L'opportunité
Le temps avait passé. Mais Tina n'était pas revenue tout à fait indemne de cette expérience. Le désir, l'envie de luxure et de jouissances déchaînées, la rongeaient de plus en plus. Et cette interview, puis toutes celles qui avaient suivi n'avaient fait qu'augmenter ce sentiment d'urgence. Parler de la mort, chaque jour, avait brisé quelque chose en elle. Mais elle savait que rien ne se perdait. Cette cassure au fond de son âme s'était muée en autre chose.
Lors des soirées où les femmes n'étaient présentes que pour l'image, elles se retrouvaient entre elles. Tina tenait des positions de plus en plus radicales, sans vraiment s'en rendre compte. Car pour elle, c'était d'une logique implacable, il n'y avait rien de l'ordre du jugement personnel. La société entière, femmes comprises, participait de ce patriarcat, devenu la base d'un libéralisme économique et social effréné, courant joyeusement à sa perte sans se soucier de tous ceux et celles qui restaient sur le carreau.
Un petit groupe s'était formé, dans l'ombre de la conscience de leurs hommes. Sous prétexte d'organiser des bals de charité auxquels les hommes participaient volontiers dans l'espoir de gagner une réputation chevaleresque auprès du public, Tina faisait naître en ses partenaires des idées de liberté et d'égalité. Il était bien évident qu'elle ne pouvait pas aller trop loin, qu'elle ne pouvait pas pointer du doigt leurs maris directement, mais au fond d'elle, elle savait que c'était bien eux qui se nourrissaient le plus de cette culture patriarco-capitaliste.
Tina se sentait comme une infiltrée, par moments, et ça l'excitait, comblait ce manque physique de stimulation. Car elle s'était tenue à la promesse qu'elle avait faite à Lydie, et elle n'avait pas renouvelé l'expérience, malgré de nouveaux déplacements ensemble. Léo, tout en gardant sa tendresse pour elle, ne la touchait quasiment plus. Elle se demandait souvent si, comme beaucoup d'autres, elle était cocue elle aussi. Peut-être se délestait-il sur des prostituées de luxe, pendant ces longues soirées où il s'absentait.
Malgré ses chamboulements internes et intellectuels, Tina continuait de l'aimer pour ce qu'il était au plus profond de lui: un homme doux et respectueux. Elle savait pourtant qu'un jour viendrait où il s'offusquerait de ce qu'elle devenait, si elle continuait sur cette voie. Lydie ne l'en dissuadait pas, bien au contraire, mais la prévenait des risques qu'elle pouvait encourir, au-delà des risques physiques que pourraient lui infliger les hommes de main de son mari. Il était capable de ruiner sa vie sociale, de la traîner dans la boue et faire d'elle la femme la plus haïe du pays, voire pire: la plus ridiculisée. À plusieurs reprises, Lydie avait bien failli y passer, et il lui avait fallu plier sous les menaces. Tina faisait donc bien attention de ne pas aller trop loin dans ses propos, que ce soit dans les articles qu'elle écrivait ou avec les relations de son mari, hommes ou femmes.
Toutefois, il n'était pas question de devenir un de celles qu'elle tentait de réveiller. Tina avait sa fierté et n'aurait jamais supporté d'être vue comme la faire-valoir de son mari. D'autant plus aujourd'hui qu'il n'en avait portait quasiment plus que le titre. En de rares occasions, Léo se laissait aller à céder à ses envies, mais Tina ne lui montrait pas le désir qui la rongeait littéralement. Il fallait absolument qu'elle trouve une alternative. Le divorce, elle y avait pensé. Loin de Léo, elle aurait pu vivre tous ses fantasmes sans se soucier vraiment des conséquences.
Elle ne savait pourtant que trop bien à quel point un divorce serait difficilement supportable. Léo craindrait qu'elle veuille s'enrichir sur son dos et lui mènerait la vie dure, n'hésiterait sûrement pas à utiliser les menaces devenues son quotidien lorsqu'il voulait obtenir quelque chose de quelqu'un.
