Chapitre 5 – Le Plaza Athénée
Anna se réveilla en sursaut. Elle regarda son réveil et vit qu'il était déjà 10 heures. Elle avait dormi plus que prévu. Elle se leva d'un bond et se dirigea vers la salle de bain. Elle se déshabilla et entra dans la douche. Elle régla la température de l'eau et la pression des jets. Elle se laissa envahir par la chaleur et le massage de l'eau sur sa peau. Elle ferma les yeux et essaya de se détendre. Elle repensa à la soirée de la veille, à sa mission, à sa mère. Elle se sentit envahie par un mélange d'excitation, d'angoisse et de curiosité. Cela va faire cinq ans qu’elle ne l’avait pas revu.
Elle sortit de la douche et s'enroula dans une serviette. Elle se regarda dans le miroir intelligent et activa le mode beauté. Le miroir lui fit un diagnostic sur son apparence. Elle rentra dans les paramètres : Hôtel et Chic. Ses lunettes d’augmentation virtuelle lui proposèrent des conseils pour améliorer son teint, sa coiffure et son maquillage. Il lui suggéra aussi des tenues adaptées à son style et à son agenda. Elle remarqua que son tatouage a viré au vert, signe de stress. Ce qui était normal après tout, elle va revoir sa mère. Anna choisit une robe noire moulante, des escarpins en cuir, un carré en soie synthétique de couleur chromé, à mettre sur ses épaules. Elle se sécha les cheveux et les coiffa en une queue de cheval haute. Elle se maquilla légèrement, avec du mascara, du rouge à lèvres et du fard à paupières bleu. Elle enfila sa robe, sa veste et ses bottes. Elle posa son arme sur sa cuisse qui s’aimanta automatiquement. Elle vérifia son apparence dans le miroir et sourit.
Pendant qu’elle rangea la clef USB dans une poche discrète de sa robe, elle lança un appel audio à Alex par l’intermédiaire de ses lunettes. La communication raccrocha tout de suite. Hum, il a du passé la soirée avec Julia, pensa-t-elle. Je ne vais pas l’embêter.
Elle lança une nouvelle communication à Dan. Cette fois elle tomba sur son répondeur comme d’habitude. « Ok Dan, juste pour te dire que je viens de partir pour faire ta livraison. Je te tiens au courant quand cela sera fait ».
Elle arriva devant l’hôtel Plaza Athénée, qui était situé sur l’avenue Montaigne, dans le 8e arrondissement. C’était un hôtel de luxe, qui accueillait les clients les plus riches et les plus célèbres du monde. Il se distinguait par sa façade rouge et blanc, ornée de balcons fleuris et de drapeaux français. Il était entouré d’un jardin verdoyant et d’une fontaine majestueuse. Il était protégé par des gardes armés et des caméras de sécurité.
Anna quitta son appartement et descendit les escaliers. Elle sortit dans la rue et se dirigea vers sa moto. Elle enfila son casque, qui était équipé d’un système de navigation et de communication. Elle monta sur sa moto et démarra le moteur. Elle entendit le ronronnement de la machine et sentit les vibrations dans son corps. Elle sourit et accéléra.
Elle se lança dans la circulation, qui était dense et chaotique. Paris en 2080 était une ville surpeuplée, polluée et bruyante.
Anna se faufila entre les véhicules avec habileté et audace. Elle évita les embouteillages et les accidents. Elle profita du paysage urbain, qu’elle trouvait fascinant. Elle aimait Paris, qui était sa ville d’adoption. Elle pensa à sa mère. Elle savait qu’elle était une cible pour les corporations, qui n’appréciaient pas ses enquêtes journalistiques. Elle savait aussi qu’elle-même était une cible pour eux. Mais elle essaya plutôt de penser au bon moment qu’elle avait passé à ses côtés étant petits. En vain.
Anna gara sa moto sur le trottoir, à côté des autres véhicules de prestige. Elle retira son casque et le posa sur sa selle. Elle ajusta sa robe et son carré en soie synthétique. Elle vérifia que la clef USB était bien cachée dans sa poche. Elle respira profondément et se dirigea vers l’entrée de l’hôtel.
Anna se sentit décalée dans ce milieu. Elle n’avait pas l’habitude de fréquenter ce genre d’endroit. Elle se sentit mal à l’aise, intimidée, observée. Elle se dirigea vers la réception, où se tenait une hôtesse blonde et souriante. Elle portait un tailleur noir et blanc, un badge avec son nom et son sourire. Elle regarda Anna avec curiosité et condescendance.
- Bonjour mademoiselle, que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle d’une voix sucrée.
- Bonjour, je viens voir ma… une amie. Elle a une réservation au nom de Crystal BLUE, répondit Anna d’une voix assurée.
- Crystal BLUE ? s’étonna l’hôtesse.
- Oui, c’est ça. C’est une amie d’enfance, dites-lui que Anna est là et elle ne sera que ravie. Réponds Anna.
- Oh, je vois. Et vous avez une preuve de votre identité ? demanda l’hôtesse avec un air soupçonneux.
- Oui, bien sûr. Anna posa sa main dans un lecteur de biométrie, et regarda fixement la petite caméra présente à son extrémité,
L’hôtesse vérifia les informations affichées sur son écran : nom, date de naissance, photo. Tous correspondaient. Elle vit également qu’elle avait un casier judiciaire vierge.
- Eh bien, tout semble en ordre. Votre amie est dans la suite 512. Vous pouvez prendre l’ascenseur à droite. Bonne journée, mademoiselle, dit l’hôtesse.
