Pilleur des mers

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Chapitre 8


Anton et Vladimir sont montés sur le pont, pour fumer une dernière cigarette, avant de s’effondrer dans un sommeil bien mérité, 12 heures déjà qu’ils sont à la tache.

Ils ont embarqué 6 mois plus tôt sur le FV Margiris, battant pavillon Lithuanien. Fort de ses 142 mètres, il navigue à travers les océans à la recherche de poissons. Le travail y est intense et pénible, mais relativement bien payé.

Après tout ce temps passé à bord, ils ont engrangé autant que pendant 3 ans de salaires dans les antiques fonderies du nord Caucase. Le FV Margiris, est un monstre des mers.

Avec ses 9 600 tonnes, c’est un des plus gros chalutiers du monde, équipé pour traiter et congeler 6 200 tonnes de poissons. Il pêche avec un immense chalut pélagique, il capture tout ce qu’il rencontre sur son passage. Tout y passe alevins, mollusques, crabes, harengs, sardines, et même les dauphins.

Depuis leur départ, le FV Margiris travaille pour les gigantesques fermes d’aquacultures du nord de l’Europe, elles dévorent des milliers de tonnes de farines de poissons, il faut 7 kg de poissons pour faire un kilo de saumon. C’est absurde, mais c’est ainsi. En tout cas pour Anton et Vladimir c’est bien plus simple, aucun tri à faire. Le contenu complet du chalut part à la congélation directement. Au débarquement tout sera broyé pour en faire de la farine. Accoudés au bastingage, sous un clair de lune magnifique, dans la douceur de l’air des tropiques, au large des côtes de l’Afrique de l’ouest, ils admirent un ballet de dauphins qui vient à la rencontre du sillage du bateau.

— C’est toutes les fois le même cinéma, s’exclame Vladimir. Regarde ces marsouins, ils sont attirés par les milliers de poissons du chalut, ils vont s’y faire piéger.

— Je ne sais pas si la ménagère, en achetant son saumon au supermarché, se doute qu’elle va manger, par procuration, des tonnes de dauphins, répond Anton.

Soudain, la brise cesse, le FV Margiris qui file à fière allure, ralentit plus que fortement, comme si un frein gigantesque le stoppait.

C’est impossible, pense Vladimir, on ne stoppe pas un bateau de cette taille comme un vulgaire poids lourd.

La sirène d’alarme hurle, Anton n’a pas le temps de l’entendre. Il est projeté dans les airs comme s’il était lancé par une catapulte géante.

Avant de sombrer, il a le temps d’apercevoir, le gigantesque chalutier s’élever à la verticale et s’enfoncer par l’arrière dans l’océan, son chalut, devenu plus lourd que lui, l’entraîne vers le gouffre des abîmes.


NB : Hormis le naufrage rien ici n’est inventé, le bateau existe, il continue de piller les mers du globe, jusqu’à plus soif !

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