Chapitre 2
C’était un vendredi soir, et Stéphane ne bossait pas le lendemain. Un week-end de royal glandouillage s’offrait à lui : jeux vidéo, netflix, jeux vidéo, malbouffe, mangas, jeux vidéo. Pour la soirée, il avait décidé de se commander une pizza (modèle géant) et de se planter devant deux ou trois épisodes de House of cards. Et puis un petit film de cul, une branlette et au dodo. Bon programme.
Et c’est comme ça qu’il commença la soirée. Il commanda une quatre fromages, et décida de se fumer une cigarette en attendant. Si habituellement Stéphane descendait pour aller cloper au grand air, une crise de flémingite le poussa à ouvrir la fenêtre du salon pour s’en griller une, sans se taper quatre étages aller-retour sans ascenseur.
Penché à la balustrade, Stéphane s’octroya le plaisir suprême de déglinguer ses poumons, sans la moindre once de remords. Il commençait déjà à faire nuit, et l’air fraichissait sérieusement. C’était pas une brise, mais un courant d’air froid, soufflant sur la braise rouge qui pointait au bout de sa cigarette. En contrebas, les bagnoles s’évertuaient à polluer son atmosphère auditive. L’été approchait, mais la nuit tombait encore tôt. Les lumières commençaient à s’allumer dans l’immeuble d’en face. Et comme l’a dit Baudelaire : on voit bien mieux dans les chaumières une fois la nuit tombée et les fenêtres fermées, qu’à la lueur du jour avec les fenêtres ouvertes.
Enfin, ça vaut seulement pour ceux qui ne tirent pas leurs rideaux. Celle qui habitait juste en face de sa fenêtre ne le faisait jamais. C’était une femme pas si jeune (mais pas encore tout à fait assez vieille pour la qualifier seulement de femme), franchement très banale. Pas attirante, pas repoussante : juste quelconque.
Pourtant, Stéphane aimait bien la regarder vaquer à ses occupations, presque toujours sapée d’un maillot de nuit deux fois trop grand pour elle et d’un pantalon de pyjama tout moche. Il la regardait mener sa vie : manger devant la télé, passer des plats tout-préparés au micro-ondes, passer un coup de balai de temps en temps, déplacer son bordel pour donner illusion de rangement, faire sa manucure-pédicure, passer des coups de téléphone en muet. Les choses pourries de la vie courante, quoi. Celles qu’on pense être le seul à faire, en imaginant la vie de folie des autres.
Mater sa voisine impudique, ce n’était pas vraiment du voyeurisme pour Stéphane. Juste un moyen de se rassurer, de se dire que, finalement, sa vie monotone et chiante à mourir était pas pire que la sienne à elle.
Mais ce soir, c’était différent.
Pas de maillot trop grand ni de pyjama pourri, mais une robe noire plutôt sexy. Elle avait troqué son naturel du soir contre une touche de maquillage et du volume dans les cheveux. Manifestement, elle s’apprêtait à sortir. Une grande première, depuis qu’il habitait là. Il faut dire aussi qu’il ne passait pas ses journées à l’espionner, et qu’elle ne vivait pas ici depuis si longtemps que ça.
La sonnette interrompit ses pensées quelques instants plus tard, alors que sa seconde cigarette se consumait entre ses doigts. Stéphane fit comme il avait prévu : pizza quatre fromages et Netflix. Il avait déjà remisé au frigo les restes de la pizza (pas beaucoup), fumé deux clopes supplémentaires, quand se termina le quatrième épisode d’House of Cards. Kevin Spacey lui avait mis le grappin dessus, et il n’arrivait plus à lâcher la télé. La faute à l’épisode suivant qui se lançait automatiquement une fois le présent fini. Il fallait qu’il songe à supprimer l’option, mais plus tard.
Minuit approchait dangereusement, mais sans le sommeil. Même s’il était debout depuis 6 h 30, Stéphane n’était pas fatigué. Et même s’il l’avait été, hors de question d’aller pieuter à 23 h 45 un soir de week-end. Il comptait bien profiter de chaque heure qu’il pouvait s’offrir. Néanmoins, House of Cards commençait à le lasser, alors il opta pour la PS4. Sans avoir besoin de bouger de son canapé, il attrapa la manette qui gisait sur sa table basse et pressa le bouton « playstation ». Il ne lui fallut pas beaucoup plus de temps pour lancer The Witcher 3 et de jouer au Sorceleur.
