Chapitre 50
En cette nuit du 10 août 2047, un cargo fendait le ciel, surplombant les immensités du désert colombien. À l'arrière du mastodonte, Karoline attendait, seule. Elle était vêtue d'une combinaison de combat dernier cris, se fondant dans l'obscurité comme tel une ombre. Sa respiration était légère et son esprit tranquille du moindre doute. Pendant qu'elle resserrait les sangles métalliques de son parachute, ses pensées se perdirent.
"Cette rage… Celle qui m'a tout pris et me donne la force de lutter. J'ai l'impression qu'elle va exploser."
Une lumière verte envahis la soute, accompagnée par un bip sonore rauque et insistant. La trappe arrière du véhicule s'ouvrit lentement en deux. Karoline s'avança et se jeta pour s'abandonner au vide céleste. Les yeux bercés par la lueur d'une lune nouvelle, elle contempla le gigantesque complexe militaire qui trônait en contrebas.
"Tant de vies, sacrifiées au nom d'une guerre… d'une folie insatiable, aussi vielle que le monde."
Une fois assez proche du sol, elle enclencha son parachute. Des sirènes assourdissantes retentirent tout autour d'elle. Mais, il était trop tard pour les soldats, car l'emprise du Cauchemar commençait déjà à se rependre.
"Et moi, j'ai choisis de participer à ce cycle infernal…"
À quelques mètres du sol, Karoline brisa les chaines de son sac. Sans plus rien pour ralentir sa chute, elle atterrit en frappant le sol avec son poing. La cour principale se noya sous les flammes en quelques instants. Le béton se disloqua en millions de morceau et l'acier s'évapora sous le souffle de l'impact.
"Si l'horreur et le chaos ne peuvent être évités, je me chargerais moi-même de les délivrés. Car c'est à moi que le fardeau de la destruction incombe."
Karoline se releva au centre d'un cratère fumant. Autour d'elle, les épaves et les ruines restaient méconnaissables. Le poing encore serré, elle avança en direction du bâtiment principale. Il s'agissait d'un imposant entrepôt entouré par une série de tour interconnectés.
Karoline défonça la façade d'un coup de pied. Lorsqu'elle entra par le trou béant qu'elle avait créé, un arsenal surréaliste se dévoila sous ses yeux. Des dizaines de blindés étaient alignés dans un laboratoire géant. Tous ces prototypes semblaient déjà prêts aux combat.
Face à ces instruments de morts, le vertige de Karoline se transforma en rage. Le vacarme strident des sirènes n'étaient plus qu'un léger bourdonnement dans ses oreilles. Sous ses lunettes opaques, ses yeux hurlaient à la destruction.
"Je ne m'assirais plus jamais au fond d'une cellule ! Je continuerais à me battre et à tuer, jusqu'à ce que tout ça prenne fin !"
Karoline se jeta sur les véhicule et les réduits tous en morceaux. Après avoir déversé sa rage, elle se rendit dans les souterrains. Sur son chemin, elle croisa des foules de soldats, incapables de lever le petit doigt face à sa monstruosité. Enfoncé au plus profond de la terre, elle arriva devant sa cible. Il s'agissait d'un gigantesque silo à missiles nucléaires, engloutis sous l'éclat rougeâtre des alarmes.
"Je traquerais tous les responsables ! Peu importe le camps… Tout n'est qu'une question de temps avant que je les retrouves."
Karoline envoya un signal dans sa radio. Quelques instants plus tard, la base se fit assaillir par l'armée étasunienne. La confusion, le désordre et la destruction que le Cauchemar avait apporter ne laissa aucune chance aux soldats de la Coalition. Une fois les missiles sécurisés, la jeune femme sortie à l'extérieur et traversa la cour où elle avait atterrit.
Durant sa marche, son attention fut attirée par un lueur à ses pieds. Elle se baissa et découvrit qu'il s'agissait d'une montre à gousset. Karoline n'en avait jamais vu auparavant. Intrigué, elle la pris en mains et contempla ses rayures, ses bosses irrégulière ainsi que la rouille qui rongeait le gond.
À l'intérieur, il n'y avait aucun engrenage. Il ne restait plus qu'une fine paroi en verre protégeant une photo décolorée. Sur cette dernière, un vielle homme souriait à l'objectif, assis sur un seau renversé, tourant le dos à un champ de cabanes délabrés.
Karoline fixait cette image, silencieuse, le regard vide. En voulant rapprocher l'objet de ses yeux, quelque chose bloqua. En baissant la tête, la soldate remarqua que la chaine de la montre était enroulée autour d'une main livide et écrasée sous un lourd débris. Karoline venait de se rendre compte. Depuis le début, elle pataugeait dans une flaque de sang.
"J'en ait assez de tout ça… Ce moindre mal n'est qu'une façade."
En cette nuit du 10 aout 2047, cela faisait une semaine que le combat avait commencé. La quasi-totalité du territoire Colombien était déjà tombé aux mains des Etats-Unis. Le Panama s'en retrouvait coupé du reste de la Coalition et le Venezuela menacé par de nouveaux fronts.
Le Cauchemar ne cessait jamais de se battre, déroutant jours après jours ses adversaire impuissants. Dans son sillon, il ne restait toujours plus que des cendres infertiles. Telle était la finalité de ses actions : la mort, celle pour laquelle tout soldat nait.
Confusion will be my epitaph.
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