La pluie tombait drue, effaçant les contours du monde dans un voile d'eau et de tristesse. Émeric, trempé jusqu'aux os, marchait sans but, le cœur alourdi par le silence d'Esmeralda et la révélation de ses propres erreurs. Chaque goutte qui s'écrasait sur son visage semblait une larme que le ciel versait à sa place.

Alors qu'il s'engageait dans une allée bordée d'arbres, ses yeux s'accrochèrent à une silhouette familière. Esmeralda, un parapluie à la main, avançait en compagnie d'un jeune homme. Ils riaient, complices, partageant une intimité qui transperça Émeric comme une lame glacée.

Leurs regards se croisèrent. Esmeralda s'arrêta, surprise, puis afficha un sourire poli. Le jeune homme, curieux, demanda :

— C'est un ami à toi ?

Elle hésita un instant avant de répondre :

— Oui, un camarade de l'université.

Émeric sentit son cœur se serrer. Il s'approcha, tentant de masquer son trouble.

— Salut, Esmeralda.

Elle hocha la tête, un peu gênée.

— Salut, Émeric.

Un silence pesant s'installa, seulement troublé par le martèlement de la pluie sur le sol. Le jeune homme tendit la main.

— Je suis Lucas, le petit ami d'Esmeralda.

Émeric serra la main, son monde s'effondrant autour de lui. Il murmura quelques mots inaudibles, puis s'excusa et s'éloigna, le cœur en miettes.

Sous cette pluie battante, il comprit que certaines erreurs ne pouvaient être réparées, que le temps ne revenait jamais en arrière. Il aurait voulu ne jamais avoir croisé ni Juliette ni Esmeralda,le jour de rentrée, ce jour qui voyait aussi bien la semance de son sentiment présent que la naissance de son amour pour Juliette. Et c'est là, seul, triste et trempé, qu'il pleura, réalisant pleinement la portée de ses choix. La pluie devenait plus rude et Émeric, désespéré que jamais, fit de ses larmes aux flots, un horrible mélange.

End