Chapitre 1
"-Jour 251 de la mission de reconnaissance du Capricorn des mondes inexplorés du système de Scorpio 21. Nous sommes le 13 avril 2256 et je suis le commandant de bord, Jack Eckt Doyle, du HMS Capricorn. Actuellement, nous sommes en chemin pour déterminer le potentiel de la planète Satyre 3. Nous rentrerons à la maison après cette ultime tâche."
Finissant l'enregistrement journalier de nos activités, je décida de me faire plaisir et de me verser un doigt de mon dernier achat.
Je venais juste de prendre mon verre de scotch 50 ans d'âge, une pure merveille en bouche, quand ma commandante en second fit son entrée sur la passerelle de commande.
"-Alors Jet, même pas un petit commentaire sur le fait que t'aies failli tous nous tuer ? ironisa Lys"
Aussi belle que mortelle, Lysandra Tourndall était à peine plus âgée que moi, quelques mois je crois même. Bref, j'voulais... vous savez quoi.
"-Bonsoir à toi aussi Lys, répondis-je avec un petit sourire. Grâce à moi, on gagne 100 jours sur notre mission.
-Ben voyons, enfin c'est plutôt bien pour nous tous nan ?
Elle se pencha vers moi en disant cela et je remercia tous les dieux qui auraient pu donner l'idée aux couturiers de la Confédération de faire de tels costumes !
-Mouais c'est vrai, comment va l'équipage, en forme ?
-Oui oui, me dit-elle nonchalamment. Presser de rentrer."
Je détache mon regard de ses yeux verts émeraudes pour fixer le néant de la galaxie. Du coin de l'œil, je l'observe se déplacer à mes côtés.
Nous restons là, silencieux pendant quelques minutes. Je repense à ma famille que je vais bientôt revoir, j'imagine leurs fierté. Mon père pourrait me féliciter, et y'aurait de quoi. Je suis le plus jeune commandant de corvette, à mes 21 ans, de toute la Confédération Humaine. J'ai même eu la chance de rencontrer le Chancelier Suprême avant le départ de la mission.
"-Monsieur! Le radar a détecté un signal provenant de la planète ! cria le navigateur.
-On peut le décrypter ? demandais-je en courant vers son poste.
-Heu.. En gros, c'est la merde commandant... me dit-il en me regardant.
Je me pencha vers l'écran, accompagné de Lys, pour admirer un magnifique crâne... Il ne manquait plus que les os pour faire pirates.. pensais-je. J'échange un regard avec Lys et je vois la peur dans ses yeux...
Pouah, comment dire ceci, en pensant cela ? En faisant simple, c'est vraiment la merde...
"-Lysandra ! je veux un compte rendu de notre armement dans 10 minutes ! lui criais-je à la figure. Frak, j'veux parler à l'équipage. Tout de suite !"
Tout le monde me regardait avec des yeux de merlan frit. J'étais quoi ? un clown ?
"-Et plus vite que ça bordel !" hurlais-je de toute mes forces
Lys partit en courant tandis que Frack m'ouvrait les canaux de communication. Je décide de terminer mon verre de scotch en réfléchissant à ce que je devais expliquer à mon équipage quand le vaisseau dévia de sa route. Nous étions attirés par un rayon tracteur de grande puissance.
"-Monsieur! cria le navigateur. Monsieur, le signal vient pas de la planète !"
Je me retournais vers lui quand un bruit sourd retentit. L'alarme se mit à hurler, des cris retentirent dans tout le bâtiment, et quand une bonne centaines de personnes gueulent, ben ça gueule sec.
"-D'où viens ce putain de signal ? hurlais-je en me rapprochant du poste de contrôle."
Le vaisseau tangue de partout, je suis quasiment à genoux quand un trou se fait dans la coque. Juste en-dessous de la passerelle se trouvait le réfectoire, pile où se trouve la cavité béante. Effaré, je vois des corps aspirés dans le vide, mais ils n'explosèrent pas ni ne congelèrent comme dans les films. Non, ils s'évanouissaient juste et mourraient. Collé à la vitre, effaré, je vis un vaisseau apparaître.
"-Le signal vient d'un vaisseau inconnu monsieur, dit mon navigateur. Mais je n'ai pas encore sa nature.
-Cherche plus, je l'ai trouvé.. dis-je dépité."
Le vaisseau se stabilisait au fur et à mesure que le bâtiment ennemi se rapprochait. Je retourna m'asseoir dans mon siège. Ce siège qui faisait ma fierté. Mon verre de scotch à la main, j'attendais l'inévitable.
Profitant des minutes qui me reste, j'ouvre le journal de bord.
