Chapitre 22
Le surlendemain en milieu d'après-midi, Karoline était dans une foule de manifestant, au milieu de l'avenue menant à la mairie. Elle était vêtue d'une jean noir, d'un pull azure à manche courtes ainsi qu'un gilet tactique léger. Son cou était recouvert par un épais col haut et un foulard bleu cobalt. Afin de cacher ses yeux, elle portait des lunettes de soudures totalement opaques à l'extérieur.
Au même moment, au sommet de la tour qui surplombait l'avenue, Démétrius Lewis regardait l'agitation qui avait lieu en contre-bas. Un verre de vin à la main, il semblait totalement exténué. Soudainement, il entendit la sonnerie de son téléphone. Toujours face à la fenêtre, il soupira, sortit un oreillette de sa poche et répondit à l'appel :
- Maire de Los Angeles à l'appareil. Si vous avez réussi à avoir ce numéro, vous devez être quelqu'un d'important. À qui ais-je l'honneur ?
À l'autre bout du fil, il entendit une voix à la diction étrange et au timbre rauque. Il s'agissait en réalité d'une voix synthétique reproduisant les mots de Mu, qui communiquait depuis son QG.
- Certains de vos choix depuis que vous êtes à la tête de cette ville ne manques pas de susciter des réactions. Vous pouvez le constater en ce moment-même.
- Qu'est-ce que c'est que ça !? Je vous préviens, si vous voulez me menacer, cela ne prendra pas !
Lewis était sur le point de raccrocher.
- Deux-mille-neuf, c'est un bon cru que vous tenez là.
En entendant ces mots, le maire regarda autour de lui. Il était observé et venait de le comprendre.
- Qui êtes-vous !? Que me voulez-vous exactement !?
- Ne posez pas de questions. Retournez-vous vers la fenêtre, vous êtes sur le point de manquer quelque chose d'important.
Perplexe, mais curieux, Lewis finit son verre d'un coup sec et s'exécuta.
"Toutes les vitres et les parois de ce bureau sont blindées. S'ils essaient quoi que ce soit, ils n'arriveront pas à m'atteindre. Je dois essayer d'en apprendre le plus sur eux, de comprendre ce qu'ils me veulent." Pensa-t-il.
En contrebas, dans l'avenue, le groupe d'intervention de police qui faisait barrière devant la mairie décida de lancer la charge. Une rangée impressionnantes de boucliers transparents oblitéra les manifestants. Ces derniers n'eurent aucun autre choix que de reculer en se dispersant.
Néanmoins, au milieu de cette action, une seule personne alla à contrecourant. Il s'agissait de Karoline, avançant d'un pas déterminer en direction de la mairie. Soudainement, un des fourgon blindé lui tira dessus au jet d'eau. Karoline crispa sa main, qui se mit à fumée, et la plongea dans le jet. Au contact avec sa peau, toute l'eau s'évapora en un instant. La vapeur crée forma un épais et étouffant brouillard qui empêchait de voir quoi que ce soit.
Karoline en profita pour se jeter sur l'escouade police. De l'extérieur, seul des bruits infernales de coup et de lutte pouvaient se faire entendre. Au bout de quelques secondes, un bouclier plié en deux se fit éjecter hors de la brume. Il fit suivit par l'un des fourgons de police, complètement défoncé, n'arrivant même plus à rouler sur ses quatre roues.
Lorsque l'épaisse vapeur fut dissipé, tout le monde pouvait être témoin de la scène. Karoline était indemne mais essoufflé, au milieu d'une escouade de policiers assommés et désarmés. Un silence absolu reignat dans l'avenue. Ce dernier se mu rapidement en acclamations de la part de tous les manifestants.
Le maire, qui avait été témoin de tout cela, commença à paniquer.
- C'est quoi ce truc !? Vous me voulez quoi exactement !?
- Nous ne voulons qu'aidé cette ville en mettant fin à la corruption. Nous avons les moyens pour cela.
- Les moyens, hein !? On va voir ça !
Lewis, furieux, raccrocha et attrapa un autre téléphone sur son bureau pour y composer un numéro. Dès que l'appel fut commencer, il ordonna sur un ton sévère :
- C'est le maire qui vous appelle ! Envoyez-moi de suite toutes les unités d'interventions que vous avez ou votre poste de chef de la police y passera !