Un jour, pourtant, la solution lui fut d'elle-même servie sur un plateau. Comme à son habitude le week-end, Léo n'hésitait pas à appeler son équipe pour travailler depuis le bureau de leur demeure, bien assez grande pour que Tina n'en soit pas dérangée. Ce jour-là, elle entendit pourtant des éclats de voix. Curieuse, elle s'approcha. Tina commençait à s'intéresser de plus en plus aux affaires de son mari. Elle savait qu'un jour, ça pourrait lui servir, que ce soit contre lui ou afin de mieux connaître ce milieu pour en découvrir ses failles.
Elle n'était encore qu'à deux couloirs du bureau de Léo quand elle entendit une porte s'ouvrir violemment. Deux hommes semblaient hilares alors que la voix de Léo explosa:
-- Foutez-moi le camp d'ici, sotte que vous êtes! Vous pouvez aller directement rassembler vos affaires à votre bureau! Mais qu'est-ce qui m'a pris d'embaucher une blonde?
La blonde en question était Nathalie, la jeune et récente secrétaire de Léo. Mais pour être exact, c'était une fausse blonde. Elle ne put s'empêcher de ressentir une sorte de satisfaction. Un temps, elle avait imaginé que son mari l'avait engagée plus pour sa plastique que pour son expérience. Mais lorsqu'elle entendit les deux autres s'esclaffer à la dernière phrase de son homme, elle ne ressentit que de la colère. Ils se croyaient tout permis parce qu'ils étaient des hommes, ils se pensaient puissants parce qu'ils avaient l'argent. Tina allait leur montrer ce qu'était la vraie influence!
La porte claqua et Tina alla à la rencontre de Nathalie, en larmes. La secrétaire, toujours habillée dans son tailleur impeccable qui ne laissait voir ni de décolleté ni même ses genoux, tenta d'esquiver en baissant les yeux et voulut continuer son chemin jusqu'à la sortie, mais Tina lui ouvrit ses bras:
-- Nathalie! Que s'est-il passé? demanda-t-elle en posant ses mains sur ses épaules.
-- Madame Dupin, excusez-moi, je dois...
-- Voyons, Nathalie. Déjà, appelez-moi Tina. Léo est un homme qui s'emporte facilement. Je suis sûre que ce que vous avez fait n'était pas si grave. Venez. Allons au salon, vous me raconterez. Je suis certaine que nous trouverons une solution. Hier encore, il était si élogieux à votre égard.
-- Je ne veux pas vous embêtez, madame...
-- Tina. Et vous ne m'embêtez pas!
Elle dirigea donc la secrétaire en pleurs jusqu'au salon où elle demanda à la servante de leur apporter du thé bien chaud. Une fois assises confortablement, Tina attendit un peu que Nathalie réussisse à se reprendre.
-- Alors, Nathalie. Racontez-moi ce qui s'est passé.
-- C'est vraiment stupide de ma part, je le sais. J'aurais dû faire plus attention. Lorsque votre mari m'a appelée pour venir ici en urgence, afin de finaliser un dossier de la plus haute importance, j'étais chez moi. C'est l'anniversaire de mon petit. J'ai donc dû faire vite, car je devais le déposer chez mes parents... Son père est... Enfin, nous ne sommes plus ensemble, et il vit à Santiago. En me pressant, j'ai renversé du café sur le dossier... Et lorsqu'il a vu ça, et qu'il fallait tout retaper, il est entré dans une colère noire.
-- Vous êtes en train de me dire que mon mari vous a renvoyée pour du café sur du papier?
-- Oui, madame. À cause de moi et du temps perdu, il se pourrait qu'il passe à côté d'un appel d'offre des plus fructueux.
-- Oh! Ne vous inquiétez pas pour lui! Quand bien même il raterait ce coup-là - et j'en doute, le connaissant -, il s'en sortirait sans aucune égratignure. Buvez votre thé, Nathalie. Je m'occuperai du reste ce soir. Tenez, prenez ce papier et ce crayon, laissez-moi vos coordonnées, je vous tiendrai au courant. Mais faites quand même ce qu'il a dit: allez enlever vos affaires du bureau. Je ne voudrais pas qu'il ait l'impression que nous avons comploté contre lui!
