Qu'est-ce qu'une nouvelle ?

3 minutes de lecture

Autopsie de la Nouvelle : pour en finir avec les Clichés !

(Article paru dans mon carnet de bord)

Avant de commencer à se lancer dans un projet visant à écrire une nouvelle par semaine pendant un an, il est une donnée qu’il me semble importante de maîtriser : comprendre ce qu’est une nouvelle.

Contrairement à l’idée reçue, une nouvelle peut-être longue et ne pas se lire en une seule fois, ce qui la caractérise, c’est la façon dont est présentée l’histoire, à savoir d’une manière simple (un seul événement, peu de personnages), ce qui n’exclut pas qu’elle reste un genre littéraire et autorise donc l’écriture au sens noble du terme (style, figure de style…). Il est possible, au delà de la précision voire de la linéarité diégétique, d’en faire un objet littéraire de qualité.

La littérature anglo-saxonne scinde la nouvelle en trois sous-catégories, selon la longueur de celle-ci, à savoir les Short Stories (jusqu’à 7500 mots), les Novelettes (jusqu’à 17599 mots) et les Novella (jusqu’à 40 000 mots), ce qui contraste avec l’idée de format court. Si la littérature anglo-saxonne, généralement plus dans une démarche de produit marketing, a scindé la nouvelle en trois catégories, c’est, selon moi, pour affiner le pacte de lecture : on lira par exemple telle revue pour ces novellas, telle autre pour son abondance de short stories, ce qui peut ajouter une spécialisation supplémentaire, au delà des considérations de genres (fantastique, vie courante, SF…).

Malgré cette typologie, je considère que proposer la nouvelle selon une longueur définie, un format, ne me semble pas forcément pertinent : un roman commencerait à partir de 40 000 mots or, il est possible de faire un roman de moins de 40 000 mots (sans que ce soit une novella) et des nouvelles qui dépassent ce stade. Pour l’anecdote, La Princesse de Clèves, dans les salons littéraires de l’époque, était initialement présentée comme une nouvelle de part sa composition et n’a été considéré que plus tard comme un roman aux yeux des critiques notamment pour son analyse psychologique, tant les frontières entre les œuvres étaient floues.

Pourtant, a contrario, ce qui définit la nouvelle est précisément ce qui fait qu’elle sera a priori courte :

1/ La nouvelle ne se centre que sur un seul événement : une histoire. Ce qui exclut toute péripétie secondaire, toute ouverture sur d’autres histoires. Pas de tiroirs.

2 / Pour ce faire, elle met en jeu un nombre restreint de personnages.

3 / Ces personnages, s’ils sont moins nombreux, sont également moins développés du fait du premier point.

4 / La fin est souvent inattendue, souvent sous la forme d’une chute mais certains auteurs s’affranchissent de cela (Eco, Maupassant, parfois, pour les plus connus). Il me semble que ce n’est pas un point essentiel, surtout au regard du canon et de ce qui précède mais la chute est, à mon sens, ce qui permet de reconsidérer et surprendre.

Autrement dit, le squelette de la nouvelle est construit de cette façon :

- Une situation initiale

- Un événement perturbateur

- Le développement à partir de cet événement

- Une fin, généralement une chute.

De part ce squelette, la nouvelle s’acoquine fort souvent au début In Medias Res, lequel n’est pas obligatoire. Elle ne prend pas le temps de poser un cadre (- elle est le cadre - ) et entre souvent dans le vif du sujet, ne se permet pas autant de descriptions, d’analyses, de précisions.

On pourrait la considérer comme une sorte de squelette d’un roman, une base à développer mais selon moi, c’est sa pureté qui fait son intérêt.

Enfin, pour finir cette entrée sur la nouvelle, j’imagine que beaucoup pensent qu’écrire une nouvelle est quelque chose de simple, je serai tenté de répondre à cela que la réelle difficulté, dans la nouvelle, c’est d’allier la pureté de son « canon » en tant que genre littéraire, et la beauté formelle, ce qui peut servir de tremplin pour l’écriture d’un roman. C’est dans cette perspective que la proposition de Bradbury d’écrire une nouvelle par semaine pendant un an prend, selon moi, tout son sens.

Dans le chapitre suivant, des conseils personnalisés pour mener à bien le Bradbury Challenge.

Annotations

Vous aimez lire Nicolas Raviere ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0