Le fantôme

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Tatiana était encore sous le choc de la scène à laquelle elle venait d’assister. Elle lança un dernier coup d’œil rapide sur la grande barrière noire qui s'érigea devant dissimulant la belle demeure de Marcel qu'elle venait de rencontrer. Ce dernier l’avait traité de malotrue avant de la mettre à la porte de chez lui. La jeune femme essayait de reprendre ses esprits. Avait-elle rêvé ? S'était-elle trompée ? elle était pourtant certaine que la dame qu’elle avait croisé six mois plutôt était bien Katia, la fille qui lui avait volé l’homme de sa vie. En voyant sa photo sur le buffet de leur logement, elle pouvait le confirmer. A moins que…

Tatiana était tombée amoureuse de Marcel à l’âge de 10 ans au moment où elle fit sa connaissance. Le petit garçon avait emménagé dans la maison voisine de la la sienne et depuis, il fut son meilleur ami et camarade de classe. Malheureusement pour la jeune femme, Il ne partagea pas ses sentiments. Pour lui, elle demeura une amie qu’il considérait comme une petite sœur. Il l’avait alors surnommé Taty, de ce nom que tout le monde l’appelait. La jeune femme s'était consolée avec l’espoir qu'un jour, il l'aimera en retour. Mais l'arrivée de Katia dans leur lycée ruina tous ses plans. Elle lui vola son amour et ses rêves. Marcel tomba fou amoureux de cette jeune fille confiante et l’épousa plus tard au grand dam de Taty qui quitta le pays pour oublier son amour perdu. Voilà pourquoi lorsque qu’elle aperçut sa rivale dans le magasin de vêtements où elle travaillait près de Time square à New-york, accompagnée d'un homme et d'un petit garçon de deux ans environs, elle s'était dit qu'elle avait une chance de récupérer Marcel.

Taty avait alors décidé de profiter de ses vacances pour essayer de reconquérir le mari délaissé, raison pour laquelle, elle se trouvait devant cette grande bâtisse.

Elle y était arrivée deux heures plus tôt après avoir pris rendez -vous avec le jeune homme une semaine auparavant. Ce dernier la reçut agréablement, content de revoir son amie d’enfance après une décennie. Mais ce bonheur tourna au vinaigre lorsque cette dernière lui dit :

— J'ai aperçu ta femme à New York récemment.

Marcel qui était en train de boire recracha le contenu de son verre avant de se retourner vers la jeune femme, interloqué.

— Quoi ? Demanda-t-il comme s’il n’avait pas bien entendu.

Tatiana prit cette attitude pour de l’intérêt et continua sur sa lancée.

— Ne fais pas semblant de ne pas avoir écouté. Je répète que j'ai vu ta femme à New-York. Katia c'est bien son nom ? J'ignorais que vous étiez séparés.

Trop concentrée sur sa tirade, elle ne remarqua pas les lèvres de son ami qui se crispaient et tremblaient de colère. Elle poursuivit en rigolant :

— Tu craignais de me voir débarquer et me jeter sur toi si j’en étais informée ?

Son ami se leva brusquement et une autre personne apparut dans le couloir. Il s’agissait de Sita Rosa, la sœur ainée du jeune homme que Tatiana connaissait très bien. Elle ne s’était pas rendu compte qu’il y’avait d’autres personnes dans la maison. Alors qu’elle s’apprêtait à la saluer, elle fut interrompue par le cri de Marcel :

— Tu es folle Taty ? Je sais que tu aimes bien la provocation mais là tu as dépassé les bornes. Je ne veux pas dire des choses que je puisse regretter. Comment peux-tu rire au détriment de ma douleur ? Sors de chez moi tout de suite !

— Marcel, tu exagères ! ce n’est pas ma faute si elle t’a quitté, ce n’est pas la peine de t’en prendre à moi. Dit-elle d’un ton agacé.

— J'ai dit dehors !!! hurla-t-il avant de la saisir par le bras pour l’entrainer hors de la maison.

Sita Rosa le retint. Il lâcha le bras de la jeune femme et s’éclipsa dans une autre pièce de la maison la laissant interloquée.

La grande sœur s'avança vers la jeune femme et lui dit d’une voix froide et agressive :

— Tu es toujours aussi puérile. Comment peux-tu faire une plaisanterie aussi cruelle à quelqu’un dont la femme est décédée de manière tragique ?

— Hein ? décédée ? demanda t'elle ahurie. Sita Rosa qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— J’imagine que tu n’étais pas au courant sinon tu n’aurais pas fait une chose aussi stupide. Katia est morte depuis trois ans maintenant. Heureusement que ses filles ne sont pas à la maison. Tu imagines la peine que tu leur aurais fait ? Je te conseille de partir parce que Marcel est très énervé. Tu pourras revenir t'excuser plus tard quand il se sera calmé.

— Je suis désolée Sita Rosa. Dit la jeune femme avant de sortir précipitamment abasourdie par la nouvelle.

Avait-elle rêvé ? elle avait bien entrevu la jeune femme dans le magasin 6 mois auparavant.

L’homme qui l’accompagnait la tenait par l’épaule tandis que le bébé était dans une poussette qu’elle dirigeait. Ils avaient l’air d’une famille heureuse. Mais après l’échange qu’elle venait d’avoir avec Marcel et sa sœur, elle se demandait si elle avait halluciné ou confondu la femme qu’elle avait vu avec la défunte. Parce que dans le cas contraire, elle devrait reconnaitre avoir vu un fantôme.

Plusieurs légendes urbaines circulaient d'ailleurs à ce sujet. On disait que certaines personnes avaient déjà fait l’expérience de rencontrer une connaissance décédée dans un endroit diffèrent de son lieu d'habitation habituel. La légende disait que le décès de la personne était causé par un acte de sorcellerie dans le but d'asservir son âme qui travaillait alors pour son acquéreur. A cette pensée, la jeune femme fit signe de croix afin d’ éloigner l'âme errante.

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