Chapitre 5 - Anniversaire
J’ai le cœur un peu plus léger que d’habitude. Même si, demain, je dois reprendre les cours après plusieurs mois d’absence, ce qui est une source de stress pour moi puisque je vais attirer tous les regards, c’est mon anniversaire aujourd’hui, et j’ai envie d’en profiter.
Je suis devant le miroir de la salle de bain, en train de finir de me préparer. Je me suis brossé les dents, coiffé, parfumé, j’ai même mis de la cire dans mes cheveux. J’ai enfilé une chemise blanche très fine avec un liseré noir sur le col, un chino beige et une ceinture noire. Je me regarde dans la glace depuis maintenant une dizaine de minutes, déplaçant le moindre cheveu au millimètre près pour obtenir une symétrie parfaite. Pas que je sois narcissique, je ne pense pas…
La sonnette retentit et me sort de ma bulle. Je me précipite vers les escaliers, je les descends à toute vitesse et je me dirige vers la porte. Je prends une inspiration, je prépare mon plus grand sourire et j’ouvre la porte, pour découvrir qui est arrivé en premier.
A&B&Z (en même temps) : Bon anniversaire, Niels !
J’aperçois mes trois amis, face à moi, le sourire jusqu’aux oreilles. Ils doivent sûrement s’amuser de ma tête d’étonné, en ce moment même. Je ne m’y attendais pas du tout, sûrement une idée d’Aleksy, ça.
N : Wow… merci les potes ! Ça me fait grave plaisir !
Je divague pendant quelques secondes, à les regarder avec mon air ahuri. Zayn, tout d’abord, avec son mètre 85, sa carrure massive, sa barbe déjà fournie et ses cheveux tirés vers l’arrière, on lui donnerait facilement 2-3 ans de plus que nous. Puis Benjamin, à peu près de la même taille que moi mais avec des cheveux bruns frisés et des lunettes, et avec son petit air de premier de la classe, ce qui est d’ailleurs loin d’être le cas.
Mais mon regard se dirige surtout vers Aleksy… Il me regarde, avec son grand sourire, ses yeux café intenses, son nez retroussé qui lui donne un petit côté espiègle vraiment craquant. Et avec son polo noir, il est juste magnifique…
Je le vois se rapprocher de moi, sa tête plus particulièrement qui penche de plus en plus dans ma direction. Qu… qu’est-ce qu’il fait ? Puis sa joue vient se coller contre la mienne, puis pareil de l’autre côté. Ce bref contact entre nos deux peaux me fait pourtant frémir.
A : C’est ton anniv’ aujourd’hui, t’as mérité qu’on se tape la bise !
Aleksy passe juste à côté de moi et rentre. Je rougis, très légèrement. Mes deux autres amis me regardent, interloqués, puis me font la bise à leur tour et rejoignent Aleksy. Je ferme la porte derrière eux.
A : Tiens, c’est pour toi ! De la part de nous trois !
Aleksy fouille dans le sac de Zayn et me tend un petit cadeau emballé.
N : Vous êtes fous les gars, fallait pas !
B : Vas-y, ouvre-le !
J’attrape le cadeau qu’Aleksy me tend et je déchire le papier, tout doucement, pour apprécier ce moment le plus longtemps possible. Je découvre alors un écrin bleu marine, estampillé ‘‘Tommy Hilfiger Watches’’, et ses deux bandes rouges et blanches emblématiques. J’ouvre fébrilement la petite boîte et elle renferme en son sein une magnifique montre aux couleurs de la marque : un cadran bleu marine, cerclé par un boîtier argenté, et orné d’un bracelet en cuir bleu marine, avec les deux bandes rouge et blanche en son centre.
N : Je… je sais pas quoi vous dire, les gars. Vous êtes géniaux, vraiment.
A : Elle te plaît ?
N : Oui, évidemment ! Elle est magnifique les gars, sincèrement merci !
Z : Ça serait pas des larmes que j’aperçois, là ?
N : Pas loin ! Franchement, je suis ému.
Je mets ma toute nouvelle montre à mon poignet et je la regarde, sous tous les angles, avec un grand sourire. Elle est sublime, je ne pouvais pas rêver mieux. À partir d’aujourd’hui, je l’arborerai fièrement, tous les jours, en repensant à ceux qui me l’ont offert.
Z : Alors Niels, ça fait quoi d’avoir 18 ans ?
N : Mhh… j’ai l’impression d’être un autre homme.
