Chapitre 8
Karoline réouvrit les yeux. Elle était allongée dans un lit, une lingette mouillée sur le front. Elle y voyait flou et se sentait faible. Elle finit néanmoins par entendre la voix d'une femme non loin :
- Pourquoi tu l'as ramené ici !? Xavier, je te préviens, si tu n'appelles pas la police maintenant, je le fait moi-même !
Une voix d'homme, plutôt grave et reposé, répondit juste après :
- S'il te plaît mon amour, qui que soit cette jeune femme, elle avait besoin d'aide. Qu'est-ce que je devais faire à ton avis ? La laisser mourir dans le froid ?
- Je ne sais pas, mais la ramener ici est dangereux pour nous et pour le gamin. Surtout avec ce qu'il se passe ces derniers temps. Répondit la femme, inquiète.
- Attends !... Elle s'est réveillée. Je vais aller lui poser quelques questions, comme ça, on sera fixé.
L'homme se rapprocha ensuite de Karoline et s'assit sur une chaise à côté d'elle.
- Vous allez bien madame ? Vous étiez en sacré mauvais état.
- Oui… où suis-je ? Répondit Karoline, légèrement confuse.
L'homme, voyant que Karoline semblait remise, pris un ton sérieux.
- Avant que je réponde à vos questions, vous devez répondre aux miennes. Qui êtes-vous ?
- Juste une âme égaré… Qui cherche à partir le plus loin possible...
- Comment ça ?... Vous avez fui votre foyer ?
- Oui, ou ce qu'il en reste.
- Que faisiez-vous dans la forêt, en plein hiver, avec une tenue pareille ?
Karoline, d'une voix hésitante, décida de ne dire que la moitié de la vérité à son sauveur :
- Je… J'étais dans un train, clandestinement. Il s'est fait attaquer, mais j'ai pu m'enfuir à temps. Je ne me souviens de rien ensuite.
- Je vois… Encore un coup de ces maudits pillards, je présume.
Après ses mots, Karoline tenta de se relever. Néanmoins, elle remarqua que son poignet et son mollet droits étaient tous deux menottés au lit.
- Qu'est-ce que c'est que ça ! S'écria-t-elle, surprise.
- Une sécurité pour moi et ma famille. Il y a une bande de fous furieux qui traîne dans la région depuis quelques semaines. Donc, on est prudent avec tous les étrangers.
- Mais où suis-je ? On est toujours aux Etats-Unis ?
- Vous avez beaucoup voyagé, je vois... Non, nous sommes au Canada, et assez loin de la frontière en plus, dans un refuge.
- Un refuge ? Répondit Karoline, interpellée.
L'homme se mit à ricaner chaleureusement avant de reprendre :
- Oui, j'avais dit à Philipe qu'il nous fallait un nom plus claquant… Mais pour faire simple, on est dans un petit village de montagne, isoler de tout. Je l'ai construit de mes mains avec l'aide des habitants. On veut juste vivre tranquillement. Être indépendant et resté éloignés du monde moderne, ou ce qu'il en reste. Faut dire que depuis pas mal d'années déjà, c'est de plus en plus la folie… Enfin, pour revenir à notre sujet de départ, on est une dizaine tout au plus. Mais, on accueille volontiers toutes personnes travailleuses voulant se joindre à nous.
- Je vois, vous avez mentionné un groupe de pillard tout à l'heure. C'est courant dans la région ?
- Non, heureusement, sinon on ne se serait jamais installé ici. C'est juste que depuis les dernières semaines, on les voit rôder ici et là. Ils sont même venus un jour pour nous menacer. Heureusement, ils ont vite vu qu'on avait rien. Je suppose qu'on ne valait pas la peine pour eux. Ils avaient l'air d'être des pros, armés et équipés de la tête au pied. Enfin bon, j'ai assez parlé, à votre tour maintenant. Quel est votre nom ? D'où venez-vous ?
- Eum… Karoline, je m'appelle Karoline. Je viens de Los Angeles.
- Je vois, le climat par ici doit être bien rude pour une Californienne. Je peux aller vous chercher une couverture si vous voulez. Vous savez, vous avez failli mourir d'hypothermie là-bas.
- Non… Ça ira, merci.
- Très bien… Alors je vais y aller, j'ai quelque chose d'important à faire. Tâcher de bien vous reposer, Karoline.
- Attendez ! Et pour ça ? Vous pouvez me les enlevés ? Demanda Karoline en montrant ses menottes.
