"La sœur de Leaurélia"
Chapitre 3
Lhiréa & Lhiréou ont ménagé un certain suspense dans leur convocation du Grand Conseil Extraordinaire . Elles ont insisté sur les décisions à prendre qui engageront l’avenir de Leaurélia, mais sans plus d’ordre du jour.
Lhiréou, suivie de Lhiréa, s’avance dans la salle du Conseil. La doyenne des Gardiennes les accueille assez froidement :
— Qui y-a-t-il de si urgent à réunir un Grand Conseil des Gardiennes de la Vie ? Questionne-t-elle.
— Je souhaite tout d’abord vous montrer notre découverte. Regardez !
La lumière se tamise. Surgit, sur le mur de la salle du conseil, l’image issue du disque cuivré de l’appareil Extra-Leaurélien.
— Que nous montres-tu d’aussi impressionnant ? Lhiréou. Ce n’est qu’une vue ancienne de Leaurélia en noir et blanc et de surcroît en deux dimensions.
Lhiréou ressent l’agacement de la Doyenne.
— Regardez maintenant d’où provient ce que vous jugez comme une très ancienne photographie de notre planète.
Lhiréa fait animer la projection de "l’Appareil Spatial" capturé par Réan. Un mouvement de recul se produit dans l’assemblée.
Comme Réan, chacune des Gardiennes de la Vie a en tête le souvenir des "Araignées".
— Rassurez-vous mes sœurs ! Cet appareil, assez simple dans sa conception, ne provient pas de la planète des "Araignées".
Il a été lancé d’une planète jumelle de Leaurélia. Ce que vous avez ici sous vos yeux en témoigne. Lhiréa l'a extraite du disque embarqué sur celui-ci. Il est visiblement destiné à une civilisation spatiale qui le découvrirait.
Un murmure parcourt l’assemblée, et de nombreuses questions se bousculent sur les interfaces bioniques.
— Nous ne savons pas réellement de quel système solaire est parti cet engin. J’ai demandé à Réa, le Stellaire, de vous présenter ses conclusions sur les origines de cet appareil. Lhiréou ouvre un panneau de la salle du conseil, pour le laisser entrer.
Réa appartient au peuple des Stellaires. A l’origine, ses ancêtres sont sortis de l’océan primordial de Leaurélia en volant au-dessus des flots. Dans la suite de l’évolution, ils sont devenus les premiers Leauréliens à s’intéresser au cosmos.
Tous les Stellaires ont conservé, dans leur apparence physique, un léger voile transparent. Il relie leurs membres à leur corps, mais cet attribut ne leur permet plus de voler.
— Je remercie les Gardiennes de la Vie de m’accueillir. Dit-il, en s’adressant au Grand Conseil.
— Lhiréa, merci de nous afficher le disque gravé qui figure sur cet appareil, ainsi que la position spatiale où, mon fils, Réan et son équipe l’ont découvert. Vous pouvez constater que l’appareil est symbolisé comme partant de la troisième planète d’un système solaire en survolant toutes les autres planètes. Il faut savoir que l’Appareil Spatial est dépourvu de tout système de propulsion interne. Il est simplement équipé de petits propulseurs de guidage à gaz. Gaz qui sera lui-même bientôt épuisé.
Il vient seulement de franchir l’héliosphère du soleil jaune que la trajectoire de Leaurélia va frôler dans quelques semaines. Nous avons de bonnes raisons de penser, qu’il est est effectivement parti de la la troisième planète de ce système solaire.
— Très bien ! Merci pour ce cours de mécanique gravitationnelle. Lhiréou, vous souhaitez vérifier si cette troisième planète correspond réellement à une sœur jumelle de Leaurélia, je suppose ?
— Vous lisez en moi, Doyenne ! C’est une occasion unique de découvrir comment des intelligences ont pu se développer sur une planète si semblable à Leaurélia. Réa et les Stellaires ne peuvent s’y rendre et surtout en revenir que si nous décidons, toutes ensembles, d’infléchir notre trajectoire de vagabond de l’espace, en satellisant notre planète Leaurélia à la limite de l’héliosphère de ce soleil.
— Quels risques pour nos peuples et la planète ? L’apostrophe la Doyenne des Gardiennes de la Vie
— Je me suis posée les mêmes questions que vous.
— Pour Lhiréa & moi, les risques sont inférieurs à foncer, droit devant, dans un espace intersidéral inconnu.
Nous resterons de toute façon invisibles à d’éventuels observateurs et nous serons bien au-delà de la portée de leurs engins.
Si cet appareil est bien issu de la troisième planète de ce soleil, Réan a calculé qu’il a parcouru un périple d’une quarantaine de leurs années pour sortir de l’héliosphère.
Nous aurons repris notre route depuis bien longtemps, en ayant collecté en plus des millions d’informations sur le fonctionnement de la vie sur une planète au bénéfice de Leaurélia.
Lhiréou est surprise de l’accord implicite exprimé par la doyenne.
— Il est vrai que c'est une perspective extraordinaire, qui nous est offerte, étudier la vie et son développement sur une planète tellement semblable à celle qui nous a donné vie.
— Nous ne croiserons peut-être jamais plus de planète aussi proche de la nôtre, bien que les Stellaires soient persuadés que la vie est la chose la plus répandue qui soit dans notre vaste univers, appuie Lhiréa dans la démonstration.
— Je vais demander à chacune d’entre vous d’unir leur volonté à la mienne pour approuver la mise en orbite de Leaurélia autour de ce soleil jaune. Celles qui ne le souhaitent pas fermeront leur interface bionique, propose la Doyenne.
— Lhiréa, Lhiréou, ainsi que Ré, autorisé grâce à son statut de sauveur de Leaurélia à assister à la délibération du Conseil, apprennent instantanément qu’une très grande majorité des Gardiennes de la Vie, approuve le projet d’exploration de ce système solaire et surtout de la planète d'où provient "l' Appareil Spatial".
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