Chapitre 30

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 L'opération finis de se mettre en place aux alentours de midi, quelques heures à peine après l'arrivé de Felix au Canada. L'inspecteur se tenait devant la petite enseigne vitrée sur laquelle il était inscrit "Épicerie Fleurant". Il pris son air le plus décontracter et s'avança pour rentrer.

Une fois à l'intérieur, il se fraya un chemin à travers les minuscules rayons bondés de produits et arriva à la caisse. Un homme y débarqua pour accueillir Felix. Il s'agissait de Jean-Pierre, qui semblait parfaitement à l'aise.

- Bonjour, vous voulez de l'aide pour trouver votre bonheur ici ?

Felix reconnus immédiatement son suspect, mais quelque chose piqua son attention. Il entendit des bruits discrets provenant de l'arrière-boutique. Intrigué, il décida de jouer le jeu comme prévus :

- Oui… Il y a bien quelque chose que je recherche, je pense que vous êtes le seul du coin à en vendre.

- Je vous écoute. Lui répondit l'épicier, affichant un sourire accueillant.

- Il me faudrait des piments brun d'Asie. Ils sont très rares de nos jours, mais je connais leur qualités thérapeutiques.

Ce que venait de dire Felix était une phrase code permettant de faire savoir à Jean-Pierre qu'il avait besoin de ses services.

- Êtes-vous vraiment certains ? Leur prix n'est pas donné, vous savez. Lorsque l'on décide franchir le pas, leur goût est tellement addictif qu'il en devient impossible de revenir en arrière.

Felix observa la réaction de Fleurant. Il essayait de faire attention au moindre détails. Mais l'épicier n'avais aucun tic et parlait sans hésitation, comme un professionnel.

- J'en suis conscient, ne vous souciez pas de ça… Donc, vous en avez ?

- Bien évidemment, j'en ait même plusieurs variétés dans ma réserve. Venez avec moi, je vais tout vous montrer. Ce sera plus facile pour laisser faire un choix judicieux.

Felix acquiesça et suivit son interlocuteur. Une fois arrivé à l'arrière-boutique, l'épicier poussa sur le côté une lourde étagère à roulette, ce qui dévoila une trappe cachée dans le sol.

"Par-là je vous prie, vous ne serez pas déçus." Dit-il à son client après avoir ouvert le passage.

Les deux hommes passèrent une échelle et arrivèrent dans un sous-sol plutôt sombre. Il y avait plusieurs lits rangés en colonne, une petite cuisine rudimentaire ainsi que deux portes menant vers d'autres salles. Le tout se trouvait sous les fondations du bâtiment, entourée de murs aux briques apparentes.

- Nous pouvons parler en toute sécurité désormais. C'est ici que vous logerez le temps que vos papiers soient prêt. Je sais que ce n'est pas de tout confort… mais ce ne sera que l'affaire de quelques jours au maximum, ne vous en faites pas.

- Il n'y a pas de problème… J'ai connus pire.

Felix, concentré, pensa à ce moment-là :

"Aucun rapport des services secrets ne faisait mention d'un sous-sol… Je dois être prudent et m'assurer qu'il n'y a aucune autre issue. Il ne doit surtout pas nous filer entre les doigts…"

Jean-Pierre emmena ensuite son client dans l'une des salle adjacente. Dans cette dernière, il y avait un étrange atelier de travail servant à créer de faux papiers.

- C'est ici que la magie va opérer ! Vous pourrez me trouver ici à la plupart des heures de la journée.

- … Et qui s'occupera de l'épicerie pendant ce temps ? Demanda Felix, intrigué.

Jean-Pierre tourna le dos à Felix pour se pencher vers son atelier.

- Ma fille, Karlia, s'en chargera. Elle n'est pas là pour le moment, mais elle reprendra la caisse dès demain.

Un silence, ponctué des grognements irréguliers que produisaient les vielles fondations du bâtiment, s'installa dans le sous-sol.

- Dites-moi… Pourquoi Karlia n'est pas présente aujourd'hui ? demanda Felix d'un ton sérieux.

- Je ne vous pose pas de questions sur votre passé, ou sur votre présence ici, et vous ne m'en posez pas en retour. C'est comme ça que ça marche ici.

Felix ne répondit pas. Après quelques secondes, l'épicier repris :

- Sinon, dites-moi, quelle offre vous désirez ? Je suppose que vous devez sûrement avoir une idée précise en tête si vous êtes venues demander mes services.

Felix poussa un soupir. Il sortit son arme de fonction, qu'il avait verrouillé en mode taser au préalable, et la pointa en direction de son interlocuteur.

- Karlia… Elle était là à l'instant. C'était elle les bruits que j'ai entendu… Vous m'aviez tout de suite reconnu, et vous avez bien jouer le jeu, je vous en félicite.

La tension montant d'un cran. Jean-Pierre murmura :

- Karlia… J'espère que tu es suffisamment loin à l'heure qu'il est…

Sur un ton calme, Felix lui répondit :

- Le bâtiment est encerclé, rendez-vous maintenant. Il n'y a nul besoin de compliquer les choses et de vous mettre en danger, vous ou votre fille.

