Accroche au présent,
 Ou morsure de la mer ?

 - Une ancre en collier

 Solitaire errant revenant de ses études, mais ne rentrant pas chez soi, ne sachant où c'est chez lui, cherchant des réponses dans les îles et les pays que son imagination effleure timidement, rêvant d'aventures, de mers, d'océans, rêvant d'Islande et de Bretagne, il demeura debout, intrigué. - Etait-elle une héroïne ? sur son haut rayé tombait sa chevelure rebelle - rousse, évoquant les soupirs automnaux, le soleil déclinant et le crépitement finissant dans l'âtre, dans un refuge, mais où ? ailleurs, définitivement ailleurs. Tire donc ton hameçon, sirène, ce serait cruel de le laisser seulement déchirer la peau de ce timide qui ne sait pas même attraper son ombre ; mais elle ne regardait, ni lui, ni la rame, non elle était à elle-même, l'air sombre et triste, mystérieuse et mélancolique, plongée dans des souvenirs, ou bien adonnée à la musique, ou bien... - Qui sait ? elle était seulement une silhouette, une apparition, vouée à m'embrumer un moment comme pour me rafraîchir de l'azur lointain et des promesses de l'horizon. Je n'ai su partir à l'abordage, je n'ai su envoyer des signaux comme font les naufragés, je n'ai su non plus envoyer par la suite une bouteille à la mer, - je n'ai su risquer de dissiper trop vite l'effluve éphémère ; et je le raconte plus d'un an après.

 Sache seulement que je t'ai croisée, par la baie de Saint-Lazare.

 Souvenir serein

 Ce sont des mots pour personne
 Que je jette au vent