À sa plus grande surprise, ce fut la voix étrange qui lui répondit.
- Croyez-vous réellement pouvoir nous échapper de la sorte ?
- Quoi ! … Comment !?...
Lewis raccrocha à nouveau et se dirigea vers la porte de son bureau d'un pas pressé. Néanmoins, cette dernière était verrouillé. Il essaya tout ce qu'il pouvait pour l'ouvrir, jusqu'à donner des coups de pieds dedans, sans succès. Le maire finit par progressivement perdre son sang-froid.
- Ouvre-toi bordel ! Je dois me barrer d'ici !
La voix synthétique se fit entendre à nouveau. Cette fois-ci, c'était au travers des haut-parleurs du bureau.
- Votre système de sécurité vous fait défaut. Vous voilà pris au piège dans votre propre bunker personnel. Il semblerait que vous ayez un peu de temps devant-vous… Nous savons énormément de choses sur vos agissements, sur les personnes avec qui vous traités. Nous allons vous en lister quelques-unes…
Pendant ce temps, dans le garage de l'agence centrale de la police de Los Angeles, une porte d'ascenseur s'ouvrit. Il en sortit Phi, laissant derrière-elle deux agents de la paix à terre qu'elle venait d'assommer. Elle portait une tenue d'infiltration qui lui masquait complètement le visage. Elle avait également une petite sacoche de laquelle elle sortit un étrange gadget. Tandis qu'elle s'avançait vers les véhicules, elle entendit la voix d'Epsilon dans son oreillette.
- Phi, grâce à toi j'ai pu avoir accès au réseau électrique du quartier. Je viens de bloquer l'accès au garages, tu as le champs libre.
- D'accord, je te préviendrais lorsque je serais prête à partir, terminer.
Phi alluma son appareil et le passa sur la paroi de tous les véhicules. Chaque fois qu'elle le faisait, un grésillement aigus se faisait entendre depuis l'intérieur du capot. Elle finit par monter dans le dernier fourgon encore en état de marche. Lorsqu'elle quitta le garage, en demandant à Epsilon de lui ouvrir le passage, le commissariat sombra dans un blackout complet.
Pendant ce temps, les manifestant avait réussis à pénétrer dans la mairie, grâce à l'aide de Karoline. Les policiers sur place ne pouvaient rien faire. Ils étaient en sous effectifs et n'avaient aucun moyen de communication. Face à cette situation, ils décidèrent de battre en retraite pour se regrouper à l'extérieur.
Karoline, au milieu de la foule dans l'entrée principale, se fit contacter à son tour par Epsilon.
- Phi vient tout juste de terminé. Il ne te reste que très peu de temps, dirige-toi vite vers les escaliers. Je te guiderais vers le bureau du maire.
Karoline s'exécuta et commença à monter les marches très rapidement.
- Vous êtes sûr de votre coup-là ?
- Oui, Mu a presque réussi, mais cela reste insuffisant. On a besoin de mener le plan jusqu'au bout.
- D'accord, tu me guidera, moi je essayer de rester silencieuse, terminer.
Pendant ce temps, au dernier étage de la mairie, Mu était toujours en train de parler au maire.
- Nous connaissons votre relation avec Eiko Araki, et tous les petits arrangements avec les Yakuza qui vont avec.
- Mais que me voulez-vous à la fin !? Répondit Lewis, à bout de nerfs.
- Je vous l'ai déjà dit, nous ne voulons que la fin de la corruption. Nous voulons que vous fassiez trainer au maximum les achats de terrains en cours. Nous voulons également vous faire jouer un double jeu avec la compagnie Miller, que vous soyez nos oreilles.
Dépité, le maire s'assis sur son fauteuil et poussa un profond soupir.
- C'est impossible, je vais me faire griller et finir assassiner au coin d'une rue…
- Vous avez plus à craindre de nous dans cette histoire. Nous pouvons soit vous protéger, soit nous charger nous-même de détruire votre vie.
- Vous pensez m'impressionner plus que les Yakuza !? Avec l'aide d'Ayden Miller, ils ne craignent rien ni personne dans tout ce foutu pays.
