Ouragan.
La vidéo se coupe, et la lumière m'éclaire sauvagement.
Madison est là, au milieu de la scène, avec un sourire triomphant sur le visage. Jordan à ses côtés baisse la tête, de honte ou d’impuissance.
Je m'avance rageusement vers eux avant de me mettre à crier.
— T’es contente ? Je peux savoir à quoi ça t’avance dans ta minable vie d’agir comme ça ? Je croyais que tu étais mon amie ! Je croyais que tu aimais sincèrement mon frère, on avait tous confiance en toi Madison ! Tu n’es qu’une sombre abrutie, tu ne mérites même pas d’être dans cette école, vu les valeurs si peu respectables que tu as, tu mériterais d’en baver dans la vie !
La brune semble ne pas être touchée par mes paroles, elle me rit au nez comme si je n’étais qu’un pauvre bout de poussière.
— Et oui, qu'est ce que tu crois ? Je suis présente depuis le début seulement pour vous anéantir toi et ton frère ! Comme on dit, sois proche de tes amis mais encore plus de tes ennemis. Pourquoi ? Mais tout simplement parce que vous avez toujours eu ce que vous vouliez, vous avez toujours été aimés, idolâtrés ! Alors quoi de mieux que d'être la petite amie du parfait Lucky Loza, être amie avec le parfait petit clan du lycée ! Et puis j'aime détruire les gens, c'est assez drôle à vrai dire. C'est jouissif de se faire passer pour quelqu'un d'autre pour avoir la confiance et après trahir, le temps passe bien plus vite.
Elle s’approche dangereusement de moi.
— Et ça a été plus facile de faire tomber amoureux ton imbécile de frère, lui qui est si romantique et si dépendant de l’affection ! Maintenant que mon but est acquis, je n'ai plus qu'à retourner chez moi ! Je m'excuse envers mon tonton, qui est le directeur du lycée, mais de toute façon j'ai eu ce que je voulais, je n'ai plus rien à faire ici, ma carrière est déjà toute tracée !
Faisant mine de regarder ses ongles, elle laisse cependant son regard de garce me transpercer.
— Et maintenant, tu vas faire quoi avec ton cher Jordan qui sort avec une autre ? Parce que oui, t'avais raison, il te trompait. Mais pas avec cette cruche de Mélanie. T'es tellement bête que tu ne t’es pas respectée en restant avec lui.
Tous les élèves dans la salle lâchent des commentaires, des cris de choc, de surprise ou de fierté.
Incroyable que les plus populaires soient toujours les plus crétins.
Certains lycéens applaudissent et d'autres huent Madison, indignés de son comportement. Non seulement elle a sali et trahi les gens qui l'apprécient, mais elle a aussi mis en péril la réputation et la bonne ambiance dans le lycée de son tonton, pour une raison ridicule et immature.
Mise face à cette terrible vérité, je commence à sérieusement douter de tout et de tout le monde. Qui peut m’assurer avoir été franc, honnête et vrai pendant ces derniers mois ? Qui peut prouver que Madison est la seule maîtresse de ce plan diabolique et immoral ? Qui peut me promettre que les cœurs brisés, piétinés à tort, seront aptes à être reconstruits dans le futur ? Est-ce que je dois vraiment en vouloir à Madison, ou au contraire lui pardonner ses agissements ? Après tout, ce qui ressort de ses paroles ne sont que de la rage guidée par la jalousie, la tristesse et peut-être même des douleurs profondément ancrées en elle. Comme mes parents m’ont toujours dit: Les personnes qui ne sont pas en paix avec elles-même seront en guerre avec le monde entier. J’ai rarement trouvé une phrase aussi véridique.
Sentant mon corps trembler, je tente de me calmer pour ne pas remettre une couche de honte devant des centaines de lycéens qui n’attendent que bagarres et scandales. Je respire en me parlant mentalement.
Je crois cependant que je suis aussi en droit de ressentir toutes les émotions que je ressens en ce moment-même. J’ai le droit de vouloir pleurer et crier parce que la situation n’est pas agréable. Je sais que la douleur que je ressens n’est pas permanente et que si la vérité a éclaté c’est que je suis suffisamment apte à gérer cette épreuve. Cette histoire me servira pour l’avenir, pour ne pas refaire les mêmes faux pas, pour écouter un peu plus les messages reçus par mon corps et ma tête. L’ordre des choses va se remettre dans le bon chemin, tout va s’arranger. Je sais que certains moments seront plus difficiles que d’autres dans le futur mais ce n’est pas grave, je serai capable de gérer, de me relever et de me reconstruire.
Je tente de garder une respiration contrôlée et relaxante, fermant les yeux pour ne pas voir les visages de la trahison. Et même si pour moi la situation se passe en quelques minutes, en réalité seulement une minute est passée depuis mon voyage réconfortant dans ma tête.
Mais c’est sans compter sur Madison qui n’est pas satisfaite par le peu de réaction que j’ai. Prise de colère, elle me bouscule en pensant que je vais rétorquer par la violence. Il est hors de question que je cède à des pulsions violentes, qui me mèneront à des sanctions que je ne mérite en aucun cas.
Je reste donc le plus stoïque possible, bien que se contrôler relève de grands efforts.
La salle de conférence semble avoir une atmosphère pesant des tonnes sur les lycéens, qui ne savent s’ils doivent respirer, bouger ou juste vivre correctement, de peur d’attirer les foudres sur eux.
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