Explications

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— Maeve... Pourquoi tu nous dit tout cela maintenant? Est ce pour nous faire du mal? demande d'une voix douce Christy

— Non. Je ne cherche pas à vous blesser même si je savais que révéler cela vous ferait beaucoup de peine. Je pense qu'il faut que vous sachiez. Que vous sachiez dans quel climat j'ai grandi et tout ce que j'ai du garder secret pendant des années. Pourquoi je détestais Marc et étais autant en colère contre tout le monde. Je veux que tout soit clair maintenant. Plus de mensonges et d'actes ignobles.

— Pourtant tu ne nous dit pas tout encore, n'est pas pas? Chuchote la femme

— Non je ne peux pas encore tout dire. Certaines personnes ne sont pas prêtes pour cela. Je patiente par égard pour un jeune homme paumé en ce moment, pour qui j'ai de l'affection. Et puis... J'ai encore découvert de nouvelles choses hier soir à propos de Père. Je dois chercher encore.

— Mahon? questionne Marc revenu à lui

— Entre autres. Je risque de trouver de nouvelles horreurs. Pensez vous être capable de ne pas en profiter si j'ai une baisse de moral?

— Pourquoi ne pas s'associer? Coopérer comme le faisait René et Marcel?

— Vous êtes vraiment un rat. Vous profitez de la moindre occasion. J'aime ça et je risque d'accepter, dis Maeve avec un grand sourire espiègle.

— N'est ce pas ce que tu cherches aussi?

— Toutes ces années, malgré les horreurs que j'entendais, il n'a pas pu me détruire. Vous savez pourquoi? reprends t'elle en redevenant sérieuse.

— Non.

— Il n'a jamais pu égratigner l'affection que je portais à Thibaut, Maxime et Christy, ni celle que eux me portait. Thibaut m'envoyait des dessins, Maxime se disputait avec moi, Christy m'apportait des sucreries via Thibaut. Bien que j'agisse en mégère, ils ont toujours été là. Même quand je songeais à mettre fin à mes jours, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout à cause d'eux... Quand je lui ai tiré dessus... Rudolf, quand je l'ai tué... J'ai mis l'arme sur ma tempe mais je n'ai pas pu appuyé. J'ai vu le trio en fermant les yeux. Je n'ai pas pu...

— Si seulement j'avais pu te protéger, chuchote Marc

— On ne changera pas le passé! dis séchement Maeve. Puis d'une voix radoucie, elle reprend la discussion. J'ai fait des recherches et des tests Adns à l'insu de certains. Vous aviez raison pour le sang royal. Nous ne sommes plus que quatre à posséder les gènes des cinq royaux ancestraux, trois sont les mâles Bord, je suis la seule fille.

— Est ce vraiment important?

— Non. Je me contrefiche du sang bleu. Papy aussi. C'est la puissance qui m'importe. Je voulais à la base vérifier certaines rumeurs. L'existence réelle ou non de second enfant ou d'enfants illégitimes dans mon ascendance et la votre. Pour expliquer les agissements du passé, les querelles.

— Et tu as trouvé des choses intérressantes?

— Oui et non. Les Bord sont d'un ennui.... Aucune faute, aucune entorse.

— Ce qui veut dire que les Teyssier...

— Non. Pas les Teyssier du moins pas depuis la guerre. Mais les descendants des Allahym et surtout Rodiana. La fidélité n'est pas dans leur culture. Toutefois, un seul enfant par génération depuis la guerre. Ils allaient voir ailleurs mais ils savaient se protéger.

— Okay...

— Je cherchais la raison de la colère de Rudolf. Mais ce n'était pas la bonne piste. Quand bien même il y aurait eu des rejetons inconnus, ca n'aurait rien changé pour moi.

— Il a vraiment essayé de me tuer? murmure Marc

— Non. Pas vous tuer. Ca il n'a pas pu. Vous empêcher d'avoir un autre enfant et aussi vous rendre faible et malade pour s'approprier votre empire. Mais vous tuer lui était impossible. A ce jour, je n'ai rien trouvé de plus contre vous ou contre Maxime. Il a même protégé Maxime d'un kidnapping en tuant un Wang.

— Je n'y comprends plus rien. Je ne sais vraiment plus si je dois le détester ou non.

— Il était devenu fou. Pour des raisons compréhensibles. Ca n'escuse pas son comportement mais ca l'explique. Je vous dirais tout un jour. Le détester ne sert à rien. Le plaindre ou le juger non plus. Il a fait des choses horribles mais jamais sans raison. Mais qui sommes nous pour évaluer? Je ne suis pas blanche comme neige. Vous non plus et personne ne peut se vanter de cela dans le monde des affaire

— Tu es bien sage Maeve. Ca ne te ressemble pas, dit en souriant Christy.

— Disons que j'apprends à me séparer de mes émotions et à garder l'esprit lucide.

— Vous saviez depuis quand pour les amitiés conservées des garçons et de Lisa?

