petite blonde au regard bleu destructeur ? Comment je pourrais sortir de cette foutue dépression tous les jours sans son sourire ravageur ? Je n’en ai aucune idée. Elle est tout pour moi. Ma famille, mon amis et surtout la dernière raison qui me pousse à m’accrocher à cette vie de merde. Finalement, après une bonne heure de réflexion Morphée me prend dans ses bras pour me faire voyager dans le monde des rêves.
Une fois réveillée, comme tous les matins, j’attrape mon téléphone sur la table de nuit à quelques centimètres de ma tête. Je prends le temps de vérifier chacun de mes réseaux, la météo et bien sûr mes messages. Lorsque j’arrive enfin sur mes texto, je remarque que j’ai totalement oublié de répondre à Matt. Je me tourne alors vers Célia pour m’assurer qu’elle est toujours en train de dormir. Lorsque j’ai ma réponse, je me place en tailleur sur le lit et mes doigt pianotent d’eux même sur mon clavier tactile :
Non mais je rêve ! En plus tu te permet de m'insulter ! Je ne pensais pas que t'aurais pu tomber aussi bas ! Quand à Célia, je sais très bien qu'elle peut prendre ses décisions toute seule mais fais quand même attention à tes actes car si tu la touche, je te tue ! J'espère que c'est assez clair pour toi ! Ah et une dernière petite précision, ne crois pas que je t'utilise pour faire souffrir ton père car je vais TOUS vous faire souffrir sans exception !
Après une dizaine de relecture, j’envoie le message. Juste avant de verrouiller mon écran, mes yeux s'attardent sur la date d'aujourd'hui : "jeudi 4 janvier". Il ne me faut pas plus que quelques secondes de réflexion pour bondir sur le dos de Célia et la couvrir de bisous tout en lui souhaitant son anniversaire. Elle ronchonne puis me pousse. Je me retrouve les fesses par terre et les jambes en l’air. Cette situation nous fais rire toutes les deux. Une fois debout, je lui lance :
- Bon anniversaire ma chérie ! Encore une année que tu vas passer à supporter mon caractère merdique !
- Je vais te tuer ! Au lieu de me sauter dessus comme ça t'aurais pas pu me préparer un bon petit déjeuner ?
- Je pense qu'après autant d'années passé à mes côtés, tu sais que je ne suis pas du tout comme ça hein !
- Ohhh ouiii ça je le sais bien ! D'ailleurs, tu me l'a prouvé encore une fois !
- Bon aller assez parlé ! Il faudrait qu'on commence à se préparer sinon on va encore être en retard ! Mais promis, ce soir nous allons fêter ça comme il se doit !
- Comme tous les ans ! Toi, Luke et moi ! autour d'une belle table !
- C'est tout à fait ça !
Aujourd'hui, vu que je n'ai pas de vêtement avec moi et que j'ai extrêmement la flemme de rentrer chez moi, je me sers dans le placard de ma meilleure amie. En fouillant un peu, je trouve un jean bleu délavé et un pull large style boyfriend que je décides d’enfiler. Me voyant arrivé comme ça dans la cuisine, ma meilleure amie pousse un soupir tout en parlant dans sa barbe. Quand je lui demande de me répéter ce qu'elle a dit, elle refuse. Malgré le fait que je suis très têtue, je n'insiste pas. C'est son anniversaire et aujourd'hui tout lui est permis.
Donc, après avoir engloutis notre petit déjeuner, nous nous rendons directement à la fac. Sur le chemin, Célia m'avoue qu'elle a promis à Matt de boire un café avec lui avant d'aller en cour. Je lui réponds très gentiment que je ne l'accompagnerais pas. Elle me regarde avec des yeux de biche mais je ne reviens pas sur mon choix et on se sépare à l'entrée de la cafétéria.
Cependant, à quelques pas de mon amphithéâtre, je me souviens que c'est Célia qui a le trieur dont j'ai besoin pour suivre le cours. Je fais marche arrière à contre cœur pour aller le récupérer. Mais, avant d’apparaître dans leurs champs de vision, je tends l’oreille et écoute un peu leur discussion. Au bout de cinq minutes, un rictus prend forme sur mon visage. Je viens de trouver la meilleure méthode pour me venger de son dernier coup bas. Je sens que le jeu commence à devenir de plus en plus pétillant !
Finalement, je décide de m’approcher d’eux. Sans accorder un regard à Matt, je me pose tout près de Célia qui ne perd pas une seconde pour entamer la discussion :
- Tu as changé d'avis ?
- Non, pas du tout ! Je suis juste venue récupérer mon trieur…
- Ah ouii ! C'est vrai qu'il était resté dans mon sac ! Attend, trente seconde.
