L'ascension au trône - 4/6
Lorenna s’avança dans la cour, la foule suivant son avancée sans un mot, mais se bousculant malgré tout pour mieux l’observer. Ser Percival s’écarta et alla rejoindre les autres membres de la garde royale. Elle grimpa les marches de l’estrade, suivie de Lord Chamberlan et du prêtre Obson.
Ce dernier lança un regard interrogateur au premier conseiller. Une personne de la famille royale semblait manquer à l’appel, Maëwen, la seconde femme du roi. Lord Chamberlan se pencha vers lui pour lui donner des détails à son oreille. En réalité, Dame Maëwen, était à bonne distance de Mont-Chazon à présent. À la suite du décès de son père, Lorenna s’était assurée de se débarrasser de cette femme qui avait tenté de remplacer sa mère.
Celle-ci avait cependant toujours été douce et traité Lorenna avec le plus grand respect, c’est pourquoi elle ne l’avait pas fait assassiner. À la place, elle l’avait secrètement expulsée du château et lui avait confié un généreux sac d’or pour la gêne occasionnée, mais aussi pour acheter son silence.
Tous les yeux étaient rivés sur Lorenna, dans l’attente de son discours funéraire. Discours qu’elle commença sans tarder.
— Citoyens et citoyennes du royaume de Wharnos, je tiens à vous saluer et surtout à vous remercier d’être venu aussi nombreux en ce jour, commença-t-elle très solennellement. Comme vous le savez, mon père prenait son rôle très à cœur et considérait chacun de vous comme ses propres enfants. Il aurait donné sa vie pour vous et c’est ce qu’il a finalement fait. Je sais qu’il aurait été très fier de vous voir tous réunis ici.
Dans la foule, quelques hommes hochèrent la tête, mais la plupart regardaient piteusement le sol. Bien que le roi n’ait jamais pris de risque pour son royaume, il avait su maintenir la paix durant de nombreuses années, ce qui importait finalement le plus, et pour cela il avait gagné le respect du peuple.
— Mon père était un homme bon, reprit-elle. Un homme trop bon, diront certains. Je ne le remercierais jamais assez pour ce qu’il a fait. Malgré le décès prématuré de ma mère, il a su rester fort pour moi, mais aussi pour vous tous. Malgré son chagrin, il a continué à prendre soin de vous tous et a décidé de se remarier pour le bien du royaume.
Évoquer ce sujet était difficile pour Lorenna et faisait monter sa colère, mais elle s’astreignit à garder son calme.
— Comme vous l’aurez remarqué, Dame Maëwen n’est pas présente avec nous en ce jour. Ayez une pensée pour elle également, car depuis la mort de mon père, la pauvre femme est plongée dans la mélancolie et refuse de quitter son lit.
Elle fit quelques pas en avant, le visage fermé en apparence, marquant au peuple que l’on approchait de la fin de son discours.
— Comme vous le savez, la relation que j’avais avec mon père était devenue compliquée depuis quelques années. Je ne regrette pas mes choix, cependant je déplore qu’il soit trop tard pour arranger la situation.
Elle baissa la tête et reprit sa place avant d’ajouter :
— Puisse-t-il trouver et rejoindre la lumière de la Déesse.
Tel un écho, le peuple reprit sa dernière phrase à l’unisson. Ce fut alors au tour du prêtre Obson d’avancer de quelques pas.
— Daniel Lewis, fils de Godrick Lewis, trente-cinquième roi du royaume de Warnhos, vous avez servi le peuple et la Déesse avec sérieux et déférence, clama-t-il d’une voix forte comme s’il s’adressait directement à la Déesse.
Il fit un signe de tête à un groupe de quatre soldats qui approchèrent alors, une torche à la main et qui se postèrent aux quatre coins du bûcher funéraire.
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