Poussières
Une petite luciole de poussière, lente et dorée, entre deux pénombres.
Deux pénombres que sépare un rayon oblique de soleil, telle une épée intangible transperçant les ombres. Et, dans la lame d'or fantôme dansent de minuscules particules. Et autour, à part les pénombres jumelles où s'esquissent des silhouettes de meubles, il n'y a que le silence. Un silence frais dans les ombres, un silence tiède dans le rayon de soleil.
Et, au milieu du silence, des ombres, du rayon, une petite luciole de poussière. Une petite luciole de poussière parmi d'autres petites lucioles de poussière.
Invisibles dans les ténèbres ternes de la pièce, voilà que sous la caresse du mince rayon, elles s'allument brusquement, comme autant d'étoiles miniatures insoupçonnées.
Ensemble, elles tissent un firmament paresseux, que le moindre souffle suffit à bouleverser.
C'est un firmament d'or sur fond d'ombres, une voile lactée de flocons miniatures et lumineux.
Doucement, les étoiles-flocons de poussière passent. Elles s'embrasent, avancent puis, au contact des ombres, s'évanouissent ; d'autres les remplacent alors. Encore et encore, dans un lent ballet bien réglé.
Mais le soleil décline, le rayon s'éteint, et s'éteignent avec lui les petites étoiles dorées. Dans la pièce, il n'y a plus que la pénombre, à nouveau entière. Pourtant, il reste sur la rétine et dans la mémoire l'image émue d'un instant de poussière...
Annotations
Versions