Rupture

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J'écris pour rien, la plupart du temps. Pour me vider la tête, pour écrire des histoires qui n'ont pas de sens ; des histoires qui viennent de nul part, des histoires que j'imagine, que j'invente. Des histoires avec à peine un début, et la plupart du temps sans fin. Des histoires tout juste entamées, abandonnées trop tôt, simplement effleurées.

La plupart du temps, j'écris pour rien ; mais pas maintenant, pas cette fois. Parce que j'écris pour toi. T'as vu, j'ai fais une rime. Sans faire exprès, comme dans les poésies. Tu sais que je les aime pas. Ça sonne trop faux, trop pas vrai, comme du pour faire beau, comme de l'artifice ; du plastique, du sans goût, sans saveur ni rien.

J'ai fait une rime ; désolé. J'ai pas fait exprès.

D'habitude j'écris pour rien, mais pas là, pas maintenant. J'écris pour toi. Peut-être un peu pour moi, mais pas vraiment. Pour nous, disons. Ou plutôt ce qui était nous, il y a pas si longtemps. Il était une fois.

Il était une fois. Les contes commencent comme ça, et ils finissent bien en général. En général. Mais pas le nôtre. Il avait commencé bien, c'est vrai. Divinement bien, on pourrait dire. Avec beaucoup de lumière, une chanson belle ; un incipit banal, et même sûrement un brin cliché. Des collègues, l'un en face de l'autre, séparés par même pas un mètre, deux écrans et de la timidité. Ou alors séparé par rien du tout, juste du non-dit, du pas osé.

Et finalement, c'est la distance qui nous a rapproché. La même qui nous a séparé. Pas toute seule, c'est sûr. La complication l'a bien aidée. Entre nous, on peut dire que la distance a fait beaucoup. Le début de notre bonheur, pour sûr. Et la fin, aussi. L'entame et le glas. Les kilomètres : pour nous un ouroboros, un serpent qui se mort la queue.

On a imaginé ensemble, on a rêvé. D'un possible, d'un avenir, de quelque chose ; d'une histoire qu'on aurait pu toucher, presque palpable tellement on s'aimait. Tellement on s'aimait... je parle au passé, je sais même pas pourquoi. On s'aime encore, mais c'est juste trop compliqué.

Je sens qu'on se lézarde peu à peu, qu'on se fracture petit à petit, qu'on se craquelle à mesure. Et j'ai pas envie qu'on se déchire. J'ai pas envie que tu perces mes défauts, que tu les vois au grand jour ; que tu vois plus qu'eux, sans plus voir qui et quoi je suis. J'ai pas envie que t'en viennes à plus me voir, que t'en viennes à me détester. Me détester pour ce que je suis le moins, pour ce que moi je hais. La distance, les épreuves, le passé trop présent et l'avenir trop lointain.

Je préfère qu'on se quitte maintenant, qu'on s'aime encore et qu'on se fasse mal, plutôt que plus tard, quand les petits agacements, quand les gros tracas nous aurons grignotés et qu'il ne restera plus rien. Juste de la rancœur, et peut-être même pire : de l'indifférence. Je préfère dérouiller maintenant, et t'aimer encore.

Parce que oui, je t'aime encore. Je préfère te dire au revoir que te dire adieu. On sait pas ce qui adviendra, on verra bien ce qui nous arrivera. Je sais que mon cœur est tien, qu'il à toi, et que j'ai envie de rien.

Mais c'est un amour trop dur, trop lourd à porter. J'ai envie de le vivre, mais j'ai pas envie qu'il m'écrase. C'est con je sais, de dire qu'il n'y aura personne d'autre, que je ne veux que toi ; point. Final. En gras et caractère 88, comme ça : . [normalement le point est trè très très gros] Et de dire en même temps que je n'en veux plus.

Mais qu'est-ce que que tu veux, j'ai toujours été moi. Incompréhensible. Ou in-CON-préhensible, plutôt. Tu m'as bien préhensé, toi, après tout. Alors je ne te dis pas au revoir, ni adieu ni à bientôt ; mais advienne que pourra, mon amour.

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