12 heures avant la Conférence...Chapitre 28
par Agathe
N'importe quel homme aurait été troublé par un tel spectacle...
— Allons acheter de quoi vous habiller. Vous ne pouvez pas dîner dans cette tenue ! Iliéna stoppe net sa progression au beau milieu de l’escalier et fait volte-face, plantant ses grands yeux bleus dans le regard du jeune homme.
— Je me sens bien dans ce maillot.
— Ne discute pas et fais ce qu’il te dit, ma sœur. Les humains ressentent des émotions qui se transmettent à leur corps, de façons diverses, semble-t-il. Cet homme est ému de voir ton corps si proche, lui souffle cérébralement, sa sœur Lhiréa. Tu n’as qu’à lui dire que tu as faim. Tu vas voir, il va sauter sur l’occasion.
— J’ai faim, obéis immédiatement Iliéna.
— Raison de plus pour vous vêtir correctement, rétorque Julien soulagé, mais de plus en plus ahuri du comportement bizarre de cette fille. Et, pour confirmer cette impression étrange, il sent la petite main de l’Ukrainienne se glisser dans la sienne avec la confiance d’une gamine. Le soulagement a été de courte durée…
L’effleurement de la peau soyeuse contre son avant-bras le fait tressaillir. Il est bien en peine d’ajouter quoi que ce soit et se dirige sans un mot vers la boutique de vêtements indiquée par le réceptionniste.
— Hum ! Je vous laisse quelques minutes, je vais m'acheter de nouvelles lunettes de soleil dans la magasin d'à côté, les miennes sont restées dans un ventre de requin, plaisante-t-il en lâchant ses doigts fins.
Iliéna comprend qu’elle doit acheter des vêtements pour la conférence du lendemain, et de ce choix, dépendra sa facilité à se fondre dans la peau d’une terrestre. Sur Leaurélia, personne n’a besoin de vêtements, ni pour se réchauffer, ni pour couvrir son corps. Celui des Leauréliennes est naturellement beau et leur peau épaisse offre l’avantage de s’adapter aux diverses températures. Dans la vitrine, une sorte de poupée grandeur nature arbore une magnifique robe bleue. On dirait une robe d’eau de mer. Iliéna sait qu’elle est faite pour elle et demande à l’acheter.
— Vous voulez l’essayer, ? Voyons quelle taille faites-vous donc, Mademoiselle ?
— Je suis moins grande que Réa et Lhiréa est plus petite que moi. Répond tout de go Iliéna.
La vendeuse pense qu’elle est tombée sur une "azimutée" de plus. ! Après avoir évalué la taille de la jeune fille à un 38, elle lui tend la robe azur en lui désignant une cabine. L’Ukrainienne enfile la robe et se regarde dans le miroir. Elle lui va comme une seconde peau et met son nouveau corps en valeur. Elle s’aime immédiatement dans cette tenue.
— Waouhh ! Wonderful !
— Cette robe vous va comme un gant ! S’exclame la vendeuse. Ce n’est pas tous les jours qu’elle voit ses tenues aussi bien portées.
— Quelle drôle de façon de parler d’une robe en la comparant à un gant, pense Iliéna, surprise de cette expression.
— Avez-vous besoin d'autre chose mademoiselle ? Des chaussures, peut-être ? Demande la vendeuse
— Non je vous remercie, je préfère rester pied nu.
— Laissez-moi vous offrir ces tongs blanches, la robe n’en sera que plus belle. La commerçante sourit devant tant de naïveté et lui glisse un sac, contenant le maillot et les chaussures.
— Maintenant il te faut payer avec la carte bleue qui est dans ta pochette, lui indique Lhiréa, grâce à leur connexion bionique. C’est le mode de paiement principal et moderne sur cette terre. Tu tapes simplement 6-5-5-0 sur le clavier de l’appareil.
Aussitôt dit, aussitôt fait et Iliéna se retrouve face à Julien. Il l’attendait à l’extérieur.
— Vous êtes absolument… Magnifique… Iliéna. Lui dit Julien en déglutissant avec peine. La jeune femme éprouve une sensation de chaleur qui monte de son ventre à sa tête. Elle sent son cœur s’accélérer.
— Lhiréa ! Il y a quelque chose qui ne va pas avec l’interface d’Iliéna. Vérifie tout de suite les réglages, s’il te plaît ! Je suis inquiète.
— Il n’y a aucune raison, Lhiréou. Au travers du corps d’Iliéna, tu éprouves les émotions d’une humaine. C’est extrêmement intéressant et pourrait expliquer certaines histoires de cette planète qui m’ont été transmises. Nous ne sommes pas au bout de nos découvertes, lui répond sa sœur.
Le repas est une épreuve pour la jeune fille, Le restaurant de l’hôtel sert du poisson uniquement. Lhiréou dans le corps d’Iliéna a l’impression de manger ses amis marins. Elle parle peu et prétexte la fatigue pour quitter rapidement le restaurant. Deux minutes plus tard, la porte de leur chambre s’ouvre sur la vision de deux lits recouverts d’un jeté de lit matelassé couleur vert d’eau.
— Comme c’est joli ! S’exclame-t-elle joyeusement, on dirait l’océan !
Le reste de la chambre est tout à fait ordinaire, un tableau mexicain au mur, et un rocking-chair en bois près de la baie vitrée.
— Il est tard, nous devrions nous coucher rapidement si nous voulons être à l’heure pour la conférence demain matin. Je prends une douche rapide et je vous laisse la salle de bains, dit Julien, pressé de se réfugier dans la pièce d’à côté.
Dix minutes plus tard, il émerge d’une pièce emplie de buée, une serviette blanche autour des hanches. La vue de ce corps masculin, provoque, dans celui d’Iliéna, la même sensation que dans la galerie de l’hôtel.
— Lhiréa ça recommence ! C’est même plus intense…
— Le mieux est que tu ailles t’isoler toi aussi à côté. Tout va rentrer dans l’ordre, lui glisse Lhiréa
Suivant les instructions de sa sœur, Lhiréou, la Leaurélienne, ôte la robe d’Iliéna, la créature terrestre, devant un Julien médusé. Elle part à son tour prendre une douche. Elle en sort une demi-heure plus tard. La pièce est dans le noir complet. Le ronron de la climatisation couvre la respiration ample du jeune homme, enfoui dans le lit étroit à un mètre du sien. En tâtonnant, elle se glisse sous la couette de son propre lit. Elle s’endort immédiatement, rêvant qu’elle vogue avec Méa, ses amis les dauphins…Et Julien.
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