— Depuis le début. Mon fils n'etait pas très doué pour les secrets enfants et puis... Avec Christy, les gardes du corps et quelques billets aux professeurs,... On sait tout très vite.

— Oui. Vous avez été le premier à savoir pour la mort de mes parents après la police. D'ailleurs, même si j'ai jeté votre lettre, j'ai dévoré les cookies avec plaisir. J'ai su par après que vous avez essayé de venir me chercher à l'hopital. Jacob vous avait devancé. Merci d'avoir prévenu la directrice aussi.

— De rien Maeve. J'ai échoué. Je ne savais pas à l'époque que Monsieur Dimopotoulos t'avait recueilli. Quand je pense que c'est lui qui a géré le consortium en secret pendant toutes ses années, en plus de son empire... Et dire qu'il t'as tout donné. Cela a été un choc.

— Mmm Il avait une dette envers Papy. Christy? Est ce vrai que vous avez joué de votre influence pour que Sania ne décroche pas certains contrats de mannequinats au profit de Claudia Toen?

— Oui. Sania était une garce qui a déchiré des robes, cassé des chaussures, fait des croche pieds et même jeté de l'acide sur des filles. Quand je pouvais lui nuire, je le faisais. Claudia était une de mes amies avant qu'elle n'épouse ce ... Fabrice Toen.

— Oui une belle garce. Je le savais mais je voulais juste besoin d'une confirmation de votre bouche.

— Maeve, Marc et moi avons toujours eu de la tendresse pour toi. Je sais qu'on a fait de très grosses erreurs en tant que parrains. Tu as toutes les raisons d'être en colère contre nous. J'espere qu'un jour tu nous pardonneras. Je voudrais que notre famille puisse retrouver ton affection.

— Je n'ai jamais été en colère contre vous Christy. Vous n'avez jamais perdu mon affection. Maxime me tape sur les nerfs mais... je ne peux le détester. Je suis fachée et il va devoir se faire pardonner ses aneries. Mais il reste mon ami. Pour Marc, il va me falloir du temps. Je l'ai haï. En raison de beaucoup de croyances inculquées par Rudolf qui sont en train d'être détruites. J'ai conscience du lien affectueux entre votre époux, Papy et Père. De la droiture de Marcel et Marc.

— Pose moi toutes les questions que tu veux. Je te promets de te répondre honnêtement. Maeve, je tiens à te présenter mes escuses et implore ton pardon, déclare Marc.

— Je les accepte. Les principales raisons de ma haine étaient liées à la mort de René et à votre rôle de parrain. Mais Rudolf m'as menti. Je vous haissai à cause des mensonges de Père. Donnez moi du temps. Je dois tout savoir avant de pouvoir accorder un pardon. Pourquoi Claudia est tombée amoureuse de Fabrice? C'était une jeune fille bien et lui déjà un con...

— Elle a commis des erreurs. Mais elle reste à mes yeux quelqu'un de bien. Marc et moi discutons avec Elena pour la convaincre de cela. La famille de Claudia la rabaissait et la brimait. Elle était belle, intelligente mais n'avait aucune confiance en elle. Aucun garçon ne s'intérressait à elle à l'adolescence. Un jour, lors d'une fête, Fabrice a pris sa défense devant tout le monde y compris les puissants. Il l'a emmené à son bras loin de la fête et lui a offert un refuge pour se reconstruire. A l'époque, on pensait tous qu'il l'aimait. Elle est tombée amoureuse d'une illusion. Elle réalise aujourdhui les mensonges de son époux, tout comme toi tu découvres ceux de Rudolf.

— N'est ce pas difficile de travailler dans l'ombre de votre mari? Vous gérez beaucoup de choses en son nom.

— Au contraire. c'est génial! J'ai une paix royale. Je passe pour la gentille et lui subit les colères ou ressentiments. Et puis, Marc est conscient de mon travail et m'en remercie chaque jour. Il ne m'as jamais dévalorisée mais plutôt encensée.

— Sauf dans cette lettre...

— Rudolf était devenu misogyne, toutefois il connaissait mes capacités. C'est moi qui ai dit à Marc d'écrire cette partie. Je voulais jouer sur leur connivence d'adolescents.

— Rudolf a rarement dit du mal de vous. C'était plus Sania. Il méprisait les femmes, y compris la sienne. Pourtant, il se méfiait de vous comme il le faisait des plus gros d'hommes d'affaires. Vous étiez la seule qu'il mettait au même niveau que ces concurrents.

— Pense tu que c'est cela qui l'a empêché de te confier à nous? Le fait qu'il avait conscience des capacités de Christy?

— Non.... Quand ils se disputaient... Parfois Père reprochait à Mère de ne pas être comme Christy.. Que Christy aurait su m'éduquer correctement... Avec le recul, je pense me demande si c'était pour rabaisser Sania ou si c'était du regret de ne pas avoir accepté votre proposition... Peu avant sa mort, il m'avait parlé mariage. A ses yeux, le seul prétendant possible était Maxime. Il ne voulait personne d'autre pour moi. Il voulait réunir nos fortunes et surtout nos sang bleux. Il était devenu obsédé par la lignée.