- Pensez-vous réellement que tout le monde est impuissant face à eux ? Soyez raisonnable voyons. La femme que vous avez vus tout à l'heure, elle ne vous dit rien.
Lewis se figea un instant. Terrifié, il répondit d'une voix basse et tremblante :
- "Le Cauchemar"… La personne qui a lancé une guerre ouvert contre Miller et les gangs… Celle qui a massacré tous ces gens… Elle est avec vous !?
Karoline avait déjà une sombre réputation à Los Angeles, et un surnom tout aussi sordide. Le voile de mystère et d'extraordinaire qui l'entourait faisait trembler toutes les strates de la ville. Personne ne connaissait vraiment ses capacités. La seule chose qui témoignait de sa monstruosité était les cadavres mutilés qu'elle laissait sur son passage.
- Oui, et elle est en chemin pour vous rendre une petite visite. Nous allons bientôt constater si vos blindages sont suffisant pour la retenir.
Soudainement, le maire entendit des bruits de coups sourds. Paniqué, il se précipita sur son ordinateur pour regarder ce qu'affichaient les caméras du couloir. Il vit Karoline, qui venait de défoncé un mur et de mettre à terre plusieurs policiers. Cette dernière s'avançait vers la porte de son bureau, le poing serré et scintillant de flammes bleutées. En voyant ces images, Lewis fut traversé d'un terrible frisson. Sentant qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps, il s'écria :
- Arrêtez ! J'ai compris ! Je ferais tout ce que vous me direz ! Dites-lui de partir !
Après un léger silence, l'étrange voix lui répondit :
- J'espère que vous avez pris conscience des bonnes choses à faire. S'il vous arrivait de ne pas respecter vos engagements, nous publierions toutes les informations que nous avons sur vous. Si néanmoins, il vous prend l'envie de nettoyer derrière vous, nous n'aurons plus qu'un seul moyen de pression… et il se tient devant votre bureau en ce moment même.
- D'accord… J'ai compris… Je ferais de mon mieux.
- Bonne chance, Monsieur le Maire. Nous vous recontacterons d'ici peu. Termina Mu, avant de coupé la communication.
Karoline, avertit que l'opération était un succès, retourna vers les escaliers. Néanmoins, elle fit stopper par la voix d'Epsilon dans son oreillette :
- Karoline, Phi et Zêta sont prêts à te récupérer, mais on a un problème… Une escouade surarmée d'intervention est entrée dans le bâtiment. Ils ont bloqué tous les escaliers et les assesseurs. Il faut que tu réussisses à sortir de là sans les rencontrer. Une confrontation directe serrait beaucoup trop longue et mettrait en danger les personnes encore à l'intérieur.
Karoline s'avança vers la fenêtre, contempla le bâtiment adjacent à la mairie et répondit :
- Ne t'en fais pas… Je pense avoir une idée.
- Comment ça ?
- Faites-moi confiance ! Dites aux autres de me retrouver au carrefour de Nord Los Angeles Street, celui à côté du Parking, dans cinq minutes.
- Je leur passe l'info, terminer.
L'instant d'après, Karoline brisa la fenêtre d'un coup de pied sec. Elle pris un peu d'élan et sauta par le trou qu'elle avait créé. En se propulsant, la chaleur émise avait mis feu au bas de son pantalon. Karoline n'en tenue pas compte et réussis à se rattraper de justesse sur la paroi du bâtiment qu'elle visait. Suspendue aux rebords pentues, elle descendit rapidement les quelques étages qui la séparait du sol. Profitant de l'absence de policier à l'arrière de la mairie, elle courut aussi vite que possible au point de rendez-vous.
Au moment où elle arriva, un fourgon de police déballa les rues pour s'arrêter devant elle. Lorsque la porte latérale s'ouvrit, Karoline fit face aux hommes de Zêta ainsi qu'à Phi qui s'exclama avec amusement
- Votre carrosse est arrivé !
Karoline sourit et monta dans le véhicule. Le groupe s'enfui ensuite à travers les rues du centre-ville. Personne ne semblait les avoir repéré. L'opération était une succès.
It has to start somewhere, it has to start sometime. What better place than here? What better time than now ?
Annotations
Versions