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De guerre lasse, le jour succède à ma nuit. Je ne sais plus, déjà, ce que j'y ai fait, ce en quoi j'ai encore foi. Mais me voici, le corps entier, déposé sur ce canapé gris qui ne connaît de moi que ma croupe et mon dos. Les hommes étaient de même, avant que je ne t'aime. Tu dors de plomb et je me sens si plume, soudain loin de tes bras blancs et de mon courage d'armure. Mes paupières battent au vent et je tente un sommeil, sans repos. Le tien me rassure, m'apporte un réconfort bienvenu. Je fixe le vide contre ta poitrine, ma tanière et mon abandon, creux dans lequel je me love en fuite, comme une bête chassée. Tu m'y emprisonnes et je m'y enferme de bonne grâce, les oreilles couchées. Mais ce matin, mon refuge se fait autre, ailleurs dans les rayures de l'aube. Je redeviens alors cette créature nocturne, tout petit animal aux vices gourmands que je me dois de satisfaire, salement.
Je prie pour ton éveil, la couleur de tes yeux, de nouveau, afin que cessent mes quêtes sombres et recommence ma vie.
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