Mes quinze années ont sonné juste au début de l'été 2008. Je peux donc attester que j'ai vécu deux fois cet âge d'or. Pour autant, l'évolution systémique et psychologique d'un humain au cours de ces deux périodes sont bien différentes.

Je considère la quinzaine comme un palier dans la vie d'un enfant. J'ai dit "enfant" ? Oui, c'est approximativement le cas. Bien qu'avant cet âge nous commençons à effleurer du doigt les aspects d'une vie d'adulte et de ce que tout cela comporte, ce n'est qu'à partir de cette année charnière que nous comprenons le principe de "responsabilité". D'aucuns pourraient me répondre qu'un adolescent de quinze ans n'a aucune notion de rien. Je pense que si, au contraire. C'est à ce moment que l'humain, de notre civilisation, prend des décisions pour son avenir, de l'autonomie dans les choix qui s'imposent à lui. Tout du moins, c'est ce que moi j'ai ressenti à cette époque.

Les personnes de ma génération ont été assaillis de pléthore d'informations au sujet du sexe. Dans les publicités à la télévision, dans les séries, dans les films, mais aussi et surtout, grâce (ou à cause, chacun jugera) à l'essor d'internet. Je me souviens d'une scène dans la série "Une nounou d'enfer" (Oui, Netflix n'existait pas à l'époque, les smartphones tout juste, impossible donc de s'échapper regarder autre chose ailleurs), j'étais assise sur le canapé avec ma mère et mon père. De là, Fran "grimpe" de façon suggestive sur Maxwell. Je peux vous assurer que le rouge m'est monté aux joues très rapidement. Pourtant, j'avais 15 ans. Je ne viens pas d'une famille où il est courant d'aborder le sexe. Vous imaginez donc aisément que ma mère ne m'a jamais acheté de livre traitant de ce sujet.

Mon avis sur la sexualité, je me le suis fait seule. Au travers des séries du style "Les Frères Scott", "Gossip Girl" et autres. J'avais donc une vision assez romantisée de "la chose". Je gardais obstinément le côté fleur bleue de l'enfance alors que je tendais à devenir une adulte, à développer mes propres envies. C'est à cette période-là que j'ai vu pour la première fois les "American Pie". Bien que la plupart des sujets soient évoqués avec humour, j'ai découvert une deuxième façon de voir le sexe. La notion de plaisir, d'ivresse. Pour autant, malgré cela, je voyais toujours le sexe comme une résultante de l'amour. Et c'est une conviction qui, plusieurs années d'expérience après, reste gravée en moi.

A mon humble avis, ne pas accorder aux jeunes qui se construisent le droit à une information maîtrisée, tandis qu'ils peuvent s'abreuver de contenus inadaptés sur bien d'autres supports, est une ineptie. Je suis heureuse d'avoir eu accès, en ce temps-là, à plusieurs points de vue. Cela m'a permis de me définir et donc, à passer à l'âge adulte.