Une visite inattendue

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 Ce soir c’est le réveillon ! Encore une fois, comme chaque année.

 À travers la fenêtre, on aperçoit vaguement la haie du jardin noyée dans le brouillard. Dehors il fait à peine quelques degrés au-dessus de zéro, il fait froid et humide. Ce n’est pas vraiment le temps idéal du « Noël blanc » pour ceux qui ont la chance de ne pas le passer dans la rue, mais on s’en approche. C’est juste un peu plus terne et morne. Les guirlandes qui clignotent donnent des couleurs étranges à la brume.

 Dans la cheminée du salon, des braises rougeoient paresseusement, laissant échapper en sifflant une légère fumée. Il y règne une douce chaleur. Il plane dans l’air un parfum. Un mélange de fumée et de cette odeur de parquet ciré si particulière en ce jour précis. Comme une odeur d’attente, mêlée d’angoisse et d’impatience. Le sapin scintille sans faire de bruit.

 Dans la salle à manger, la table a déjà été dressée, avec une nappe blanche, dessus, la vaisselle des grandes occasions qu’a donnée grand-mère avant de s’en aller vaquer à d’autres occupations loin des contingences matérielles. Une poignée de paillettes en formes d’étoiles et de lunes a été dispersée au centre. Quelques bougeoirs viennent également agrémenter le tout. Ici aussi tout est calme, comme si les meubles se retenaient de grincer pour ne pas venir troubler la quiétude de la maison.

 Dans la cuisine, Caroline s’affaire aux fourneaux. Une blonde assez élancée. Un visage très doux auquel des sourcils foncés et des yeux d’un marron presque noir viennent ajouter une petite note de sévérité illusoire. La trentaine lui va à ravir. À ses côtés, des petites mains lui viennent en aide. Ses jumeaux, Aliénor et Bartholomé, âgés d’environ huit ans, décorent des sablés en patouillant joyeusement dans les divers glaçages colorés. Elle aimait bien ces prénoms, et ça l’amusait de pouvoir surnommer ses enfants « A » et « B » avec leurs initiales.

 Ils s’appliquent pour ne pas déborder et ajouter des petits éléments de décoration en sucre. Quand elle a le dos tourné, ils en profitent pour se lécher avidement les doigts et engloutir un biscuit au passage. Elle n’est pas dupe, et les gronde régulièrement en leur disant qu’ils n’auront plus faim à l’heure du repas. Mais son regard joyeux la trahit, elle n’en a que faire. Elle profite juste de ce moment de bonheur simple. L’après-midi se déroule dans un calme relatif, ponctué d’éclats de rires et d’effusions d’affection au milieu des gâteaux et des plats qui commencent à prendre forme.

 Il fait nuit depuis un peu plus d’une heure quand un bruit de clef jouant dans la serrure se fait entendre. « Oh non, pas maintenant, c’est trop tôt ! » pense fortement Caroline, se retenant d’exprimer sa pensée à haute voix. La clef est hésitante, il se passe près de trente secondes avant que le verrou ne se déclenche.

 L’ambiance festive retombe d’un seul coup. Les sourires s’éteignent, les traits se figent. Les mouvements s’arrêtent dans leur élan, même la lumière à l’air de baisser. Les yeux des enfants et de la maman roulent en tous sens, en proie à la panique. Elle les prend dans ses bras et les serre contre elle. Elle se retient de se jeter sous la table, comme si un bombardement était imminent.

 – T’es là connasse ?

 Les mots tombent, aussi pâteux que de la gelée de coin s’écrasant sur un mur. Pourtant, ils résonnent secs et tranchants dans l’esprit de Caroline et aussi des enfants, qui se recroquevillent encore plus.

 Des pas avancent dans le couloir, plutôt incertains. À quelques reprises, des bruits plus sourds se font entendre. Probablement des mains qui essaient de rattraper un équilibre plus que douteux, et ne font que cogner sur les murs.

 – Putain c’est quoi encore cette merde que t’as collée sur la nappe ? Même pas foutue de faire une table propre.

 Quelques secondes plus tard, un vacarme assourdissant de vaisselle et de verre cassé retentit.

 Dans la cuisine, des larmes perlent. Bientôt, elles viennent rouler sur les joues avant de s’écraser au sol avec des petits « plocs » qui s’excuseraient presque de faire autant de bruit. Dans l’attente de la tempête qui s’approche inéluctablement.

 Une main ouvre la porte avec violence et l’envoie claquer contre le mur. David entre, il se cogne l’épaule sur le montant et manque de basculer. Un juron se perd en borborygmes nauséeux. C’est un gaillard impressionnant, pas loin de deux mètres et une carrure en conséquence. Il a des cheveux bruns, avec quelques mèches tombant sur le front, un visage assez carré, avec des yeux verts. Ce qui avait fait craquer Caroline il y a longtemps.

