Chapitre 16

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Andrew était de toute évidence ravit de retrouver William. Ils s’étaient embrassés et nous étions repartis. Les deux jeunes hommes n’avaient cessé de discuter qu’une fois à l’entrée de la propriété familiale. Andrew avait eu bien du mal à laisser William qui lui avait murmuré ces mots :

-Je te retrouve ce soir.

Une brève embrassade avait mis fin à leur réunion. Il n’était pas question pour moi d’être remis au box. William m’avait scellé sitôt que j’eu été désattelé. Nous devions repartir. Je ne portais pas de rênes, mais un simple licol avec une longe nouée autour de mon cou pour m’attacher aux anneaux des bâtiments. Laisser Napoléon m’inquiétais, mais celui-ci m’avait rassuré. Mon maitre et moi étions donc partis sur son lieu de travail. Il ne s’était absenté qu’un court moment.

-La patronne était bien déçue, mais elle a compris mes raisons. Allez, viens Rex, on va se trouver un nouveau job.

Nous nous étions rendus dans un nouveau lieu avec quelques calèches stationnées. Le palefrenier présent avait été ébahis de me voir. William avait mis pied à terre.

-Rex, soit sage avec le monsieur, je n’en ai pas pour long. Enfin j’espère… Ne vous inquiétez pas, il ne mord pas.

Puis il était rentré. L’homme m’avait regardé. Il s’était approché et m’avait délicatement saisi pour m’entrainer vers un abreuvoir auquel j’avais été lié. Les chevaux présent étaient interloqués par mon apparence. Ils me posaient des questions sur ce que j’étais et d’où je venais. Ils m’avaient appris qu’ils tiraient de petits chariots appelés fiacres, pouvant transporter jusqu’à quatre personnes si l’attelage ne comportait qu’un seul équidé. Les plus gros charriots allaient jusqu’à six chevaux, mais un tel déploiement était rare selon eux. Chaque cheval avait un maitre ainsi qu’un fiacre que celui-ci possédait. Au vu de mon allure imposante, je tirerai probablement un fiacre de quatre chevaux, d’après eux. J’avais remarqué parmis eux quelques vieux animaux, pour lesquels j’avais de la peine. Ceux-ci n’étaient pas en forme. On m’avait alors appris que les chevaux de fiacre travaillaient souvent jusqu’à ce qu’ils n’aient plus la moindre énergie. Comment les humains pouvaient-ils les traiter ainsi ? Eux qui se donnaient corps et âme n’obtenaient visiblement aucune récompense. Cela m’attristait. Heureusement, les progrès technologiques modernisaient le transport, rendant ce métier de plus en plus rare.

William était ressorti. En me récupérant, il m’avait appris qu’il avait trouvé un travail ici. Un fiacre lui serait prêté, le temps qu’il s’en achète un. Nous étions ainsi rentrés au logis familiale et j’avais été remis en box, aux côtés de Napoléon. Le vieil âne avait été sidéré d’entendre mes récits. Nous nous étions rendus compte de la chance que nous avions que d’être avec William. Il était bon et généreux avec nous et ne nous forçaient jamais à faire ce dont nous n’avions pas envie.

Le soir venu, mon maitre était venu de façon plutôt discrète.

-Ne fais pas de bruit, Rex.

Il m’avait sellé et nous étions sorti dans la cours. Là, il m’avait enfourché et nous étions partis dans les rues. M’élançant au petit galop, j’avais laissé William me guider jusqu’à un bâtiment dans un quartier bien différent, en dehors du centre-ville. Une maison plus modeste.

-Eh, William, avait chuchoté une voix.

D’un même mouvement, mon maitre et moi avions tourné la tête. Andrew se tenait à une porte de service, à quelques mètres. Je m’étais avancé. William s’était penché et ils s’étaient embrassés. Puis le garçon blond était monté sur mon dos, derrière mon maitre. Nous nous étions d’abord rendus dans un parc. Ils avaient mis pied à terre et s’étaient assis sur un banc. Ils prenaient un plaisir évident à se toucher et s’embrasser. Quant à moi, je restais à l’affut. Cet environnement encore trop peu connu pour moi m’inquiétais. Nous nous étions ensuite promenés dans des rues commerçantes. Un homme fumant sa cigarette avait eu un regard hostile envers nous mais il n’avait pas bougé. S’il s’était approché, je lui en aurait de toute façon fait passer l’envie.

Ce fut avec regrets qu’Andrew et William s’étaient quittés à l’aurore. Mon maitre m’avait fait rentrer en quatrième vitesse. Et tandis qu’il me dessellait, une voix s’était faite entendre :

-William ? Que fais-tu ?

Nous avions tous les deux sursautés. C’était Alan. Celui-ci avait gloussé en voyant notre réaction commune.

-Oh, salut Alan… Je…

Le cousin de mon maitre avait regardé celui-ci.

-Ne t’inquiètes pas, je ne dirai rien. Eh oui, je t’ai vu partir, hier soir.

William s’était crispé.

-Monsieur a eu un rendez-vous galant, hein ? Elle a bien de la chance.

L’intéressé n’avait rien dit.

-Bon, dépêches-toi de remonter. Personne n’est encore levé.

- Alan, tu ne diras rien, promis ?

- Mais oui. Tu me prends pour qui ? Allez, je file, bonne chance avec ta princesse cousin !

Et il s’en était allé. William avait soupiré et m’avait ensuite apporté ma ration matinale.

-Ce soir, tu auras le droit à un vrai repas.

J’avais hâte. J’aurai enfin droit à un bon bouillon de légumes ! J’avais raconté notre balade nocturne à Napoléon. La journée s’était ainsi écoulée et je m’ennuyais. Rester sans rien faire n’était pas dans mes habitudes. Sans compter que le box ne me plaisait guère. Mais je devais prendre sur moi, pour William. Le soir venu, celui-ci m’avait apporté comme promis un seau de bouillon de légumes. Pour remercier mon maitre, je lui avais donné un coup de langue.

-Demain, nous attaquons le travail mon Rex ! J’espère que tu es prêt.

J’étais toujours prêt. Napoléon aussi avait eu droit à un repas spécial. William disait qu’il envisageait de le laisser à la demeure familiale, en campagne, ce qui ne me rassurait guère. Mais encore une fois, le vieil âne avait eu tôt fait de me rassurer, tout comme mon maitre qui avait sûrement perçu mon inquiétude. Mais la décision ne serait pas prise immédiatement.

Le travail avait commencé dès le lendemain matin. Toute la journée, nous avions traversés Londres de long en large pour emmener des gens où ils le souhaitaient. Cela me plaisait moins que les travaux agricoles mais j’étais heureux de faire ces voyages avec William. Je tirais un gros fiacre qui nécessitait habituellement quatre chevaux. Parfois, nous transportions tout un petit groupe. Cela avait continué jusqu’à tard dans la nuit. William était épuisé, d’autant qu’il n’avait pas eu le temps de manger de toute la journée. Et alors que nous nous attendions des clients, mon maitre était descendu pour venir à mes côtés.

-C’est moins bien que le café, je t’avoue, mais au moins on est ensemble mon vieux.

J’avais approuvé d’un léger rugissement. Deux femmes s’étaient alors avancées vers nous. Au moins, on ne risquait pas de s’ennuyer !

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