2.    Tragique Inspection - Partie 2

5 minutes de lecture

Dorian avait profité de la préoccupation de ses parents par sa sœur pour disparaître dans son monde. Il en avait restreint l’accès pour qu’on ne vienne pas l’en déloger, le questionner. Il se sentait tellement mal, tellement coupable. Il aurait dû se rebeller, il aurait dû intervenir. Il se laissa tomber dans l’herbe de sa prairie et pleura silencieusement. Il était non seulement triste de cette situation mais surtout inquiet pour l’avenir. Comment réagirait Valérian quand il saurait ? Pourquoi n’avait-il pas désobéi en envoyant valser le mage examinateur ? Il scruta son univers, il était trop beau, trop parfait pour son humeur actuelle. D’un geste violent de la main, il fit partir un feu à une extrémité. Un monde en cendre, comme il venait de réduire le sien, c’était une bonne idée. Il leva soudain les yeux au ciel, un flocon de neige tomba doucement et s’écrasa sur le bout de son nez. Un sourire mélancolique se dessina sur son visage. Ça serait mieux que les cendres… Oh oui, bien mieux.

***

Valérian s’était enfermé dans son bureau. Il était bouleversé. Sarah veillait sa fille. Le médecin ne tarderait pas à arriver mais le doute, que rien n’irait en s’arrangeant, persistait. Il l'avait ressenti, son enfant avait été victime d’une puissante magie, si elle passait la nuit, elle ne serait plus jamais la même. Syphilis tenta de réconforter son maître, même si ça semblait peine perdue.

  • Valérian, proposa l’hermine, il faut aller voir Dorian, connaître sa version à lui.

Le mage soupira.

  • Je n’en aurais pas la force, avoua-t-il. Et si Zorgal avait dit la vérité.
  • Alors, Dorian doit se sentir très très mal à l’heure qu’il est.

Cette remarque, pleine de bon sens, arracha un léger sourire au mage.

  • J’ai besoin d’être seul, déclara-t-il.
  • Alors, je vais m’enquérir de ton fils et savoir ce qu’il s’est réellement passé.

L’hermine s’éclipsa en quelques secondes, laissant son maître ruminer ses idées sombres.

***

Syphilis éprouva bien des difficultés à se matérialiser dans l’univers de l’enfant. Les verrous qui avaient été mis en place témoignaient d’une grande aptitude magique. Elle fut surprise de découvrir une immense étendue de glace et de neige. Son cœur l’emporta sur son esprit et elle alla allègrement se rouler dedans. Puis soudain, la raison reprit le dessus. Il fallait trouver Dorian. Dans ce monde, tout semblait différent. Elle partit en exploration et discerna une grotte. Il avait dû se réfugier à l’intérieur. Elle trottina jusqu’à le retrouver, il était recroquevillé au sol, la tête cachée dans les genoux.

  • Bonjour Dorian, commença-t-elle, c’est joli ce que tu as fait.
  • Va-t‘en, répondit d’un ton boudeur l’enfant.
  • J’aimerais juste savoir comment tu te sens et ce qu’il s’est passé ?
  • Pour que tu le répètes à Père, hors de question.
  • Mon chaton, il est très inquiet et tout ce que tu pourras dire peut aider ta sœur à guérir.
  • Comment elle va ? demanda Dorian en levant des yeux larmoyants vers l’hermine.
  • Pas très bien, le docteur est auprès d’elle.
  • Tout ça, c’est de ma faute, souffla l’enfant à demi-mot.
  • C’est ce que Zorgal a raconté, mais Valérian ne le croit pas. Qu’est-ce qu’il s’est passé là-bas ? C’est toi qui as lancé ce sort sur Thérésa ?

Quand il entendit le prénom de sa sœur, Dorian fondit une nouvelle fois en larmes.

  • Je n’ai rien fait, sanglota-t-il.

Syphilis s’approcha de lui et frotta sa petite tête contre celle de l’enfant.

  • Ce n’est rien, tout va s’arranger. Quel sort Zorgal t’a-t-il demandé de jeter ?

Dorian leva une nouvelle fois les yeux vers l’hermine.

  • J’ai rien fait. Il lui a fait du mal, il voulait que je bouge, mais j’ai rien fait.

Syphilis reçut l’information comme un coup de poing et la retransmit immédiatement par télépathie à son maître. Puis elle prit du temps pour réconforter l’enfant.

***

  • [Valérian, je viens d’avoir des informations, c’est Zorgal qui a lancé le sort qui a mis Thérésa dans cet état-là. Il voulait que Dorian réagisse, qu’il le contre mais ton fils n’a rien fait.]

Quand Valérian reçut cette transmission de Syphilis, une violente colère l'envahit Il quitta son bureau en trombes, bouscula allègrement le médecin qui s’approchait de lui pour lui donner des nouvelles. Il sortit en claquant la porte et se transmuta à la Tour Blanche. Il monta quatre à quatre les marches menant au sommet de la Tour, là où se trouvaient les Hauts Sages. Entrant comme une furie dans leur boudoir, il fit sursauter les quatre vieux mages.

  • Qu’avez-vous ordonné à Zorgal ? hurla-t-il hors de lui. Jusqu’où devait-il tester mes enfants ?

Le plus vieux mage se leva péniblement et usa d’un sort pour détendre Valérian.

  • Valérian, mon enfant ! Zorgal ne fait plus d’examens depuis que nous avons des doutes sur lui. Il a généré trop d’accidents. C’est Elminster lui-même qui lui a retiré ce droit. Je comprends que la santé de ta fille t’importe mais…

Valérian n’écouta pas la fin de la phrase, le goût amer de la trahison le saisit soudain. Comment Elminster, un ami de si longue date, avait-il pu œuvrer de la sorte ? Il fit volte-face avant même que le Haut-Sage eût terminé son discours. Il redescendit les marches de la Tour jusqu’à l’atelier de Zorgal. Il explosa la porte d’une violente impulsion et s’empara du mage qu’il secoua comme un prunier.

  • Qu’est-ce que tu as fait, vermine ? Parle, dis-moi.

Zorgal se dégagea de son étreinte par une violente bourrasque qui envoya Valérian valser à l’autre bout de la pièce. Il remit le col de sa veste d’un geste noble et répondit :

  • Je ne sais pas de quoi tu me parles. Et si ça a rapport avec ton fils, ce chenapan a des aptitudes qui ne correspondent pas à la Tour Blanche, il est incontrôlable, il n’écoute rien et n’en fait qu’à sa tête. Un peu comme toi, Valérian.

Le mage allait répondre quand il reçut un sentiment de plein fouet. La tristesse incommensurable de Sarah lui fit comprendre que le pire était arrivé, que Thérésa venait de mourir. Il toisa Zorgal et d’une voix blanche lui déclara :

  • Je ne veux voir personne de la Tour Blanche chez moi.

Puis il s’évapora pour aller consoler son épouse et partager sa peine.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Angy_du_Lux ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0