 Maintenant elle ne supporte plus ce regard, surtout quand ses globes oculaires sont injectés de sang comme ce soir. Il empeste l’alcool et le tabac froid. Derrière, elle perçoit un parfum qui n’est pas le sien. Elle se dit que la patronne de son bar attitré a dû finir par le flanquer dehors étant donné son état. Elle se demande comment il fait pour payer ses boissons depuis qu’il a été renvoyé. En fait, elle préfère continuer à se le demander, ce qu’il sent ne laissant guère de doutes. Elle ne comprend pas comment il peut faire ça, ni elle se laisser faire.

 Ils sont ensemble depuis le lycée. Tout était merveilleux au début. Elle ne sait plus comment tout à commencé à basculer, comment le rêve s’est transformé en cauchemar. Par petites touches. Des remarques blessantes, des gestes déplacés. Petit à petit, il a fini par faire disparaître sa garde-robe, lui interdisant de porter des jupes courtes, encore moins des minis. Il a tout remplacé par des habits informes, plus de chemisiers, plus de décolletés. Sa lingerie aussi a été remplacée, rien que du fonctionnel. Il disait qu’il ne voulait pas se promener avec une pute au bras dans la rue.

 Il est devenu d’une jalousie maladive, il ne supportait pas qu’un homme lève le regard sur elle. Ni qu’elle en regarde d’autre que lui. Il lui intimait l’ordre de regarder le sol dès qu’ils sortaient. Elle n’a jamais compris pourquoi il n’était pas plutôt fier de sortir avec elle, qu’on les voit heureux, habillés normalement. Elle, elle aimait qu’on regarde son homme, ça lui faisait plaisir qu’on lui reconnaisse son bon goût en la matière. Elle se sentait privilégiée d’être avec lui, et aurait tellement voulu que ce soit réciproque. Elle ne se souvient plus pourquoi elle s’est laissée faire, humiliation après humiliation, privation après privation. Elle l’aimait comme une folle. Et elle se dit que ça l’a rendue complètement conne. Difficile de voir la route quand on a la tête dans le guidon.

 – J’vais t’en donner moi des leçons de cuisine, salope ! dit-il en envoyant voler d’un revers de bras tout ce qui se trouvait sur la table.

 – Y’a encore un de ces culs-terreux qu’est v’nu ici pour t’baiser quand j’avais l’dos tourné ! C’est pour ça que y’avait plein de terre sur la nappe, hein sale pute ?

 La bouche de Caroline forme un non silencieux entre les sanglots qu’elle ne retient plus.

 – Et surtout me mens pas ! J’aime pas ça. J’sais qu’tu mens, j’vais t’apprendre moi c’est qui qu’est l’chef ici !

 D’un geste vif qui surprend tout le monde, il allonge deux claques aux enfants qu’il envoie voler sans ménagement dans le salon.

 – J’m’occupe de vot’mère, et après j’m’occupe de vous. Y’a des gens qui viennent ici sous mon propre toit, et vous m’prévenez même pas. Vous la protégez cette truie, mais moi j’sais. J’vais vous apprendre à t’nir vot’langue, vous allez vous en rappeler, j’vous l’promet.

 Sur ce, il claque la porte en commençant à défaire sa large ceinture en cuir.

 – Je t’en supplie, ne fais pas de mal aux enfants !

 – Ta gueule ! Ça ouais, tu vas me supplier, tu vas en vouloir encore, tu vas voir.

 Claquements secs, cris stridents, bruits de coups, hurlements.

 Le frère et la sœur se relèvent en pleurs et vont se réfugier derrière la banquette. Ils se tiennent aux bras l’un de l’autre. Ils savent que l’orage va s’abattre sur eux très bientôt.

 Pendant qu’ils essaient de ne pas entendre ce qui se déroule à côté, des sons inhabituels provenant de la cheminée viennent s’ajouter aux cris étouffés. Comme des frottements de quelque chose qui serait coincé dans le conduit. Ils se relèvent doucement et risquent un œil au-dessus du dossier, en direction de l’âtre où le feu a fini par s’éteindre.

 Des paquets de suie viennent s’écraser au sol en dégageant d’opaques petits nuages noirs et denses, entourés de cendres grises qui retombent comme de la neige.

 Ensuite deux énormes bottes noires avec de grosses boucles argentées viennent s’ajouter à la pluie de suie. Bientôt suivies par deux pieds gigantesques, dont un avec une chaussette trouée laissant échapper un gros orteil avec un ongle jaunâtre. Et tout le reste du corps finit par arriver également.