Sans dire un mot de plus, l'épicier se retourna en glissant discrètement sa main gauche sous la table de son atelier.

- Lève les mains en l'air ! Lui ordonna l'inspecteur.

Jean-Pierre, presque tremblant, tâtonna avec ses doigts jusqu'à tomber sur un bouton. Tandis que Felix s'apprêtait tirer, il souleva la sécurité du détonateur et l'enclencha.

Soudainement, toutes les ampoules de la pièce sautèrent dans un chaos d'étincelles et de grésillements assourdissant. Plongé dans l'obscurité totale, Felix perdit son suspect de vu. Lorsqu'il alluma la lampe de son arme, il scruta autour de lui pour se rendre compte que Fleurant avait pris la fuite.

"Il est passé où !? J'y vois quasiment rien… La porte par laquelle on est entré est à ma droite, mais j'ai crus l'entendre s'enfuir par l'autre côté… Il doit sûrement y avoir un passage quelque part."

Felix tenta d'inspecter le mur à sa gauche à travers l'épaisse poussière ambiante. Rapidement, il remarque un disjoncteur électrique cachant une porte dissimulé. Le mécanisme avait été laisser entre-ouvert par le fuyard dans sa précipitation.

Sans réfléchir, l'inspecteur pris ce passage qui le mena dans un étroit couloir rudimentaire. Après quelques mètres, il arriva dans le égouts de la ville. Dès qu'il aperçus son suspect s'enfuir au loin, il se mis à sa poursuite. Pendant qu'il courait, Felix prit le temps de communiqué à la radio dissimulé dans sa veste :

"On passe au plan B ! Le suspect s'enfuit, je l'ai en visuel ! Il est dans les égouts et se dirige vers le Nord. Terminer."

Felix commençait à gagner de plus en plus de distance. Mais le fuyard pris subitement la direction d'une sortie. Lorsque l'inspecteur l'atteignit, il se rendit compte qu'elle menait à une cage d'escalier remontant à la surface.

Felix continua jusque dans les rues sales d'Ottawa. Mais quelque chose le perturbait. Il venait de se rendre compte qu'il ne voyait ni n'entendait aucun de ses collègues. Cet étrange silence des sirènes de police l'inquiétais de plus en plus. Mais il n'eut pas le temps d'y penser, car son suspect venait de prendre le chemin d'une petite ruelle. Agacé de le perdre encore de vu, Felix accéléra sa course. En suivant ces traces, il traversa un petit passage dont la sortie donnait sur une autre avenue.

Mais, dans le coin sombre de cette ruelle, accroupie derrière un local poubelle, Jean-Pierre Fleurant attendait. Lorsqu'il vit l'inspecteur passé devant lui sans l'avoir remarqué, il s'extirpa de sa cachette et courus dans la direction opposée. Malgré qu'il pensait être tiré d'affaire, son cœur se remplissait progressivement d'inquiétudes.

Quelques pâtés de maison plus loin, il se fit attraper par le dos. Surpris, il tenta de se débattre, mais s'arrêta en sentant le bout d'un canon sur son omoplate. À cet instant, il entendit la voix de Felix.

- Lève les mains en l'air, maintenant. Ne me fais pas me répéter.

Ce dernier était à peine essoufflé, comme s'il avait anticipé les déplacements de sa cible. L'instant d'après, il remarqua que la lampe de son arme venait de s'éteindre toute seule. Cela était curieux pour lui, car il se souvenait l'avoir chargée au maximum avant l'opération.

- Tu as fait une erreur. Tu aurais dû me plaquer au sol et me maîtriser lorsque tu en avais l'occasion…

Soudainement, l'épicier se retourna et attaqua Felix. L'inspecteur réussis à esquiver de justesse avant d'appuyer sur la gâchette de son arme. Mais rien ne se produisit. Confus, il se déconcentra du combat l'espace d'une seconde et se pris un uppercut dans le ventre. Sous la douleur, il lâcha son pistolet au sol et recula de quelques pas.

"J'ai compris… Le silence de mes collègues, ma lampe qui s'éteint au bout de quelques minutes, mon arme qui ne fonctionne plus… C'est à cause du piège qu'il ma tendus dans le sous-sol. Ce n'était pas qu'un simple blackout pour prendre la fuite, il s'agissait d'une décharge IEM !... Donc, je ne sais même pas si des renforts vont arriver."

Désarmé, Felix songea à se battre à mains nues pour retenir le suspect. Son souffle coupé lui donnait peu d'espoir de victoire, mais cela était insuffisant pour le décourager.

Un combat se déroula entre les deux hommes. Felix y brillait par sa technique tandis que Jean-Pierre dominait par sa force et son agressivité. Pendant qu'il esquivait à répétions les coups de son adversaire, l'inspecteur pris la parole :

"Tu t'épuises, ça se voit ! Tu ne cherches ni à fuir, ni à t'en sortir. Tu veux juste gagner du temps… pour laisser ta fille s'enfuir. Tu te dis sûrement que chaque seconde compte, que tu peux toujours essayer de faire de ton mieux. Mais il y a une chose importante dont tu n'es pas au courant…"

Soudainement, Jean-Pierre réussis à attraper Felix pas le col. Avec ses deux mains, il le plaqua contre un mur et le souleva au-dessus du sol. Sa mâchoire était serré et son regard emplie de colère. Malgré sa position, l'agent du FBI continua son discours avec un calme légendaire. Au même moment, les gyrophares polices apparurent à l'autre bout de l'avenue.