- Pas tout de suite… Je le ferais dès lors que je serais sûr que vous ne représentez aucuns danger. Pardonnez-moi, mais la sécurité de ma famille est tout ce qui m'importe. Reposez-vous maintenant, on continuera la parlotte toute à l'heure.
Karoline soupira tandis que l'homme quittait la pièce. La jeune femme reposa à nouveau sa tête sur l'oreiller et commença à se perdre dans ses pensées :
"Qu'est-ce qui est arrivé à ma vie… Il n'y a pas un jour ou deux, j'étais encore chez moi avec ma famille."
Karoline serra le poing .
"Il faut que j'arrête de penser à ça. Tout est terminé. Ce qui est arrivé ne peut pas être effacé. Je dois tourner la page, définitivement… Je ne sais pas si j'aurais le courage, mais je ne peux rien faire de plus… Néanmoins, je me sens étrangement mieux depuis que j'ai massacré ces gens qui avaient attaqués le train. J'ai tellement honte de ce sentiment. Mais, je suppose que ça a dut me défouler, ou quelque chose du genre…"
Karoline remarqua ensuite la porte de la pièce s'ouvrir lentement. Il en sortit un petit garçon. Ce dernier semblait tout fière, tenant une tasse fumante au creux de ses deux mains. Il s'approcha timidement de Karoline puis la lui tendit en disant :
- Tenez ! Du chocolat chaud, ça vous fera du bien.
- Eu… Merci. Répondit Karoline, ne sachant pas trop quoi dire, tout en attrapant la tasse avec sa main gauche.
Karoline but une gorgée de chocolat chaud sous le regard émerveillé de l'enfant. Elle décida ensuite de briser le silence qui régnait dans la pièce :
- Dit moi petit, tes parents n'aimeraient pas te trouver ici, je me trompe ?
- Oui, ils m'ont répétés qu'il fallait surtout pas venir te voir, que tu étais peut-être dangereuse. Mais tu es pas dangereuse toi ! T'as pas l'aire méchante. Tu es pas comme les autres messieurs qui étaient venus la dernière fois.
En entendant ces mots, Karoline ne dit rien. Car elle se sentait mal à l'aise de savoir que, la veille, elle avait massacré les hommes dont parlait l'enfant. Karoline se savait bien plus dangereuse que ces derniers, mais n'osait pas y penser. Le petite garçon finit par reprendre :
- Mais papa, papa il disait pas ça avant. Avant, il me disait qu'il fallait toujours aider les autres. Il disait aussi que dans la vie, on a toujours quelque chose à donner !
- Je vois, c'est une personne bien ton Papa. Il m'a sauvé la vie, tu sais ? Lui répondit Karoline, avant de reprendre une gorgée de chocolat chaud.
- Oh ça oui, ça m'étonne pas ! Il a travaillé très dur pour nous faire notre maison. Et après, il en a fait une à tout le monde !
- Dit moi petit, c'est quoi ton nom ?
- Simon Sangneuf ! Et toi, c'est quoi ?
- Karoline… Juste Karoline.
Soudainement, Karoline entendit de l'agitation à l'extérieur de la maison. Plusieurs personnes appelaient à l'aide et criaient au feu. Simon prit peur et courut immédiatement dehors. Karoline, elle, essaya de regarder ce qu'il se passait par la fenêtre à côté de son lit. Mais elle n'y voyait rien.
La jeune femme décida alors de se libérer de ses menottes en tirant dessus. Ces dernières se brisèrent d'un coup sec, sans difficulté.
Karoline sortie ensuite à l'extérieur avec précipitation. C'est ainsi qu'elle remarqua qu'à l'autre bout du petit village, une petite maison était ravagé de l'intérieur par un incendie. Instinctivement, Karoline courut en direction de la fumée. Il y avait un attroupement de personnes devant la bâtisse qui essayaient tant bien que mal d'éteindre le feu. C'est alors qu'on entendit un homme s'écrier avec stupeur :
- Lucie ! Ma femme est encore à l'intérieur !
Ce dernier courus ensuite en direction de la maison. Néanmoins, Xavier le retenue en le plaqua au sol.
- Arrête pauvre fou ! Tu vas te faire tuer. Tu ne vois pas les flammes à l'entrée ? C'est du suicide ! S'exclama-t-il.
- Mais, elle est à l'intérieur ! Je dois faire quelque chose ! Même si c'est du suicide, je ne peux laisser ma Lucie là-dedans…
Devant cette scène, Karoline décida de réagir. Sans se poser la moindre question, elle se dirigea vers les flammes. Xavier, déjà occupé par son ami qu'il maintenait au sol, ne pouvait pas la retenir.