- Merci madame. Bonne journée à vous aussi, dit Anna en se dirigeant vers l’ascenseur.
Elle appuya sur le bouton et attendit que les portes s’ouvrent ; elle entra dans la cabine et appuya sur le bouton du cinquième étage. Les portes se refermèrent et l’ascenseur se mit en mouvement, affichant sur un écran holographique les informations sur les services de l’hôtel. Anna sentit son cœur battre plus vite : elle allait revoir sa mère après cinq ans d’absence. Comment allait-elle ? Comment allait-elle réagir en la voyant ? Comment allait-elle lui parler ? Et que contenait la clef USB que Dan lui avait confiée ? Quel était le rapport entre sa mère et Dan ? Quel était le but de cette mission ? Quels étaient les risques ?
L’ascenseur s’arrêta au cinquième étage et les portes s’ouvrirent. Anna sortit de la cabine et regarda les numéros des chambres sur les murs, éclairés par des néons bleus. Elle repéra la suite 512 au bout du couloir. Elle s’y dirigea d’un pas décidé, croisant quelques clients en robes de soirée ou en costumes-cravate. Elle arriva devant la porte et frappa trois coups.
La porte s'ouvrit et Anna se retrouva face à un homme imposant et musclé. Il avait les cheveux courts et hirsutes, le visage marqué par des cicatrices, et des yeux perçants. Il portait un blouson de cuir noir orné d'un X rouge, un jean déchiré et des bottes de motard. Il avait plusieurs implants cybernétiques de combat discret, et un implant neural qui augmentait ses sens. Il rangea son révolver à la ceinture.
Anna le reconnut aussitôt. C'était Vex, le garde du corps de sa mère. Il l'avait connue quand elle était petite, il l'avait protégée, il l'avait élevée comme sa fille. Il l'appelait ma petite puce.
Vex sourit en voyant Anna. Il ouvrit grand ses bras et la serra contre lui.
- Ma petite puce ! Tu es là ! Qu'est-ce que tu es belle ! Tu m'as tellement manqué !
Anna rendit son étreinte à Vex. Elle sentit son odeur de tabac et de sueur, elle entendit son cœur battre dans sa poitrine métallique, elle ressentit sa chaleur humaine. Elle se blottit contre lui, comme quand elle était enfant et qu'il la consolait de ses cauchemars. Elle se sentit en sécurité, protégée, aimée. Elle oublia un instant ses soucis, ses doutes, ses peurs. Elle oublia le monde extérieur, hostile et dangereux. Elle oublia sa mère, qui l'avait abandonnée et qui lui demandait de l'aider. Elle ne pensa qu'à Vex, qui était là pour elle, qui était comme son père.
Elle murmura à son oreille :
- Merci d'être là, Vex.
Vex lui caressa les cheveux et lui répondit :
- Moi aussi je t'aime, ma petite puce. Tu es la seule qui compte pour moi.
Ils restèrent ainsi enlacés pendant quelques secondes, savourant ce moment de tendresse et de complicité.
Puis ils se relâchèrent et se regardèrent dans les yeux.
- Comment vas-tu ? demanda Vex.
- Ça va… répondit Anna en évitant son regard. Et toi ?
- Ça va… dit Vex en soupirant. Écoute, Anna, il faut que je te dise quelque chose.
- Quoi ?
- Ta mère… elle n’est pas à Paris. Anna leva les yeux vers lui, interdite.
- Quoi ? répéta-t-elle.
- Elle n’est pas à Paris. Elle est dans le cyberspace et train de faire un run, et tu sais tout comme moi que dans cette situation je ne suis pas très utile.
- Comment-ça elle n’est pas ici ? Mais pourquoi ?
- On à fait un honeypot, en faisant croire qu’elle était ici, pour capturer quelque tueur à gages afin d’en apprendre un peu plus sur ceux qu’ils lui courent après.
Anna sentit une boule se former dans sa gorge. Elle avait espéré revoir sa mère, lui parler, lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Elle avait espéré renouer avec elle, lui pardonner, lui demander pardon. Elle avait espéré retrouver sa famille, sa vraie famille. Mais tout cela s’envolait en fumée. Sa mère était loin, trop loin. Elle était seule, encore une fois.
Elle baissa la tête et se mordit la lèvre pour ne pas pleurer.
- Je suis désolée, Anna… dit Vex en posant sa main sur son épaule. Je sais que tu voulais la voir. Mais tu dois savoir une chose Anna. Elle t’aime et tout ce qu’elle fait actuellement c’est pour toi. Pour que tu aies un avenir meilleur.
Anna releva la tête et le regarda avec incrédulité.
Pour moi ? Tu te fiches de moi ? Elle ne fait rien pour moi ! Elle ne fait que fuir et se cacher ! Elle ne m’a même pas appelée ! Elle ne pense qu’à son boulot, sa réputation.
Sur le grand mur du salon de la suite, une grande télé diffusait les informations en continu. Elle reconnut le bar Edge, où elle avait rencontré Dan, ou elle avait laissé Alex. Elle vit des images de violence, de sang, de feu. Elle entendit le journaliste dire que le bar avait été attaqué par un cyberpsycho, un individu qui avait perdu la raison à force de s’implanter des prothèses cybernétiques. Il avait semé la terreur dans le quartier, tuant et blessant plusieurs personnes avant d’être neutralisé par les forces de l’ordre.
Anna s’éloigna de Vex, et lui demanda d’augmenter le volume tout en étant absorbé par les images.
- Que se passe-t-il ma puce, demanda Vex.
- Tu vas monter le son bordel, s’énerva Anna
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