B : Ah ouais, carrément !
N : Eh ouais ! Maintenant, j’ai le droit d'aller sur certains sites internet, tu sais, ceux réservés pour les adultes.
A : Mais, tu le faisais déjà ça, non ?
Je hausse les épaules, avec mon air innocent. On se met à rire, et à raconter d’autres conneries dans le même genre. De toute façon, ça ne sert à rien d’essayer d’avoir des conversations sérieuses, on ne tient pas plus de trente secondes sans faire une blague quand on est tous les quatre.
A : Ils sont pas là tes parents ?
N : Nan, ils sont sortis se balader, ils reviennent tout à l’heure. Du coup, on est tranquille !
Z : Parfait ça, on va pouvoir vider ton bar alors !
N : Ouais, te gêne pas, si tu sais crocheter un verrou, tu pourras te servir dans le bureau de mon père !
Z : Ah ouais, d’accord, vous rigolez pas avec l’alcool vous !
Sa phrase me remémore, soudain, la galère que ça a été pour trouver une bouteille d’alcool avec Aleksy, et aussi ce qui est arrivé après… Je jette un coup d’œil discret à Aleksy qui détourne les yeux, il a l’air d’avoir pensé à la même chose.
N : Bon, sinon, vous avez emmené votre maillot de bain ?
B : Ouaip, je l’ai même déjà sur moi !
Z : Pareil !
A : On a tous eu la même idée, je crois.
N : Eh bah pas moi, faut que j’aille l’enfiler ! Je vais aller chercher des serviettes aussi, je vous laisse y aller, c’est la porte là-bas !
Je me dirige à l’opposé d’eux. Je monte les escaliers et je rentre dans ma salle de bain. Je me déshabille entièrement, je pose ma nouvelle montre sur une étagère et je m’apprête à mettre mon maillot de bain. Soudain, je me rappelle la scène où Laurène était entrée dans ma chambre, alors que j’étais encore à poil. Me rappeler ces souvenirs me rend un peu nostalgique, c’était vraiment un week-end incroyable… Mais, je suis passé au-dessus de ça. Et puis, j’ai quelqu’un d’autre à qui je tiens énormément maintenant…
Je redescends les rejoindre, seulement muni de mon maillot de bain et avec les quatre serviettes dans les bras. Juste avant d’ouvrir la porte menant à la piscine, je me jure d’éviter de regarder Aleksy afin ne pas avoir de… trouble. J’ouvre la porte et je les vois, déjà tous les trois dans la piscine, en train de s’éclater.
Z : Putain Niels, ta piscine elle est géniale !
B : Prépare-toi à ce qu’on vienne squatter chez toi tout l’été, hein !
N : Ouais, bien sûr les gars, par contre les prochaines fois, ça sera payant !
Z : Ce rabat-joie !
N : Je rigole les gars, évidemment que vous pourrez venir quand vous voudrez !
A : Allez, rejoins-nous !
Je ne me fais pas prier. Je plonge sans hésiter juste à côté d’eux en les éclaboussant, ce qui lance les hostilités. On essaie tous de se couler les uns les autres, avec plus ou moins de succès. Ces contacts avec Benjamin et Zayn ne me provoquent aucune réaction, mais dès qu’il s’agit de la peau d’Aleksy, je ressens comme un frissonnement. C’est comme si son corps me transmettait de petits chocs électriques au toucher.
Puis, nous faisons également plusieurs courses, pour savoir qui de nous quatre nage le plus vite. Bien sûr, la taille de la piscine n’est pas vraiment adaptée pour ce genre d’activité, mais on s’amuse bien quand même. Au moins, ces petites courses improvisées nous ont appris quelque chose, on ne peut pas rivaliser avec Aleksy. Il nage bien trop vite, aucun de nous n’arrivait ne serait-ce qu’à l’approcher.
Nous nous amusons tellement que nous ne savons même pas depuis combien de temps nous sommes dans la piscine.
N : Je reviens les gars, je vais aller pisser.
Je m’essuie rapidement et je me dirige, d’un pas pressé, vers les toilettes. En pénétrant dans le salon, je sursaute en apercevant mes parents, assis dans le canapé.
N : Que… vous m’avez fait peur ! On vous a pas entendu rentrer, ça fait longtemps ?
K : Nan, ça fait que dix petites minutes à peine, mais on ne voulait pas vous déranger. Vous vous amusez bien ?
N : Ouais !
