Pouce
Enfin, ils se sont arrêtés.
Je ne sens plus les coups
Sur ma peau craquelée,
Ne subis plus le joug
De leurs fusils braqués,
Je ne sens plus le goût
Des épaisses fumées
Qu'ils me crachaient absous
De toute vanité.
Enfin, ils se sont arrêtés.
Et je sens dans mes veines
Se répandre l'effet
De poisons plus obscènes
Que leur impunité.
Je sens mes bronches pleines,
Mes poumons écrasés,
Je ne suis pas certaine
De pouvoir respirer.
Enfin, ils se sont arrêtés.
Et en ouvrant les yeux
Sur mon corps molesté
Je constate les bleus
Et les trous des forets
Que tous les envieux
Sont venus enfoncer,
Assoiffés, convoiteux,
Prêts à tous les forfaits.
Enfin, ils se sont arrêtés.
Je ne les entends plus,
S'agiter, s'échauffer,
Ils semblent disparus,
Et, à proximité,
Le chahut de la rue
Semble s'être muté
En un silence nu.
Serais-je ainsi sauvée ?
Enfin, ils se sont arrêtés.
De quoi ont-ils eu peur ?
M'ont-ils abandonnée ?
Ont-ils fait une erreur ?
Reviendront-ils armés ?
De mes plus violents agresseurs
Chaque minute, libérée,
Me laisse le plaisant bonheur
De réapprendre à exister.
MH.
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