Aide à l'écriture : L'Ecriture Libre
Secret d'Ecriture
(Extrait de mon Carnet de Bord)
J’avais prévu, en commençant ce carnet de bord, de partager mes trucs et astuces pour écrire efficacement et si possible en contournant le fameux syndrome de la page blanche qui est, dans la vie d’un auteur, une plaie récurrente. Mon principal secret est la pratique assidue de l’écriture libre, depuis juillet dernier, à raison de 750 mots par jours minimum.
L’écriture libre, ou free writing (parce qu’elle est peu pratiquée en France et qu’il est difficile de trouver une définition précise et correcte en dehors du mot anglais) est un processus d’écriture conscient. Elle n’a donc de fait rien à voir avec l’écriture automatique qui, elle, est inconsciente et nécessite de la concentration, selon la définition qu’en donne André Breton dans Le Manifeste du Surréalisme.
Il s’agit, en écriture libre, d’écrire sans se concentrer, avec un minuteur (en temps ou en mots), tout ce qui nous passe par la tête, sans réfléchir, de manière brute, et surtout : sans jamais cesser d’écrire. Autrement dit, il est question de retranscrire ce qui est pensé sans mise en scène, sans mise en forme. Si blocage, on peut répéter autant de fois que nécessaire un mot, inventer une liste de course… parler de rien. Le but est d’écrire, peu importe ce qui est écrit : on s’en fiche. De même, tout ce qui est orthographe, syntaxe : on s’en cogne. En théorie, on est pas censé utiliser la ponctuation, par exemple, en écriture libre, mais les réflexes ont parfois la peau dure. Il y a un côté régressif dans cet exercice : disparition du style, des connecteurs logiques, des tics de langage, le niveau de langue baisse… Le maximum pour une séance est de 50 minutes, voire une heure, pas plus. Je ne saurais dire pourquoi mais, d’après moi, cela me semble pas utile d’aller au delà : autant embrayer sur de l’écriture normale, « raisonnée ».
J’ai commencé à la pratiquer en juillet, à raison de 3 pages par jours et j’ai prévu de m’arrêter à 777 pages pour en voir par moi-même les bénéfices, sachant que je sais que l’écriture libre est utilisée par de nombreux écrivains, notamment outre Manche, pour trouver des idées (de romans, de personnages, de rebondissements etc). Je pense qu’une séance longue est préférable : elle nous maintient dans l’écrit d‘une certaine façon qu’elle enclenche des mécanismes d’écriture et fait travailler la mémoire pragmatique. Moins de choses seront dites, dans une séance courte.
Pour me motiver j’utilise https://www.3pages.fr qui permet de compter les mots (et non un minuteur), d’une part, jusqu’à ce que les 3 pages soient remplies (soit l’équivalent de 750 mots), mais ce site permet aussi de faire une chaîne, ce que je fais tous les jours pour rester dans un processus d’écriture. Si je rate un jour, ma chaîne s’efface. C’est purement psychologique et ça ajoute un côté défi à la chose. Je pense qu’un auteur doit se motiver, se stimuler et c’est une manière de le faire. Le site 3 pages, du coup, est ouvert en permanence dans mon navigateur. Depuis juillet, je n’ai jamais raté ce rendez-vous qui me prend entre 30 et 50 minutes par jour, en moyenne, en fonction du moment de la journée pendant lequel je me plie à l’exercice.
Quels sont les bénéfices de l’écriture libre ?
- Trouver pléthores d’idées pour de prochaines œuvres ou pour les œuvres en cours, en laissant mitrailler l’esprit et en retranscrivant. C’est la principale utilité. Toutes les idées ne sont pas forcément bonnes : 8 sur 10 sont exploitables d'après mon expérience.
- Cela sert de starter : j’écris mes 3pages, puis je fonce écrire autre chose : un de mes romans ou autre projet, des textes indépendants, voire des défis. Le fait de transcrire ces pensées de telle façon donne envie, au bout d’un moment, d’écrire autre chose, d’inviter la réflexion, de tourner ses phrases bref, de se détourner d’un mode d’écriture.
- Bye bye le syndrome de la page blanche, surtout cumulé avec l’idée de starter énuméré dans le paragraphe précédent. Depuis juillet, je ne l’ai pas eu une seule fois !
- L’écriture libre a aussi un côté thérapeutique / cathartique puisqu’elle permet de vider son sac, en parlant de soi, de sa vie, de ses projets. En outre, elle permet d’y voir plus clair et de planifier sans que cela se fasse dans une réflexion chronophage. Les données du cerveau brut, sans filtre de réflexion, sont souvent étonnantes.
Des réserves ?
Ce n’est pas forcément le temps perdu à écrire 3 pages peu exploitables hors idées qui me pose problème puisque, comme je le disais ultérieurement dans ce carnet, c’est une heure (grand maximum) de perdue pour plusieurs heures de gagnées (notamment les longs moments devant la page blanche ou de la réflexion sur des œuvres, voire sur soi). Ma réserve est plutôt : est-ce que les bénéficies que j’ai acquis le seront ad vitam ou bien vais-je devoir rester dans une dynamique d’écriture libre, quitte à en restreindre le temps / nombre de mots ? C’est l’inconnue à l’équation.
Une fois mes 777 pages d’écritures libres atteintes (soit vers janvier), je pense arrêter cette expérience que j’ai entreprise dans la perspective du 3 Day Novel Contest et la reprendrai, ponctuellement ou non, en fonction : régulièrement, si le syndrome de la page blanche revient, de manière ponctuelle si j’ai besoin d’aller à la pêche au idées, ce qui est peu probable me connaissant.
Si vous avez des questions sur l’écriture libre, je suis disponible en commentaire pour en parler.
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Ajout : pour répondre à la question innocente quant à la pérénité de l'écriture libre et son efficacité sur la page blanche, d'après mon expérience, cela ne fonctionne pas, il faut donc rester dans la dynamique (vous pouvez y avoir recours quand les syndromes reviennent, pas forcément être toujours dans la logique de le faire quotidiennement avec les outils exposés).
Dans le chapitre suivant, quelques générateurs d'idées qui peuvent être cumulés (en point de départ) à l'écriture libre.
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