"… Ce que tu ne sais pas, c'est qu'elle et toi ne craigniez rien… Crois-moi, tu ne réalises pas l'ampleur folle de l'affaire dans laquelle vous êtes impliqués… Rends-toi maintenant, tout ira bien. Ce n'est pas votre petit business qui m'intéresse."

Après quelques secondes de réflexion, Fleurant se calma et lâcha Felix. Il se mit à genoux tout seul, les mains sur la tête, tandis le son strident des sirènes s'intensifiait lentement.

Une petite heure plus tard, l'épicier d'Ottawa se trouvait dans une salle d'interrogatoire. Le calme froid de la pièce et la tension de l'appréhension pesaient sur son cœur. Il ne s'inquiétait pas de son propre sort. Il ne pensais qu'à une seule chose, sa fille, son petit ange.

Après quelques minutes, le silence de la pièce fut brisé par l'arrivé de l'inspecteur Young. Ce dernier s'installa juste devant Jean-Pierre. Il portait sous son bras un ordinateur qu'il posa sur la table.

- Monsieur Fleurant, je ne vais pas y aller par quatre-chemins. Je ne vous ai pas arrêté pour vos activités illégales. En réalité, je veux simplement vous poser des questions. Tout ira bien si vous acceptez de coopérer.

- Vous voulez jouer au bon flic, hein ?... Si ça vous fait plaisir, allez-y. Mais sachez que je ne balancerais jamais personne.

Felix soupira et alluma l'écran holographique de son appareil. Une série de photos de Karoline, et de ses massacres, surgirent sous les yeux du trafiquants.

- Cette femme que vous voyez-là. Nous vous suspectons d'avoir été en contact avec elle au cours des derniers mois. Nous pensons que c'est peut-être vous qui lui avez fourni ses faux-papiers.

- Vous ne m'écoutez pas… Je ne balancerais jamais personne. Je sais très bien que j'en ai pour des années quoi qu'il arrive… Lui répondit l'épicier, dépité par sa situation.

L'inspecteur sorti son badge de sa veste et le posa sur la table, devant son interlocuteur.

- Vous avez tort. Regardez-ceci.

- Ahhh, je vois, j'ai attiré l'attention des ricains… FBI ou pas, n'espérez pas m'impressionner.

- Taisez-vous un peu regardez ce badge de plus près. Vous voyez cette banderole blanche sur le côté ? Et cette inscription qui va avec ? Il s'agit d'une marque très spéciale signifiant que je suis un agent représentant directement le gouvernement des Etats-Unis. Pour faire court, avec ça, je peux aller où je veux et donner des ordres n'importe qui… Un seul mot de ma part, et vous pouvez soit être acquitter devant la justice, soit prendre perpétuité. Croyez-moi, même moi j'ai peur de ce qu'il est possible de faire avec un tel passe-droit. Écoutez, vous n'êtes pas notre seul suspect. D'autres personnes sont actuellement dans votre situation et n'ont malheureusement pas eu la chance de tombé sur moi… L'affaire dans laquelle vous êtes empêtré dépasse de loin tous vos petits trafics. Il s'agit d'une guerre.

Jean-Pierre resta silencieux. Felix repris avec un ton très concerné :

- J'ai une simple proposition à vous faire. Répondez à toutes mes questions sur cette femme. En échange de cela, je vous laisserez l'opportunité de faire table rase sur votre passé. Vous pourrez vivre sans n'avoir plus aucun soucis à vous faire.

- Je pourrais vous mentir, vous le savez bien. Votre histoire de 'passe-droit' là, ça pue…

- Vous ne mentirez pas pour deux raisons. La première, c'est que vous savez qu'il ne s'agira que d'une question de temps avant que nous nous en rendions compte. Vous savez que vous ne pourrez pas en réchapper indemne. L'ampleur de ce qu'il se passe vous dépasse totalement. La seconde… c'est qu'en faisant une telle chose, vous ferrez avant tout courir un énorme risque à Karlia. Car, à ce que je sache, elle est également votre complice.

Lorsque Felix mentionna sa fille, le trafiquant commença à prendre peur.

- Non ! Pas elle ! C'est de ma faute… J'aurais jamais dû la mêler à tout ça… Je le sais…

- Si vous décidez de coopérer, elle et vous n'aurez plus aucun soucis à vous faire. Lorsque je vous ait montrer ces photos, votre regard vous a trahis. Je vois bien que connaissez ce visage. Vous détenez des informations que certains de mes collègues serraient prêt à vous arracher de force. Faites le bon choix… pour elle.

Felix se leva pour se dirigée vers la sortie. Au moment où il pris la poignée de la porte en main, Jean-Pierre répondit :

- Posez-moi vos questions, inspecteur… J'y répondrais

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