Elle farfouille dans son sac et me tend mon trieur rose pale. Une fois dans mes mains, je me dépêche pour retourner en cours. Je m'installe à ma place et attends que le professeur arrive. Ne voyant pas ma meilleure amie, j'en déduis qu'elle va encore s’abstenir de venir suivre le cours... Je décide de ne pas m'en mêler, elle est assez grande pour prendre ses décisions toute seule.
Quelques heures plus tard, le cours touche à sa fin. J'appelle directement Célia pour lui demander où elle est.
- Allo ?
- Oui, Célia tes où ?
- Je suis dehors Sheila, pourquoi ?
- Bah je pensais que comme chaque année, nous irions faire les boutiques pour passer une bonne après-midi ensemble et bien sûr pour te choisir tes cadeaux !
- Ah ouii c'est vrai ! Que je suis bête ! Je n'ai pas vu le temps passer !
- Mais t'es où là ?
- Je suis au restaurant...
- Toi ? Au restaurant ? Arrête de me mentir ! C'est pas comme si j’savais pas que tu déteste ça !
- J'te mens pas Sheila...
- Ah.. et tu es avec qui ?
- ...
- Allo ?
- Je suis avec Matt...
- Ok. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps…
- Non attend Sheila ! Ne raccroche pas s'il te plaît !
- Je t'écoute... Tu as quelque chose à me dire ?
- Oui ! Je veux qu'on fasse notre après-midi best-friends comme d'habitude ! Ce n'est pas parce-que j'ai passé un peu de temps avec Matt que je ne veux plus en passer avec toi !
- ...
- Allez Sheila ! Arrête de faire la têtue ! On se rejoint à 14h devant H&M ok ?
- Ok.
- A tout à l'heure alors !
- Oui !
Je raccroche et perdue dans mes pensées je me rends à la cafétéria. Je commande un panini trois fromages avec un dessert et m'assoie à une table libre pour pouvoir manger tranquillement. Le temps défile tellement vite que quand je jette un coup d'œil à ma montre, je vois qu'il est déjà treize heures trente. Je me lève , récupère mes affaires et commence à me mettre en route. Une trentaine de minutes plus tard, j'arrive à notre lieu de rendez-vous. Célia apparaît dans mon champ de vision en moins d’un quart de seconde. Sans trop parler, nous entrons dans la boutique et commençons à promener. Durant les cinq premières minutes, la tension est palpable. Mais, après l'échange d'un ou deux petits sourires, tout redevient normal.
Nous continuons notre après-midi de très bonne humeur et tout se déroule comme prévu. Nous promenons des tas et des tas de boutiques sans s’en lasser. Cependant, au bout d'un moment, la fatigue se fait ressentir très intensément. Nous décidons donc de rentrer à la maison.
Célia s’empresse de chercher ses clef dans son sac et déverrouille la porte. Une fois dans le salon, on se jette sur les fauteuils tout en poussant des soupirs de satisfaction. Aucune de nous ne prend l’initiative de commencer les préparations pour ce soir. Nous sommes vraiment lessivé. Qui a dit que le shopping n’étais pas un sport ?
Finalement, on se redresse en même temps. Pendant que moi je range tout ce que l'on a acheté dans la chambre de Célia, elle, elle prépare le gâteau et les petits apéritifs. Je l'aide à mettre la table et à choisir le CD de musique.
Pile au moment où nous allions nous asseoir, la porte d'entrée sonne et sans hésiter je vais ouvrir car je sais qui se trouve derrière la porte. Luke : mon amis d'enfance avec qui nous nous sommes jamais quitté… Ce grand gaillard blond aux yeux noisettes me rappelle tous les jours la chance que j’ai d’avoir des amis en or.
Sans hésité une seule seconde, je lui saute dans les bras. Habitué à ça, il me rattrape sans difficulté et me sers très fort contre lui. Je l'invite à entrer et bien sûr il ne se fait pas prier ! Dès qu'il atteint le salon, Célia lui saute aussi dans les bras ! A la fin on va lui casser une côte le pauvre ! Mais, je sais que ça ne le dérange pas, bien au contraire !
Une fois nos retrouvailles achevées, nous nous asseyons sur les fauteuils et commençons a manger les apéritifs. Mais, au moment où l'ambiance commence à devenir de plus en plus agréable et que nous commençons à nous amuser, la sonnette de la porte retentit encore une fois. N'attendant personne, je me tourne vers Célia et lui demande
- Tu attendais quelqu'un ?
- Euh… Non pas vraiment...
- Bon je vais aller voir et je reviens.
Donc, je me lève et je vais ouvrir la porte...
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