K : Vu le bruit que vous faites, ça ne m’étonne pas.
N : Ah oui, désolé…
K : Mais je rigole, Niels ! Profitez !
J : Pas trop non plus ! Ils ont quelque chose de prévu dans quinze minutes.
Je regarde mon père, d’un air interrogateur, pendant quelques secondes, avant de me rappeler ce qu’il avait réservé pour mon anniversaire.
N : Le Paintball ! Je vais les prévenir qu’ils doivent sortir, je leur ai pas encore révélé ce qu’on allait faire !
J : Ça ne m’étonne pas de toi, ça.
N : Enfin… d’abord, je dois aller aux toilettes.
Je me précipite vers les toilettes, puisque j’ai atteint la limite de ma résistance. Après m’être soulagé, je retraverse la maison, en courant, pour leur dire qu’une surprise les attend et qu’ils doivent sortir, s’essuyer et s’habiller en dix minutes maximum. Une fois cela fait, tout le monde embarque dans la voiture de mon père.
Durant tout le trajet, ils n’arrêtent pas d’essayer de grappiller des informations sur la destination, mais je garde bien la surprise pour moi. Lorsque la voiture s’arrête sur un parking en terre, au milieu d’une forêt, mes amis sont complètement perdus. On entre à l’intérieur d’un terrain clôturé et un guide nous accueille chaleureusement.
Guide : Bienvenue à Paintball Zone !
Et là, je vois un grand sourire se dessiner sur tous les visages. Le guide nous raconte, pendant plusieurs minutes, son speech habituel sur le déroulement, les mesures de sécurité, l’objectif, ect… Mes potes sont à moitié attentifs à ce qu’il raconte, impatients de pouvoir essayer cette activité, dont ils ont sûrement dû entendre parler par d’autres.
Juste après la fin des explications, nous voyons un autre groupe de quatre jeunes arriver sur le terrain.
Guide : Ah, les voilà ! Ce sont contre eux que vous allez jouer, pendant les deux prochaines heures. Je vous laisse rejoindre mon collègue pour les combinaisons, pendant que je leur explique à leur tour les règles.
Nous nous dirigeons, comme indiqué, vers le petit bâtiment où les combinaisons doivent être stockées. Mais, en marchant, je sens deux bras m’enserrer au niveau du cou. Et je les reconnaîtrais entre mille.
A : Du Paintball, mec !
B : T’es vraiment génial, Niels !
Z : Je connais des gars qui en font souvent, il paraît que c’est grave bien !
N : Eh ouais les gars, vous me devez la reconnaissance éternelle.
Je subis un étranglement d’Aleksy et une bonne tape sur l’épaule par Zayn, en guise de réponse. Ok, pas la reconnaissance éternelle mais un remerciement viril, ça me va aussi. Nous entrons dans le bâtiment où l’autre guide nous fournit les combinaisons style militaire, le casque et, bien sûr, les armes. Lorsque nous sommes entièrement équipés, nous sortons du bâtiment et nous croisons sur le chemin nos adversaires, qui nous adressent des regards censés être intimidants. Ils entrent à leur tour dans le bâtiment, pour s’équiper.
B : Eh bah, ils sont pas là pour rigoler, eux !
Z : Oh putain, ça y est, j’ai l’adrénaline qui monte là. On va les exploser !
N : Calme Zayn, ils essaient juste de nous déstabiliser. Ils sont là pour s’amuser, comme nous.
Z : Attend, je reformule. On va les exploser, mais gentiment !
Je secoue la tête, par dépit. S’il y a bien quelque chose qui nous différencie, Zayn et moi, c’est l’esprit de compétition. Mais en voyant l’enthousiasme de mes amis, quant à la confrontation imminente, et notamment Aleksy qui sautille sur place tant il a hâte que ça commence, je me prête au jeu.
Chaque équipe se positionne d’un côté du terrain. Lorsque le signal retentit, la partie commence enfin. Nous décidons de nous séparer en deux binômes : Zayn et Benjamin pour défendre notre drapeau et Aleksy et moi pour aller récupérer celui de nos adversaires.
Nous nous déplaçons alors discrètement, derrière les obstacles mis à disposition, en restant bien l’un à côté de l’autre. Nous nous rapprochons de plus en plus de leur point, sans nous être fait repérer. Aleksy met un doigt devant sa bouche, pour me signaler que je ne dois pas faire de bruit, puis il penche légèrement la tête pour observer le terrain, derrière la barrière.