— On délirait adolescents mais nous n'avions jamais pris cela au sérieux , s'esclame Marc abasourdi.

— C'est lui qui a débuté les tests Adn. Peu après la mort de René. Il faisait d'intenses recherches sur les arbres généalogiques. J'ai fini son travail. Il se torturait l'esprit. Il était devenu fou.

— Mais pourquoi? Qu'est ce qui l'as fait vrillé? s'étonne Marc

— Si vous deviez dater la première fois où vous n'avez pas compris ou reconnu votre ami, ça serait quand? interroge Maeve en réfléchissant

— Ca serait à nos débuts professionnels. Je dirais un mois ou deux avant sa promotion soudaine et étrange alors que c'était moi qui avait conduit le projet. Ca ne ressemblait pas à Rudolf de s'approprier mon boulot ni à René de privilégier son fils. Les incohérences ont débutées un peu avant. Mais le moment où Rudolf est vraiment devenu incompréhensible a été quelques mois avant la mort de René.

— Ca correspond....

— Maeve! Que sais tu? De quoi tu parles?

— Pourriez vous me parler de votre mère et de la sienne?

— Euh... La mère de Rudolf... Ta grand mère est morte quand il était tout petit... Rudolf devaiit avoir cinq ou six ans.. Je ne me rappele plus bien. Maman s'est occupée de lui. C'est pour ça qu'on s'entendait si bien. On a été élevé comme des frères. Il tenait beaucoup à Maman. Quand elle est partie, il a envoyé des tonnes de fleurs... Maintenant que j'y repense, il a eu une baisse de forme, de virulence à ce moment là. J'ai cru que c'était une trêve mais ... Non... Il était aussi en deuil...

— C'était au début de l'année de quinzième? Je ne me trompe pas?

— Oui...

— Pardon de remuer le couteau dans la plaie. J'ai besoin d'éclaircir certains points. Pourquoi vous ne vous êtes pas opposé à ce qu'il paye la moitié de l'entretien de la tombe de votre mère?

— Elle était aussi la sienne quelque part. Même après nos brouilles, il a toujours continué à parler et correspondre avec Maman.

— Vous saviez qu'elle avait des gènes royaux? Il fallait remonter très loin mais elle avait du sang de Chen mais de bien avant la guerre.

— Non je l'ignorais totalement.

— Christy a du sang de Allahym si on remonte aussi loin.

— Ah bon? Mais en quoi c'est important? Je croyais que tu t'en fichais?

— Je m'en fiche. C'était important pour Rudolf. Ca l'est devenu à la mort de votre mère. Quand il s'est mis en tête de me marier au grand dadet. Il avait remonté la généalogie jusqu'à cinq générations avant la guerre. Il a même testé l'intégralité du génome de son personnel lors des examens médicaux annuels ainsi que de très nombreuses personnes du classement Forbes et leurs familles. Dans son bureau du centre ville, il y avait une pièce dédié au répertoire de ce qu'il appelait les gènes royaux.

— Mais pourquoi?

— Il était persuadé que les aptitudes professionneles étaient liées à ces fameux gènes. Une théorie fumeuse qui expliquerait la montée des Toen mais aussi d'autres.

— Et toi? Tu y crois?

— Non. Je penche plutôt pour l'éducation et parfois des capacités. Pour les Toen, c'est le grand-père qui était doué et qui a tout construit. Les parents et Fabrice n'ont juste eu qu'une bonne éducation et une cuillère d'or dans la bouche. Savez vous qui a du sang de Teyssier, d'avant la guerre?

— Je l'ignore... Thibaut? Mais pourquoi parle tu de cela? Je suis perdu

— Je ne sais pas. Peut être pour ne plus être la seule à connaitre cette folie... C'est Lisa. C'est pour ça qu'il ne faut pas qu'elle épouse n'importe qui.

— Et Thibaut? Tu ne lui en parles pas? Ou Jacob et David?

— Thibaud et Samuel, du sang de Rodiana par leurs mères mais faut pousser loin. Pour mes secrets, ils ne savent pas tout. Trop de choses qui se mélangent. Je dois trier et savoir toutes les répercussions avant d'en parler davantage.

— Si je peux t'aider, je suis là.

— Je sais. J'ai besoin de me détendre. Ne vous inquietez pas de votre lettre. Je sais à quoi m'en tenir. Une tentative de me récupérer et de me protégez de Rudolf. Le reste n'est que mensonges pour atteindre votre but.

— D'accord... On a aussi besoin d'encaisser et digérer tout ça. Vas torturer Maxime. Si tu as besoin de parler ou de quoi que ce soit, Christy et moi seront toujours là.

Maeve esquisse un sourire à destination de la mère puis sort de la pièce en fermant la porte. Le couple doit se parler. Ils ont besoin de temps pour assumer le poids de leur culpabilité vis à vis d'elle. Même si au fond, Maeve sait que ce n'est pas de leur faute.

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