 Un homme se redresse, tout de rouge vêtu avec de la fourrure blanche au bas de son pantalon et tout autour de sa veste. Enfin, on devine plus qu’on ne voit les fameuses couleurs reconnaissables entre toutes. Le bonhomme est immense, il fait au moins deux têtes de plus que le père des gamins. Il s’époussette brièvement et sa tenue redevient aussitôt propre et immaculée. Il secoue son bonnet et l’enfile sur sa longue tignasse un peu grasse.

 Les deux enfants n’en reviennent pas, ils le regardent avec des yeux aussi ronds que la bouche. Se demandant s’ils rêvent et comment un type aussi gigantesque a bien pu passer par la cheminée.

 – Ben alors les mioches, me dites pas que vous croyez déjà plus au Père Noël ? Dit-il d’un ton bourru en secouant sa grande barbe blanche.

 Ils opinent du chef en signe d’acquiescement, n’osant répondre de vive voix.

 – OK, j’arrive un peu tôt et vous devriez être couchés quand je me pointe bande de filous. Mais j’ai comme ouïe dire qu’il y avait urgence. Alors faites comme si j’étais pas là, d’accord ?

 Nouveaux signes de tête pour montrer qu’ils ont compris.

 Sur ce, le Père Noël se dirige vers la cuisine sans faire craquer la moindre latte de plancher. La fratrie se regarde bouche bée, comment cela est-il possible ? Ils n’ont jamais réussi cet exploit, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Par la fenêtre, ils aperçoivent la tête d’un renne au nez rouge, qui exhale des nuages de vapeur par ses naseaux, et viennent former des traces de buée sur les carreaux.

 Le géant donne un grand coup de pied dans la porte et la pulvérise sans avoir l’air de peiner. Il sait soigner son entrée.

 – Oh oh oh, mais qu’est-ce que je vois là, on commence le réveillon sans même m’avoir invité ! C’est pas joli-joli.

 Caroline est à plat-ventre sur la table, la joue entaillée par des éclats de verre brisé. David est derrière elle, lui tenant les mains dans le dos, le pantalon lui tombant sur les pieds. Estomaqué, comme un gamin pris en flagrant délit les doigts dans le pot de confiture, il regarde les éclats de bois voler en tous sens. Il a les yeux vitreux, la lèvre inférieure qui pend avec un peu de bave. Son sexe adopte la même attitude. Il reste sans réaction, les bras ballants.

 L’invité surprise ne lui laisse pas le temps de reprendre ses esprits et se précipite sur David. D’une main il le saisit par le cou et le soulève du sol comme s’il n’était pas plus lourd qu’une poupée et le secoue vigoureusement. Il sourit en regardant son pénis s’agiter comme un ressort. De l’autre, il redresse doucement Caroline. Avec un geste rempli de douceur, il retire les morceaux de verre sur sa joue et lui relève ses habits déchirés pour cacher sa nudité.

 – Surprise mon coco, c’est Noël un peu avant l’heure ! Vous voudrez bien m’excuser cette entorse au règlement. Je suis venu vous apporter quelques cadeaux, et comme le veut la bienséance, les dames d’abord.

 Il repose David au sol qui commençait à étouffer et devenir tout rouge. Il ne desserre pas son étreinte pour autant. Sans ménagement, il le pousse vers le plan de travail et lui écrase la tête dans les aspics de saumon encore épargnés jusqu’ici. À son tour, il baisse son pantalon.

 – Et voilà, c’est l’heure de la dinde farcie maintenant ! T’as pas été sage, mais t’auras quand même ton cadeau. Ça me changera des rennes. Et je fais d’une paire, deux couilles si madame me passe l’expression. Je libère madame de ton infâme fardeau, et je te donne ce que tu as toujours voulu au fond de toi. Mais t’es trop con pour avoir assumé pleinement ce que tu es. T’as tout refoulé au point de détruire des innocents, te réfugiant dans ta paranoïa au lieu d’avoir le courage de suivre ton chemin. On est au vingt-et-unième siècle bordel ! Même si les mentalités régressent et que l’intolérance s’élève au rang de vertu, il y a toujours des lumières pour éclairer la route. On n’est plus au moyen-âge bordel ! Enfin, pas partout. Toi t’aurais pu en être une de ces lumières, mais non. T’as préféré te fondre dans le troupeau. Regarde ce que t’as fait, t’es fier de toi ?

 Pendant qu’il pérorait en donnant des coups de boutoir sous le regard horrifié de Caroline, David essaie de se débattre. Il bouge frénétiquement les bras. Sa main droite finit par tomber sur un gros couteau à viande. Il s’en empare fermement, lance son bras en arrière et plante la lame dans la cuisse du Père Noël.