- Ne t'y met pas toi aussi ! S'écria-t-il
Karoline ne l'écoutais pas. Elle pénétra juste après dans le petit chalet en défonçant la porte d'un simple coup de pied. Malgré l'appel de flames que cela produisit, elle continua sans bronché.
Une fois à l'intérieur, elle se fraya un chemin à travers la maison en traversant directement les flammes. Étrangement, le feu ne lui faisait rien. Elle n'avait aucune brûlure et ne ressentait même pas la chaleur du feu.
Après une petite minute à chercher dans la maison, Karoline trouva Lucie. Cette dernière était allongée au sol, les yeux fermés, entouré de flammes se rapprochant dangereusement d'elle. Karoline brava une ultime fois l'incendie afin de la rejoindre et de la portée sur ses bras. Heureusement, elle pouvait sentir sa respiration.
Voyant que Lucie était encore vivante, Karoline décida de la faire sortire au plus vite. Pour cela, elle défonça à l'aide son pied le mur qui les séparait de l'extérieur. Une fois à sortie de la maison, Karoline courut sur une dizaine de mètres avant de s'agenouillé au sol, époumonée à cause de toute la fumée qu'elle avait respiré. En voyant cela, les habitants du petit villages s'exclamèrent de joie durant un court instant d'allégresse. Le mari de Lucie courus vers les femmes, les larmes aux yeux et s'exclamant :
- Lucie ! Dieu merci, tu es en vie !... Je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous doit tout. Merci de me l'avoir ramené !
L'homme pris ensuite sa bien-aimée dans ses bras. Karoline ne dit pas un mot. Elle se contenta simplement de se relevé et de se dirigée vers les seaux d'eau afin d'aider les villageois à éteindre le feu. Au bout d'un long combat acharné, l'incendie fut maitrisé. Karoline avait été d'une aide précieuse pour cela. Grâce à elle, aucune victime ne fut à déplorer, bien qu'une bonne partie de la maison demeurait à l'état de cendre.
Dès que le calme fut revenu dans le petit village de montagne, Xavier alla voir Karoline afin de la remercier comme il se doit :
- Mme Karoline, nous avons une dette infinie envers vous ! Je parle au nom de tout le monde en vous disant ça. Merci de tout cœur pour ce que vous avez fait.
Karoline se sentit gêner par ces compliments, elle qui portait le poids d'une immense culpabilité sur ses épaules. Xavier, ayant remarqué le silence de la jeune femme, posa sa main sur son épaule et reprit :
- Je ne sais pas ce que vous avez fait là-bas, pour ne pas y laisser votre peau, mais sachez que vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le voulez.
- Merci… Répondit Karoline d'une voix triste en baissant la tête.
En voyant la mine de son interlocutrice, Xavier enchaina sur ton bienveillant :
- Il est presque onze heure ! On a loupé l'heure du déjeuner avec tout ça. Joignez-vous à nous ! Vous avez l'air toute maigrichonne et affamé. Et puis, Alexandra, ma femme, vous prépara une de ses spécialités. Je ne peux pas vous laisser repartir sans vous avoir fait goûter à ça !
- D'accord, je vous suis. Répondit Karoline, ayant senti son ventre gargouillé en entant les mots de Xavier.
- Ah, voilà ! C'est ce que je voulais entendre.
Xavier entama ensuite la marche. Mais Karoline ne le suivait pas. Cette dernière se mordit les lèvres, angoissée, avant de demander d'un ton timide :
- Vous… Vous avez dit que vous cherchez des personnes travailleuses ?
- Oui, pourquoi ça ?
- J'aimerais… Enfin, est-ce que je pourrais m'installer ici ?... Je peux faire à peu près tout. Je n'en ai pas l'air, mais je suis très capable physiquement !
En entendant cela, Xavier ricana d'un ton chaleureux avant de répondre :
- Je vois que l'âme égaré à trouver son petit coin de paradis finalement. Je te comprends, comment résister à cet air, à cette vue somptueuse… à cette paix. J'accepte bien entendu ! Tu pourras loger chez moi, dans la chambre d'amis est à toi. La maison est assez grande pour tout le monde après tout.
Karoline réussit à retrouver le sourire l'espace d'un instant. Elle partagea ensuite un déjeuner délicieux en compagnie d'Alexandra, de Xavier et de Simon.
Un nouveau départ semblait l'attendre dans cette petite bourgade. Comme une nouvelle vie qui se présentait à elle. Finalement, Elle avait trouvé son havre de paix.
Peace is a dawn on a day without end.
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