[je ne suis pas responsable de la traduction de ce conte, c'est mon collègue Caban qui s'en charge]

Mon père me raconte souvent l'histoire. Un jour qu'il était en âge d'apprendre les chemins et que la caravane avançait sous un très fort soleil au milieu d'un désert, son père lui dit "Prend un chameau et trouve une oasis sur notre route, car nous les pères n'avons jamais marché ce chemin, et le grand père a les souvenirs qui se percent".
"Reviens dans X jours, car sinon notre eau viendrait a manquer".

Le père prend un chameau, une outre, et un peu de viande.

Il marche un journée, mais son chameau a soif, alors il lui donne de l'eau.
Le deuxième jour, un faucon voit sa nourriture et tombe sur lui pour lui voler. Le faucon percé son outre, et il lui reste peu d'eau.
Le troisième jour, alors qu'il installait sa natte lorsque le soleil rebrousse chemin, un serpent le mord. Il passe la nuit dans la fièvre.
Le quatrième jour, le soleil est au dessus de lui et le brûle. Sa vision devient comme un reflet dans l'eau, et il chute par dessus le soleil.

Il se réveille au bord d'une oasis, devant un manchot accompagné d'une chèvre maigre comme un squelette et d'une outre percée. Le vieux manchot lui dit "Tu as soif, tu as mal et tu es perdu. Le soleil t'as brûlé si fort qu'il a roulé sous toi. Mais joue avec moi, et peut être je te ferai un cadeau si tu gagnes."

[le jeu nous prend encore beaucoup de temps, mais nous savons déjà qu'il implique de jouer avec trois pions qui représentent trois éléments: le chemin, le soleil et l'eau]

Le père gagne. Le manchot arrache une dent de la chèvre maigre, crache dans son outre percée et en fait tomber une goutte sur la dent. Pousse alors dans le sable une pomme a la peau comme du cuir tanné.

Le manchot lui dit:
"Mange ce fruit et tu pourras reprendre ta route. Garde en trois pépins. Tu en plante un lorsque tu perd ton chemin. Tu l'arrose. Ainsi, tu auras toujours un repère. Tu en plante un autre lorsque tu crois que tu vas faire ton dernier pas. Tu l'arrose. Ainsi, chacun saura où a commencé ta marche dans le noir, et sera averti. Tu en plantes encore un lorsque tu trouve une oasis. Et tu l'arrose."
Le père demande pourquoi, et le manchot lui dit "Il est toujours bon d'avoir un peu d'ombre au bord de l'eau".

Le père se réveille, mais la blessure est toujours forte, et il n'a plus d'eau. Pour prendre des forces, il mange le fruit, et en garde trois pépins, car il se souvient du chemin indiqué par le manchot.

Il marche encore un jour, mais ses jambes sont lourdes et son souffle se raccourcit. Il pense que sa marche se finira bientôt. Il commence à creuser le sable pour planter un pépin. Arrivé alors le serpent qui l'a mordu surgit.

Le serpent dit "J'ai faim, et j'ai soif. Le soleil est cruel pour nous deux. Aide moi". Le père dit "Tu m'a condamné a marcher dans le noir". Le serpent répond "Obéis moi, et tu marcheras de jour plus longtemps que n'importe qui"
Le père lui donne un pépin et une goutte d'eau. Le serpent se penche sur sa blessure, et il lui retire la fièvre. Puis il lui souhaite d'aller loin, et se transforme en un rameau.

Le deuxième jour, le père ne reconnaît aucun chemin. Toutes les dunes semblent être identiques. Il se souvient des mots du manchot, et creuse le sable.
Vient le faucon qui avait percé son outre. Le faucon dit "J'ai faim et j'ai soif. Le soleil est cruel pour nous deux".Le père dit "Tu as pris mon eau et m'a fait perdre mon chemin". Le faucon dit "Mes yeux voient loin : obéis moi et je te trouverai de l'eau et te donnerai le chemin".
Le père lui donne un pépin et une goutte d'eau. Le faucon s'envole et lui dit "Marche sur le sol chaque pas que je fait dans le ciel". Et le soir même, le père trouve une oasis. Le faucon lui dépose un rongeur. "Laisse moi la viande, et prend sa peau pour y mettre de l'eau. Je te donnerai le chemin jusqu'aux tiens".

Le troisième jour, il remplit la peau de rongeur d'eau, et il suit le faucon. Il retrouve tous les marcheurs. Le faucon lui dit "Maintenant tu connais le chemin". Et il repart vers le soleil.
La caravane repart. Il croise d'abord un rameau "C'est le serpent que j'ai rencontré. A partir d'ici, je connais le chemin".
Et à la fin de la journée, ils arrivent a l'oasis. Le père alors dit : je vais planter le pépin et l'arroser de l'eau de l'oasis. Ainsi, toujours ici nous aurons de l'ombre.

Mon père est un grand père, et j'ai moi aussi l'âge d'être un grand père. Souviens toi alors bien : cueille une pomme de cuir, et garde trois pépins. Donne le premier a un serpent, et tu vivras longtemps. Donne le second a un faucon et tu n'auras jamais soif. Le troisième, plante le près de l'eau, car il est toujours bon d'avoir des fruits et un peu d'ombre la où l'on s'arrête.