Il était sur les traces d’un Cocatrix quand une pressante envie de pisser le poussa à mettre pause. Et au retour des cabinets, il en profita pour se griller une nouvelle cigarette. Il se dit que même s’il faisait l’effort de fumer à la fenêtre, son appartement allait puer la clope froide le lendemain, une fois que sa propre haleine de cendrier se serait un peu dissipée. Mais bon, il n’était plus à ça près.
A présent, il faisait vraiment froid dehors. Les gens et les voitures avaient désertés la rue, à l’exception des quelques taxi-bus et oiseaux de nuit qui peinaient à marcher droit. Sans doute qu’il se faisait tard, parce que les lumières étaient toutes éteintes dans l’immeuble d’en face. Stéphane réalisa qu’il jouait depuis un bon moment, et prit conscience de ses paupières lourdes. Il décida alors qu’il avait assez profité de son vendredi pour s’offrir une bonne nuit de sommeil. Une fois sa cigarette fumée, bien entendue. Ce qui n’arriva pas avant que l’appartement juste en face du sien, de l’autre côté de la rue, s’allume.
La pas si jeune femme rentra dans son appartement et se débarrassa de ses chaussures à talons en les envoyant valser dans le séjour. Et surprise, elle tirait un grand type par la main. Elle le traîna jusqu’au milieu du salon et l’embrassa à pleine bouche, le laissant peloter son cul et ses seins.
Alors ça, c’était intéressant. Stéphane décida de veiller encore un peu.
Ils se retrouvèrent très vite à poil, et puis le gars allongea la voisine sur le canapé. Stéphane avait droit à une vue pleine-lune, droit sur son cul poilu. Mais le gars redescendit rapidement pour se mettre à genou sur le parquet flottant, la tête entre les cuisses de madame. Sa tête dodelinait de haut en bas, et de gauche à droit de temps en temps. Stéphane ne pouvait pas voir le visage de sa voisine, mais observait avec intérêt ses nichons aplatis par la gravité.
La tête du gars disparut entre les cuisses qui se serrèrent autour de lui, puis remonta la piste jusqu’à se redresser. La voisine en fit autant, poussa l’inconnu à s’asseoir, et s’agenouilla à son tour sur le parquet pour prendre une queue de taille modeste dans sa bouche.
Stéphane sentit le chapiteau se dresser dans son futal, mais s’empêcha de se secouer le manche. Ça ne lui paraissait pas correct. Regarder d’accord, mais se palucher non. Sa volonté commença sérieusement à calancher quand elle lui grimpa dessus et qu’elle le chevaucha. Et il céda carrément à la tentation quand elle se mit à quatre patte et qu’il s’enfonça en elle. Le type s’offrit même le droit de lui coller trois ou quatre fessées.
Les bras en appui sur l’accoudoir, les hanches relevées, elle faisait face à la fenêtre. Stéphane voyait sa bouche entrouverte et l’écoutait gémir en sourdine. Par-dessus le bruit des quelques voitures qui passaient au loin, il croyait entendre ses cris. Mais c’était sans doute son imagination.
Malheureusement pour lui, le plaisir atteint son apogée à ce moment-là, et il arrosa sa vitre en lâchant un « merde ! ». Il essaya de limiter les dégâts en interposant ses mains, mais s’en foutut partout. Il sema des gouttes jusqu’à la salle de bain, et fut bien emmerdé pour ouvrir la porte sans s’étaler sur la poignée et la lumière. Il sacrifia un bon mètre de PQ pour s’essuyer, et encore un autre pour nettoyer le carrelage.
Quand il retourna à la fenêtre pour réparer les dégâts, le type était encore en train de fourailler dans la voisine, qui gisait maintenant sur le dos, les cuisses grandes ouvertes. Stéphane regarda encore, et son sexe était de nouveau dur quand le couple acheva enfin son étreinte. Alors il passa un coup de PQ sur la vitre.
Annotations
Versions