Critiques sur ma manière de lire (et d'écrire parce que c'est un peu lié quand même)

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Il faut le reconnaître, ces derniers temps, je suis assez mauvais lecteur. Lecteur, certes, mais mauvais lecteur tout de même. Il suffit d’une phrase un peu mal tournée, une simple maladresse ou une pauvre incompréhension pour que mon regard grippe. Et lorsque cela se produit, une cascade de problèmes s’enchaînent à mes yeux, qui s’accrochent au moindre accroc, transperçant le tissu littéraire pour s’écraser dans la réalité.

Le problème, quand on est lecteur, c’est que le récit est censé nous plaire. Le fond, dans mon humble conception, est bien plus important que la forme, que ce soit par ses tournures ou sa géométrie. Or, moi, je suis à fond dans la forme. Même lorsque je m’attache au fond, je m’attache à la forme du fond, et cela ne me fait pas fondre pour autant. Et quand on se forme à ne voir que les enchaînements de mots plus que ce qui les dépasse, on finit par toucher le fond.

Je n’ai pas forcément détesté toutes les histoires. Déjà, il faudrait que je les aie lues avant de pouvoir les aimer ou les détester, c’est évident. Le lecteur est juge, et comme je suis mauvais lecteur, je suis mauvais juge. Je critique, mais je ne construis pas, et donc tout s’effondre. Et même quand je critique bien, je suis à côté de la plaque ; c’est tellement facile de rater sa cible.

Le pire, c’est quand on arrive à la fin de l’histoire. En bas, en encadré, « Votre texte ». Quel texte ? Une critique ? Des louanges ? Une blague déplacée qui va elle aussi tomber à côté de la plaque ? La suite ? Je dois être aussi écrivain en plus de lecteur ? Mais quand on est mauvais lecteur, on est forcément mauvais écrivain ? Donc en plus de ne pas juger son histoire à sa juste valeur, je dois écrire la suite à la place du créateur parce que l’on me demande ? Ou parce que je l’interprète tel quel ? Bref, je critique ce que j’aurai écrit différemment, donc je suis mauvais lecteur, ce qui fait que je suis mauvais écrivain, ce qui fait que j’écris différemment mes propres textes, ce qui fait que je suis mauvais lecteur, ce qui fait que je suis mauvais lecteur, etc.

Même mes fins de paragraphes sont maladroites ; « Etc ». Qui finit un paragraphe par « etc » dans une histoire ? Qui finit son histoire par « etc » ? Trois lettres, jetées dans la soupe littéraire pour dire qu’on a plus envie d’écrire et qu’on laisse le lecteur se débrouiller pour comprendre la suite. Et forcément, le lecteur, il l’a en travers la gorge : « Non mais oh ! Je fais l’effort de te lire parce que franchement, ma journée elle était pas sensas’, et tu veux que j’imagine l’histoire à ta place en plus ? Non mais si c’est ça moi aussi je vais t’écrire des histoires regarde : etc. Magnifique, on a le e pour le début, le t pour le tronc et le c pour la fin. Bravo ! Bravo champion ». Oui, en plus j’imagine les lecteurs de mes textes, ça aide à voir que, dans tous les cas, tu t’es foiré.

On peut tenter de briser la boucle, arrêter de mal écrire, pour mal lire et donc mal juger. Ou au moins, je peux essayer de la briser pour moi, individu s’identifiant pour l’instant à l’écrivain. Il faut que je retrouve mon erreur originelle, mon péché si j’étais croyant, mais je ne fais pas d’assez grosses prises de tête pour croire. Commençons donc cette recherche en lisant un texte que je suis en train d’écrire pour critiquer mes propres lectures.

Bon, l’amorce ça va. Le poisson mord, c’est l’idéal. Par contre cette métaphore filée, elle s’effiloche à la première phrase. Et puis l’allitération en fond, c’est pas non plus folichon. Et maintenant je me pose des questions ! Mais je suis pas là pour poser des questions ! Je vais pas écrire-lire un texte censé m’arrêter de questionner mes lectures pour en introduire des nouvelles. C’est le serpent qui se mord la queue, pour la deuxième fois en plus. Franchement c’est n’importe quoi ce que je lis-écrit.

ET MAINTENANT JE DÉVELOPPE ETC ! C’est quoi ces histoires ? C’est plus des histoires, c’est du charabia intellectuel qui ne sert à rien ! À RIEN JE VOUS DIS ! Je suis à deux doigts de mettre du blanco sur mon ordi. A DEUX DOIGTS ! Arrête d’utiliser des majuscules. JE FAIS CE QUE JE VEUX ! C’est moi qui suis en train de lire alors tu fais ce que je dis ! ET C’EST MOI QUI DOIS TAPER TES BÊTISES EN BOUCLE ALORS POUR UNE FOIS JE VAIS ÉCRIRE CE QUE JE VEUX ! NON TU N’AS PAS LE DROIT ! ARRÊTE D’ÉCRIRE AVEC DES MAJUSCULES ON NE S’ENTEND PLUS ! M’EN FICHE T’AVAIS PAS QU’À COMMENCER ! C’EST PAS MOI QUI AI CHOISI DE LIRE-ÉCRIRE UN TEXTE SUR LE FAIT LIRE-ÉCRIRE POUR ARRÊTER DE SE QUESTIONNER SUR SA MANIÈRE DE LIRE-ÉCRIRE . Oui t’as raison c’est stupide on arrête. Ok.

De toute façon, les critiques de ce genre, ce sont des écrits-vains.

OH JE VAIS ME LE FAIRE !

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