Rêverie
Ferme les yeux, et ouvre le champ des possibles,
Rejoins ce lieu, où tu es le seul admissible.
Vois ce jardin, ce grand bougainvillier fleuri,
Et le festin, que nos hôtes nous ont promis.
Approche-toi, mine distraite et hésitante.
Non loin de moi, prend cette place, restée vacante.
Singe mon jeu, rends moi mes regards impassibles,
Alors qu'un feu cerne ton cœur incombustible,
Et que le mien, depuis des siècles infinis,
Brûle d'un rien, quand c'est de toi dont il s'agit.
Attablés-là, parmi les discussions bruyantes,
Entends, en moi, sa vive flambée crépitante.
Viens peu à peu, y faire fondre l'insensible,
Et, de ton mieux, fends le mur de l'inaccessible,
Frôle ma main, souris à mes bouffonneries.
Défie, serein, mes convictions et mes avis.
Éblouis-moi, par tes tirades éloquentes,
Et laisse-toi, séduire par mes engageantes.
Moi, je ne veux qu'être ta complice infaillible,
Qu'un jour, à deux, nous puissions nous dire invincibles.
Qu'au frais matin, quand prendra fin ma rêverie,
Tu pinces bien, mes jolies joues cent fois rougies.
Ainsi, suis-moi, laisse le monde qui s'enchante.
Il n'a pour toi, que des pensées désobligeantes.
Fais de mon vœu la plus sérieuse de tes causes,
Je fais du tien, la plus inspirée de mes proses.
Fou, rejoins-moi, derrière les bosquets de roses,
Délivre-toi de ton carcan sombre et morose,
Puis offre-moi, ce baiser que jamais je n'ose,
Voler à toi, quand mes paupières, ne sont pas closes.
MH.
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