"Journal de bord, jour 251, 23h30, l’HMS Capricorn tombe aux mains des rebelles. Moi, Jack Eckt Doyle, ainsi que Lysandra Tourndall et tout l'équipage se remettons aux bons soins des dissidents."
Une femme passe le sas, habillé de cuir des pieds à la tête, elle est suivie de 5 hommes armés jusqu'aux dents.
"-Alors Jet, je t’ai manqué? me dit-elle tout sourire.
-Ça faisait longtemps, Leïla… soupirais-je.
Avez- vous déjà ressenti cette incapacité d'action, ce fait d'être présent mais impossible d'interagir avec votre entourage ? Je peux vous le dire, ce n'est pas plaisant, loin de là.
"-Attachait le, ordonna Leila. Emmenez le Léviathan dans une cabine avec un joli hublot."
Elle me regarde avec cet air supérieur qui ne l'avait jamais quitté.
"-J'espère que tu as profité de ton petit équipage ?"
Ce n'était pas une question.
On m'emmène dans une cabine où on entreposait des appareils ménagers.
"-Laissez nous seul, ordonna la femme."
Elle s'approche tandis que j'essaye de m'éloigner le plus possible. Mais la pièce n'est pas la plus grande du vaisseau et je me retrouve vite acculé contre le mur. Sa main s'approche de ma joue et s' arrête à quelques millimètres seulement.
"-Tu sais, me dit-elle dans un souffle. Il fut un temps où on aurait pu être allié toi et moi.
-Ouais, juste avant que tu nous trahisse ! lui crachais-je à la figure.
-Tss, à ce que je vois c'est toujours inutile de te parler. Bien, jasa Leila, on va pouvoir commencer alors."
Elle se dirige vers la porte et chuchote quelques mots à un garde. Elle revient, un petit sourire au coin des lèvres. Là je sais que ce qui va suivre ne va pas me plaire.
"-Je t'invite à te rapprocher de la vitre mon cher."
Anxieux, je fis ce qu'elle m'ordonna, pas par bonté de cœur mais parce qu'un de ses sbires me tenait en joue. Une fois tourné vers l'espace, je vis mon vaisseau, mon Capricorn, et une minuscule cabine de sauvetage bourré à craquer éjectée dans l'espace.
"-Il y a au moins 20 personnes dans cette cabine. Et ils vont tous mourir."
Elle le dit avec un ton tellement détaché que des frissons me parcoururent le dos. Elle se penche vers moi, et me demanda :
"-Tu connais la vieille tradition de la planche des pirates terriens ?
-Tu vas pas osé ? criais-je épouvanté. Ils ont une famille ! Ce sont des êtres humains ! Comme toi !
-Qu'on commence à les faire sortir, dit-elle en me regardant tout sourire.
Mais ils n'ont pas commencé par ceux dans la cabine. Non ce serait trop simple. Ils ont ouvert le sas du Capricorn et... ce qui suivit n'avait rien d'humain. Contraint à regarder mes camarades se jeter dans le vide... Contrairement à ce qu'on peut penser ou voire dans les films, le corps humain n'explose pas dans l'espace. Peut-être par étouffement mais je n'ai vu aucun bout de tripe ou quoique ce soit. Et, bien sûr, comme il fallait s'y attendre, ils ont fait sauter la cabine.
Tomber à genoux, les deux mains contre le mur. Le front appuyé dessus, j'attendais l'inévitable. Mais aucun bruit ne survint, j'avais oublié que dans l'espace l'absence d'air empêchait le son de se propager. Un silence écrasant, impitoyable, glacial, a duré pendant plusieurs minutes. Puis une lumière blanche, aveuglante survint. La cabine avait sauté. Emportant une vingtaine de personnes avec elle
"-Direction la base stellaire, tracter l'HMS Capricorn, le Leader en sera fière, hurla Leïla
Alors là, j'étais sur le cul. Je pense qu'on ne peut pas faire un voyage pire que le mien. On commence déjà par être constamment accompagné d'une beauté qu'on ne peut pas accoster, on doit ensuite explorer des planètes où la flore locale pense qu'à nous bouffer et pour terminer je me fait capturer par des pirates de l'espace !
Je me rapproche du hublot quand j'aperçois la base stellaire Cyclon 3 qui avait disparu en mai 2230. La base avait été modifiée en ajoutant des moteurs supra luminiques qui lui permettaient de "sauter" à travers l'espace. Une flotte stellaire nous attendait.
J'entendais du bruit derrière moi quand j'ai reçu un coup sur la nuque...
J'ouvris les yeux pour observer une nouvelle prison, mais une vraie celle-là. Un homme se tenait devant moi.
"-Bienvenue dans les prisons de la liberté, me dit-il avec un grand sourire."
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