Juste avant de porter la tasse à sa bouche, Tina offrit un clin d'œil à Nathalie. Celle-ci rougit timidement et goûta aussi au contenu de sa tasse, avant de demander à Tina:
-- Excusez-moi, Tina. Je suis vraiment touchée de votre intervention, n'allez pas penser l'inverse. Mais pourquoi? Pourquoi tenez-vous à m'aider. Je... ne suis personne, pour vous.
-- Bien au contraire, ma chère Nathalie. Vous êtes une femme. Et cela me suffit amplement pour avoir envie de vous aider.
-- Je n'aime pas vraiment être redevable, vous savez. Quand on est une mère célibataire... Enfin... Vraiment, si vous réussissez à convaincre votre mari de me garder, je ferai tout ce que vous voulez! J'ai tellement besoin de ce travail... Je ne trouverai nulle part ailleurs un poste aussi bien payé.
-- Hihi! Il se pourrait bien que j'ai une petite faveur à vous demander en retour. Comme ça, vous ne me devrez plus rien. Qu'en dites-vous, Nathalie?
-- Si cette faveur est dans mes cordes, ce sera avec plaisir, Tina. Vraiment, merci.
-- Croyez-moi, Nathalie, ce sera dans vos cordes.
Tina renvoya rapidement Nathalie. Elle ne voulait pas en dire trop sur ce qu'elle lui demanderait, et devait aussi s'assurer que Léo ne sache pas qu'elles s'étaient parlé.
Après le dîner, Léo lisait tranquillement dans le salon. Tina passa derrière son fauteuil et commença lui masser les épaules comme elle le faisait souvent.
-- Tu es tendu, Léo. Quelque chose à voir avec les cris que j'ai entendus cet après-midi?
-- Cette Nathalie... Je la fais venir pour finaliser un dossier, et cette imbécile arrive des papiers remplis de café. Sur le coup, j'ai pris sur moi, tu peux me croire. Tu sais que je ne supporte pas ce genre de choses. Mais pour couronner le tout, elle n'a pas pensé à faire un double, ou même un scan. Comme si je devais lui expliquer son travail!
Les doigts de Tina se firent plus vigoureux. Elle avait sentit un nœud naître juste au-dessus de son omoplate gauche alors qu'elle ravivait son énervement en parlant de Nathalie. Léo poussa un soupir à la fois d'une douleur aigue et d'un soulagement.
-- Oh oui, là... Continue, lui dit-il en tordant son cou pour lui offrir l'endroit à ses bons soins.
Tina accentua son massage, jusqu'à le sentir se détendre un peu, puis passa devant le fauteuil, dans une démarche sensuelle.
-- Je crois que mon cher mari a besoin d'évacuer quelques tensions dues au stress de son travail harassant, lui murmura-t-elle, un sourire en coin, en posant sa main sur sa cuisse.
Elle la fit glisser jusqu'à son entre-jambe et Léo sursauta presque.
-- Mais qu'est-ce que... Tina?
-- Laisse-moi faire, Léo... Je connais beaucoup mieux que le massage d'épaules.
Elle se mit à genoux devant lui et même si Léo n'était pas vraiment adepte de ce genre de plaisirs ailleurs que dans un lit, il n'eut pas la force de se refuser à al bouche charnue de sa femme. Tina pouvait presque sentir le cœur de Léo s'emballer, ses joues étaient devenues rouges, et alors qu'elle s'affairait à défaire son pantalon, il avait déjà le souffle court.
Elle goba aussitôt le sexe encore tout mou de Léo. Ses lèvres rivées à la base de son membre, elle suçota vigoureusement, aspira en lui le sang pour faire gonfler son pieu de chair, qui lui remplit petit à petit la bouche. Déjà, Léo avait oublié ses réticences. Les yeux fermés, il avait basculé sa tête sur le dossier et caressait d'une main à la fois douce et virile les cheveux de Tina.
