Alors que le matin laissait place à un après-midi ensoleillé, Elion déambulait dans les rues animées d'Altheria. Les marchands criaient pour attirer les clients vers leurs étals colorés, les enfants couraient avec insouciance, et les bardes jouaient des airs joyeux. Cependant, une mélodie particulière, douce et mélancolique, attira son attention.

Il suivit le son jusqu'à une petite place ornée d'une fontaine sculptée. Là, un homme d'âge moyen, aux longs cheveux noirs et à la barbe soignée, jouait d'un cithare avec une passion évidente. Autour de lui, une foule s'était rassemblée, suspendue à chaque note. Une petite pancarte à ses pieds indiquait : "Mes mots sont ma musique."

Intrigué, Elion s'approcha et s'assit sur un banc en face du musicien. À mesure que les heures passaient, il observa l'interaction silencieuse mais puissante entre l'artiste et son public. Chaque mélodie racontait une histoire, chaque accord évoquait une émotion.

Lorsque la place commença à se vider, le musicien rangea son cithare et s'assit à côté d'Elion. Il sortit un carnet et écrivit : "Vous avez écouté pendant des heures. Pourquoi?"
Elion répondit : "Il y a une profondeur dans votre musique qui parle directement à l'âme. C'est comme si vous racontiez votre vie à travers ces mélodies."

Le musicien sourit et écrivit à nouveau : "Chaque note est un mot que je ne peux prononcer, chaque mélodie est une phrase de mon cœur. La musique est mon refuge."

Au fil de l'après-midi, les deux hommes échangèrent ainsi, parlant de la vie, de l'art, et des épreuves que chacun avait traversées. Elion apprit que le musicien, nommé Lorian, avait perdu sa voix à la suite d'un traumatisme, mais avait trouvé dans la musique une nouvelle façon de s'exprimer.

Alors que le soleil commençait à se coucher, Lorian tendit à Elion un violon ancien. "Jouez pour moi," écrivit-il.

Elion, bien qu'hésitant au départ, prit l'instrument et commença à jouer. Les deux musiques s'entremêlèrent, racontant une histoire d'espoir, de perte et de renaissance. La place, qui s'était à nouveau remplie, retint son souffle face à ce duo impromptu.

Lorsque le dernier accord fut joué, Lorian prit le carnet une dernière fois : "Merci. Ce soir, nous avons parlé sans dire un mot."

Tandis que la nuit enveloppait Altheria, Elion repensa à cette journée et à la leçon qu'elle lui avait apportée : la communication ne dépend pas toujours des mots, mais de la capacité à écouter et à ressentir.