Vide.

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Camille reprenait son souffle dans la véranda fermée à double tour. Son cœur cognait fort dans sa poitrine.

- Maman? 

Seule sa propre voix résonnait dans la pièce.

Elle haussa d'un ton.

-Maman? 

"Peut-être était elle dans la cuisine du garage."

Elle ouvrit la porte qui reliait les deux pièces. La vieille guimbarde n'était plus là. Le ragoût, retiré des mottes, mijotait paisiblement sur la gazinière.

Argol dormait dans son panier. Il leva à peine le museau et se rendormit.

De retour dans le salon, Camille commença à paniquer de nouveau. Son pouls s'accéléra. 

"Où était-elle?"

Elle s'assit dans le fauteuil du salon en se frottant le front et sortit son portable. Au moment où elle cherchait le numéro de sa mère, deux bras sombres aux griffes acérées surgirent et la saisirent. Elle hurla, se débattit violemment. Les mains la relâchèrent un court instant suffisant à la jeune femme pour s'échapper. Elle courut à l'étage, claqua la porte derrière elle et la ferma à clé. 

Des coups réguliers firent tressaillir la porte.

Elle recula et se cacha derrière le lit. 

Des chocs continuèrent à ébranler l'entrée et Camille, dans un état de stress intense, sombra.

De sombres rêves la tourmentèrent. Des visages connus, inconnus. Des bras inquisiteurs la torturèrent. Quand enfin elle reprit ses esprits, les coups avaient cessé. Camille se redressa et ce fut à ce moment qu'elle la vit.

Une enveloppe.

Posée comme un bijou précieux sur l'oreiller blanc.

Un prénom inscrit. Camille.

Elle s'assit sur le bord du lit et décacheta l'enveloppe fébrilement.


Ma Fille.

Je ne sais pas comment débuter cette lettre, cette confession en fait.

J'ai toujours su au fond de moi que ton père avait eu des gestes horribles envers toi mais j'ai occulté tout ça. Je suis impardonnable. Je ne voulais pas y croire jusqu'à ce que ton père me le dise un soir de beuverie voilà quatre mois. Je le hais comme je me hais. Je ne veux pas de ton pardon, je ne le mérite pas. Je ne veux pas que tu comprennes, je ne comprends pas moi-même. J'avais peur de lui. J'ai toujours eu peur de lui. C'est pour cela que je t'ai envoyé en pension. Pour que tu échappes à son emprise car je n'avais pas la force de l'affronter. J'ai gâché ta vie, j'ai gâché la mienne. J'ai tellement honte de ma lâcheté que c'est devenu insupportable de respirer. J'ai laissé une autre lettre au garde-champêtre dans laquelle je lui dis que j'ai tué ton père. Ma vie a été un enfer parsemé de gouttes de bonheur. Tu étais mes gouttes de bonheur.

Je veux juste que tu saches que je suis désolé et que je t'aime ma fille. Je suis tellement fière de toi. 

Je te souhaite une belle vie. La mienne va enfin prendre fin. C'est la seule issue pour ma liberté et la tienne.

Je t'embrasse.

Ta mère qui t'aime.


Camille lâcha la lettre qui plana une seconde avant de caresser le plancher. Elle se laissa tomber en arrière sur le lit.

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