 Celui-ci hurle sous la douleur tout en reculant d’un pas. Il n’en faut pas plus à David pour se retourner et se jeter sur l’intrus. Sous le choc, les deux hommes s’effondrent sur la table qui casse sous leur poids. Un corps-à-corps s’engage. Caroline se met à rire de façon hystérique en voyant ces deux forces de la nature s’empoigner comme des gréco-romains, le cul à l’air et les pieds emberlificotés dans leurs pantalons baissés.

 David se débat comme un beau diable, mais il se rend vite compte du sens de l’expression « ne pas faire le poids ». Bientôt, son assaillant se retrouve assis sur son bassin, empêchant tout mouvement. Ses mains serrées autour du coup de David. Il tente de se dégager, mais c’est peine perdue. Il réussit quand même à reprendre le couteau et perce la cuisse à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il se coince.

 Malgré la douleur, le Père Noël ne se relève pas. Pris de fureur il pose ses pouces sous les yeux de David et appuie comme un forcené, jusqu’à ce qu’ils sortent de leurs orbites avec un chuintement visqueux. Il continue de serrer si fort que la tête de David se retrouve réduite en bouillie, accompagnée d’un craquement sinistre et d’un « plotch » gluant. Un peu comme lorsqu’on malaxe de la viande hachée à pleines mains. Ensuite, il attrape les yeux et les balance nonchalamment par-dessus son épaule. Les enfants toujours cachés derrière le canapé voient voler deux boules blanches et rouges qui viennent finir leur course dans le sapin.

 – Et voilà, la touche finale qui manquait à la déco ! Déclare-t-il d’un air satisfait. Heureusement que j’étais pas complètement énervé, sinon j’aurais bien ajouté quelques intestins. Mais il y a des enfants ici, un peu de retenue ne fait pas de mal.

 Caroline est appuyée au bord de l’évier, se demandant combien de temps elle va tenir avant de vomir ou s’évanouir. Elle ne sait pas vraiment ce qui va arriver en premier lieu. Le Père Noël s’essuie sa veste puis se met à genoux devant elle. Il lui prend délicatement la main qu’il gratifie d’un baiser aussi doux qu’une caresse. Caroline ne peut réprimer le frisson qui l’envahit. Elle le trouve agréable et à aussitôt honte d’elle.

 – Vous croyiez que ça sert à quoi de s’habiller en rouge ? Heu, bon, bref, je suis désolé, ça ne s’est pas déroulé tout à fait comme prévu. Il y a eu un léger incident dans le déroulement du plan. Quoi qu’il en soit, ne vous inquiétez pas, je vais tout arranger. Personne ne saura jamais rien de ce qui s’est passé ici, il n’y aura plus aucune trace de David, si j’ose dire. Vous n’aurez qu’à dire qu’il est parti à l’étranger. Tout le monde pourra vérifier, ce sera vrai. La semaine prochaine, vous pourrez vous pointer au travail de votre choix, vous serez accueillie à bras ouvert avec un salaire confortable. Les enfants oublieront ce qu’il vient de se passer, vous aussi si vous le souhaitez ?

 – Je ne sais pas, non, je veux me rappeler. Murmure-t-elle dans un souffle.

 – Bien, dans ce cas, allez rejoindre vos enfants, j’en ai pour cinq minutes.

 Ce qu’elle fait. Elle s’assoit avec eux et pleure à chaudes larmes dans un concert de reniflements.

 Cinq minutes plus tard, il se met à quatre pattes devant les enfants qui battent des pieds terrorisés en essayant de repousser la banquette pour s’éloigner du géant. Il se penche en avant et les gratifie chacun d’une bise sur le front qui les fait s’endormir aussitôt. Il se redresse et adresse une courte révérence à Caroline. Il la regarde droit dans les yeux. Elle pleure de plus belle en voyant au fond de son regard plein d’empathie l'infinie détresse et toute la misère du monde qu’il y a en lui. Il chuchote :

 – Je suis désolé, je suis comme ça, j’apporte ce que les gens veulent vraiment, c’est ma joie et mon fardeau.

 Il s’approche de la porte-fenêtre.

 – Vous ne m’en voudrez pas si pour une fois je sors d’une façon normale ?

 – Non, non, je vous en prie. Dit-elle en agitant la tête de droite et de gauche.

 Il sort et monte dans son traineau qui commence à s’envoler au rythme des grelots accrochés aux cous des rennes. Il disparaît très vite.

 Elle regarde autour d’elle, à la fois perdue et soulagée. Tout est à sa place, comme si rien ne s’était jamais passé, la cuisine est impeccable. Les plats fumants sont posés dans la salle-à-manger.

 Par la cheminée elle entend dans un lointain écho :

 – Oh oh oh, à l’année prochaine, joyeux Noël !

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