Peut-être un jour aurai-je la moindre logique dans l'ordre des chapitres de cette chronique. Pour le moment je prends les noms de ceux qui cliquent sur ''j'aime'' pour les précédents chapitres et je les ajoute à ma liste (du moins ceux qui ont un pseudo qui ressemble vaguement à un prénom), qui contient déjà des noms que je trouve au gré de mes lectures ou en ouvrant un dictionnaire des prénoms au pif, donc si vous voulez que votre prénom y soit... vous savez quoi faire.

(indice : il ne s'agit pas de faire éditer votre propre dictionnaire des prénoms avec uniquement votre propre nom sur toutes les pages)

Aujourd'hui, donc, c'est Félix qui est à l'honneur !

Félix signifie ''heureux''. Cela, vous le saviez peut-être déjà, à moins que, ''pollués'' par la potion Felix felicis de Harry Potter vous n'ayez longtemps cru que cela signifiait chanceux.

Le bonheur peut être une notion quelque peu subjective, non pas quant à la manière de l'obtenir ou de le vivre (bien qu'il paraît qu'il y ait des gens qui soient heureux sans lire, personnellement je trouve ça difficile à croire mais bon, il faut de tout pour faire un monde...) mais parce que, comme on dit, ''le malheur de l'un fait le bonheur de l'autre'', et réciproquement.

Prenons un homme heureux, et pas n'importe lequel, car il s'agit sans doute de l'un des Félix les plus célèbres de la littérature, ce qui a le mérite d'illustrer ma thèse tout en portant le prénom désigné. Si vous êtes lecteurs de Victor Hugo, vous vous doutez peut-être déjà qu'il s'agit de Félix Tholomyès.

Félix est un jeune étudiant un peu prétentieux, un peu pédant, qui à l'instar de trois de ses amis à une maîtresse. Il est très heureux de cet état de fait, ses parents le sont moins. Ils le rappellent en province, et il abandonne sans un regard en arrière sa maîtresse, une certaine Fantine (surnom venant du mot ''enfant'' auquel on a accolé ''ine'', je parlerai des prénoms en ine dans de futurs articles). Bon, ce n'est pas très sympathique, certes, mais elle aurait pu s'en remettre, comme les trois autres maîtresses des amis de Tholomyès (qui sont également partis en même temps pour la province) sauf qu'elle attend un enfant. Le fait que Félix ait quitté Fantine sans regret ne l'a sans doute pas empêché d'être heureux : il ignorera toute sa vie qu'il a eu un enfant, d'ailleurs, donc rien, apparemment, ne peut l'empêcher d'être heureux dans le fait d'avoir laissé à Paris un amour d'un été qui n'a pas eu le temps de devenir un véritable amour (une amourette, en somme). Mais Fantine devra abandonner l'enfant en nourrice aux Thénardier (en parlant de futurs articles, j'en ferai aussi un sur les prénoms franchement bizarres) pour travailler afin de subvenir aux besoins de la petite Cosette (là aussi, c'est un surnom, petite chose -> cosette), elle finira par se prostituer, ira en prison, mourra de maladie et de froid, la pauvre Cosette ne devra son salut qu'à l'intervention de Jean Valjean et j'imagine que vous connaissez la suite de l'histoire. Pour Félix Tholomyès, toutefois, l'histoire s'est arrêtée au moment où il abandonnait son amourette pour retourner en province. Ignorant qu'il l'avait mise enceinte, il n'avait rien pour le retenir à Paris, rien à voir en regardant en arrière. Il fut sans doute heureux par la suite comme il l'était déjà du temps de l'été parisien durant lequel il avait séduit Fantine. Le bonheur de Félix cohabitait donc avec le malheur de Fantine et celui de Cosette, orpheline très tôt, abandonnée chez les Thénardier qui la battaient et l'exploitaient.

Mais prenons un autre Félix célèbre, Félix Faure, président de la république française de 1895 à 1899. Il est célèbre pour être mort dans les bras de sa maîtresse (bien qu'il soit en réalité mort plusieurs heures plus tard, après avoir fait un malaise en sa présence), situation immortalisée par le dialogue entre le médecin et le garde à la porte des appartements présidentiels :

"Monsieur le Président a-t-il encore sa connaissance ? [= est-il encore conscient ?]

-Non, elle est partie par la porte de derrière.'' [= l'amie de Monsieur le Président est déjà partie]

On ne commentera pas, ce n'est pas le sujet. Entre Félix Tholomyès et Félix Faure, on se bornera à dire que les Félix sont apparemment de bons vivants, attirés plus par les femmes que la nourriture et le bon vin, mais l'un n'empêche pas l'autre. On peut toutefois voir en eux, non pas des bons vivants, mais d'ignobles traîtres : M. Faure était marié mais avait une maîtresse, et Félix Tholomyès a abandonné Fantine enceinte. On peut donc voir en eux, non pas juste des bons vivants, mais plutôt des hommes un peu trop intéressés par les plaisirs de la chair et pas prêts à prendre leurs responsabilités (envers leur épouse ou envers leur enfant). L'étymologie signifie toutefois toujours ''heureux'', donc je ne saurais que trop vous conseiller de réserver ce prénom, peut-être à des traîtres, mais en tout cas à des traîtres qui ont bien profité de leur traîtrise.

Quelques Félix célèbres :

Félix Kir, plus connu sous le nom de Chanoine Kir, homme d'église et politicien (à une époque où c'était encore possible). Oui, il a donné son nom à la boisson. Bande d'alcoolos.

Félix Mendelssohn : compositeur. La marche nuptiale de Mendelssohn, c'est lui.

Félix Faure, président de la république française.

Félix de fiction :

Félix Tholomyès, dans les Misérables de Victor Hugo

Félix, le personnage de Gérard Jugnot dans Le Père Noël est une ordure, qui à l'instar de Félix Tholomyès a mis enceinte sa petite amie, mais veut, lui, la tuer.

Félix Taylor, dans les Enfants d'Asgard de Sarah Walters, où il est lui aussi un traître. Mais comme l'auteur précise en fin de livre que tous les prénoms ont été choisis via l'onomastique (bienvenue au club Sarah !) ce n'est guère étonnant.

Dérivés du prénom :

Félicien, Félicité, Felicity (en anglais), et bien sûr Félicie, aussi.