Continuant de suçoter son gland de plus en plus sensible, Tina baissa juste assez son pantalon pour pouvoir prendre ses bourses main. Elle les malaxait délicatement en entamant de longs et lents va-et-vient sur toute la longueur de son sexe tendu. Elle se délecta du râle qu'il lâcha au moment où elle sentit sa gorge se serrer sur la rondeur turgescente de ce mât. Mais pas question de lui procurer ce qu'on appelait une gorge profonde. Ce n'était pas vraiment l'envie qui lui manquait, mais Léo n'était pas le genre à apprécier les actes trop virulents. Alors elle remonta aussitôt ses lèvres, reprit ses doux va-et-vient en flattant ses bourses de caresses amoureuses.
Entre ses cuisses, elle sentait la chaleur humide de son propre sexe. Elle le contractait tout en offrant à son homme une fellation comme il les aimait: tendres et appliquées. Elle pouvait déjà se sentir heureuse de pouvoir le regarder en même temps. Pour une fois, ils n'étaient pas dans l'obscurité de la chambre. Elle le voyait, sourire comme un enfant, les yeux clos pour mieux ressentir le plaisir qu'elle lui offrait. Elle pressa un peu plus vigoureusement ses testicules et accéléra ses mouvements de tête. Aussitôt, Léo réagit favorablement. Ses doigts se crispèrent dans ses cheveux, et elle le vit clairement grimacer. Ses abdominaux se contractèrent et Tina se prépara à recevoir son nectar.
Elle n'y avait pas goûté depuis bien longtemps et elle se demanda s'il la laisserait faire. Dans le doute, elle empoigna fermement les bourses et avala une bonne moitié de son chibre. Il ne tarda pas à grogner de plaisir, déversant son foutre sur sa langue tout en remuant du bassin. Tina ne s'arrêta pas pour autant.
Alors qu'il se laissa tomber dans le fauteuil, la belle Tina reprit ses va-et-vient, s'assura d'avaler son jus jusqu'à la dernière goutte. Et il n'ouvrit les yeux que quand elle retira ses lèvres de son sexe qui se rabougrissait à vue d'œil. Elle fit bien attention à ne pas perdre la moindre goutte et lui sourit tendrement:
-- Mon mari se sent-il mieux?
-- Je dois bien avouer que oui...
-- Je n'avais pas raison? Ça vaut bien tous les massages, non?
-- Tu as toujours su me faire oublier mes tracas, mon ange.
-- Même si parfois, tu te les crées toi-même.
-- Ah?
-- Cette secrétaire... Tu crois vraiment qu'après avoir enfin trouvé quelqu'un qui avait l'air de te plaire, tu devrais la virer pour du café sur du papier? Tu as déjà assez de rendez-vous comme ça... Donne-lui une chance de se rattraper, au moins. Et moi, je te verrai plus souvent.
-- C'est vrai qu'en ce moment, je n’avais pas besoin de me rajouter ça. Tu sais quoi? Je vais t'écouter. Je vais l'appeler tout de suite.
Ce n'est qu'une fois montée dans la chambre que Tina se permit de montrer sa satisfaction. Sachant que Léo n'allait pas monter tout de suite, elle se déshabilla et attrapa son plus gros sextoy, en forme de sexe noir qu'elle gardait caché pour ne pas affoler son mari, ainsi que son téléphone. Elle envoya un message à Nathalie en lui donnant rendez-vous le lendemain, puis s'enfonça, presque douloureusement le sexe de substitution dans son vagin réclamant un orgasme rapide.
Mais le temps que dura son plaisir solitaire, ce n'était pas à un homme viril et musclé à la peau noire qu'elle pensait. Toute son imagination se focalisait sur Nathalie. Elle l'imaginait nue, avec sa coupe à la garçonne qui mettait encore plus en valeur sa poitrine généreuse. Elle lui offrait cet orgasme qu'elle n'avait jamais réussi à reproduire seule avec ses jouets. Elle le désirait plus que tout et espérait qu'elle avait enfin trouvé le moyen d'y parvenir.
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