La lettre
Un chapitre / Une musique
La valse n°2 en si mineur - Frédéric Chopin
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Mercredi 12 août 1981
Mon très cher Lucas, cela pourrait sembler si solennel et pourtant cela rend cette lettre à mes yeux si réelle, voire éternelle. Je rêve de devenir ce pianiste qui pourra déposer les notes de notre valse romantique, rythmée par toutes les émotions qui m’envahissent quand je suis avec toi. Quand mes yeux se sont posés sur toi, et que nos mains se sont serrées, toute ma vie a été bouleversée. Ce premier contact a provoqué un je ne sais quoi, qui aujourd’hui encore me fait frissonner. Depuis ce jour-là, je fredonne cette douce mélodie, dès que tes lèvres se posent sur les miennes. Tout ce que tu m’apportes, restera gravé en moi, comme ses mots que je pose ce soir sur ma partition.
Nos chemins se sont croisés en ce bel été et j’ai enfin trouvé ce que mon cœur cherchait désespérément, quelqu’un qui partagerait ma vie totalement. Lucas, tu es le seul à qui je peux exprimer tout ce que je suis, cet Alex comme tu te plais à m’appeler avec tant de tendresse. Lucas, tu m’es devenu nécessaire, ma bulle d’oxygène dans laquelle je viens puiser l’air qui me fait défaut dans mon monde qui est loin d’être si beau. Tu es le seul qui me comprenne, m’écoute, me console, me bouscule et ainsi tu m’aides un peu chaque jour à devenir bien meilleur. Tu m’as offert cette liberté dont on s’acharne à vouloir me priver. Tu m’as ouvert les yeux pour me permettre d’être heureux. Oh mon cher Lucas, comment pourrais-je oublier notre première soirée, assis sur ce banc pour mon anniversaire, tu étais si sincère.
Je venais de fêter mes 17 ans, et tu es venu me chercher, voulant à ta façon ouvrir ma cage dorée. Quel doux son que celui de l’appeau, signal, que tu m’avais offert, pour faire l’école buissonnière. C’était pour moi une toute première, une aventure insensée. Tu as en un instant brisé toutes mes chaînes. Nous nous sommes peu à peu rapprochés et à nouveau nos mains se sont frôlées. Nous ne voulions rien précipiter, apprendre à nous découvrir chacun à notre manière, surement parce que nous doutions, appréhendant ce que nos cœurs, eux savaient déjà depuis bien longtemps. Chacune de tes paroles, chacun de tes regards sont depuis cette nuit, une source dans laquelle je puise cette force de vivre. Lucas sache que tu es le premier et le seul à jamais.
Dans tes bras, j’ai trouvé ce que je cherchais. Tu as su avec quelques mots m’offrir ce qui me faisait défaut, me permettant de m’abandonner. J’avais besoin de tant de tendresse, de chaleur, et tu m’en as enveloppé avec tant de candeur. Tout ce qui me met en colère, m’effraie, tu le balaies avec ton si merveilleux sourire. Comment pourrais-je oublier cette insouciance que nous partageons lors de nos échappées nocturnes. Et en cette nuit d’été, tu es venu déposer tes lèvres sur les miennes, ou peut-être que c’était moi. Et à ce moment-là, notre avenir nous l’avons scellé avec ce baiser. Lucas, je me suis perdue dans tes yeux, et définitivement je suis tombé amoureux, oui JE T’AIME.
Ce soir, le temps s’est arrêté, quand nous nous sommes avoués que nous nous aimions. Je n’ai pu retenir une larme, aussitôt avec un doigt tu l’as essuyée me comblant d’un bonheur absolu. Assis devant mon piano, je pense à toi, attendant avec impatience de pouvoir me blottir dans tes bras et ainsi me sentir en sécurité. Cette nuit, je vais rêver de ton corps lové contre le mien, cherchant ta chaleur et ton parfum. Puis je revivrais quand tu me souriras avec cette étincelle dans tes yeux qui alors brillera. Plus aucun doute, plus aucune hésitation, je veux vivre pleinement avec toi, mon amour. Dans ta bouche, ce je t’aime à un goût délicieux, que je ne peux l’oublier et à mon tour, je pourrais te le dire tant de fois sans jamais me lasser juste pour sentir tes mains me caresser.
Lucas, je ne sais pas si un jour, tu liras ces quelques mots que je dépose sur ma partition chaque jour depuis que nous nous sommes croisés. Si un jour, je venais à te perdre, ma vie n’aurait plus de sens et pourtant ton souvenir en moi restera à jamais tatoué dans mon cœur. Tu es de ces rencontres qui marque un être, tu es tout simplement l’homme de ma vie et pour toi sans hésiter, je donnerais la mienne. Je t’aime Lucas et ne peut retenir mes larmes parce que ce que je ressens pour toi est si fort que cela fait chavirer tous mes sens. Tu es celui qui m’a ouvert les yeux, tu es cet être cher et merveilleux que je veux combler et rendre heureux. Je veux conjuguer notre à amour à tous les temps.
Celui du passé qui nous a fait découvrir ce que l’amour était.
Celui du présent que l’on vit pleinement.
Et celui du futur que nous construirons ensemble.
Mon tendre amour,
Je t’offre mon plus doux baiser.
Ton Alex, fou de toi.
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Le samedi 22 août 1981, Lucas découvre cette lettre à son retour d'une visite chez les Dumont. Françoise lui a remis en main propre, quelques heures avant, l'appeau d'Alexandre ainsi que son recueil de morceaux de Frédéric Chopin.
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Merci infiniment à toi, Attrape rêve de t'être prêtée au jeu d'écrire cette magnifique lettre. Une lettre écrite au-dessus des portées de la partition La valse n°2 en si mineur de Frédéric Chopin. Je me sens chanceux de ce si beau cadeau. Merci pour cette complicité au fil de ses quelques semaines d'écriture et d'échanges.
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