Mais une bille lui frôle la tête et vient s’écraser sur une barrière, derrière nous. Automatiquement, il se remet à couvert, et me fait signe de la main de les contourner pendant qu’il occupe les deux qui défendent le drapeau. J’écoute ses consignes, et il avait vu juste. Ils sont tellement concentrés sur Aleksy qu’ils ne me voient pas arriver, hors de leur champ de vision, et je tire deux billes de gélatine colorée qui viennent s’exploser sur les combinaisons des deux adversaires, qui sont alors éliminés pour la manche.
Aleksy en profite pour récupérer leur drapeau mais, au même moment, ceux qui étaient partis pour récupérer notre drapeau sont revenus en arrière, et ils m’ont eu dans le dos.
N : Touché !
Je lève la main pour montrer que je suis éliminé et je sors du terrain de jeu. Mon père lève le pouce, pour me dire que j’ai bien joué. J’observe alors mes amis se battre contre nos adversaires depuis l’extérieur. Aleksy est bloqué dans le camp adverse tandis que nos deux adversaires se rapprochent de plus en plus de lui. Heureusement pour Aleksy, Zayn et Benjamin l’ont rejoint et ont pris les deux derniers survivants à revers. Étant tous éliminés, nous gagnons la première manche. Je les rejoins en courant et on se tape dans les mains.
Nous nous remettons en place pour une nouvelle manche. Nous continuons comme ça pendant deux bonnes heures, jusqu’à ce que la séance se termine. Nous avons eu le temps de faire neuf manches en tout et nous en avons gagné cinq, soit une de plus qu’eux ! Nous rentrons dans le bâtiment pour enlever nos combinaisons et nous sommes rejoints pas nos ennemis.
Ils nous félicitent pour notre victoire, sans être mauvais joueurs. On les complimente en retour et on discute pendant plusieurs minutes avec eux. Ils apprennent que nous sommes venus pour mon anniversaire, alors ils me le souhaitent chacun leur tour, ce qui me fait plaisir mais qui me met mal à l’aise en même temps.
Guide : Désolé de vous déranger en pleine discussion les gars, mais je vais devoir vous demander de sortir. Il y a un autre groupe qui va bientôt arriver.
Nous continuons d'apprendre à nous connaître dehors et nous nous partageons nos numéros, pour pouvoir continuer de discuter plus tard. Déjà, nous nous sommes amusés comme des fous pendant ces deux heures, mais en plus on a fait connaissance avec des gars vraiment sympas et pas prise de tête.
L’adrénaline étant redescendue, le chemin du retour se fait un peu plus calme, tant nous sommes exténués. De retour à la maison, Zayn et Benjamin ne traînent pas, puisqu’ils doivent prendre le bus pour rentrer chez eux. Aleksy et moi nous réfugions dans ma chambre pour discuter encore un petit peu, avant qu’il ne rentre chez lui. Aleksy est allongé sur mon lit, les bras écartés, tandis que moi je suis affalé dans mon siège de bureau.
A : C’était une super journée Niels, je me suis éclaté !
N : Ouais, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas amusé comme ça.
A : Ah bon, tu ne t’amuses pas quand on est que tous les deux ?
N : Si, bien sûr, c’est pas ce que je vou…
A : Je déconne Niels, je te fais marcher ! T’es toujours aussi naïf !
N : Rooh, t’es con. Me fais pas paniquer comme ça.
A : C'est si facile de t'embarrasser, j’y peux rien, c'est tentant !
Mon visage s’empourpre. Aleksy a le don de me faire perdre mes moyens en quelques mots. Et lui s’en amuse visiblement, puisqu’il me regarde avec son sourire moqueur.
A : En tout cas, je peux plus marcher, je suis encore plus crevé qu’après un entrainement. Il va falloir que tu me portes jusqu’à chez moi, je crois.
J’ouvre la bouche pour répondre, mais rien ne me vient à l’esprit. Le fait de comprendre qu’il va devoir rentrer chez lui me rend tout à coup triste. J’ai passé une superbe journée en sa compagnie, et couplé à l’appréhension de mon retour à l’école demain, son départ me rend nerveux. Face à mon absence de réaction, Aleksy relève la tête et me regarde, inquiet.
A : J’ai dit quelque chose de mal ?
N : Non, c’est pas ça… C’est juste que… je me suis tellement vidé la tête aujourd’hui que j’en avais presque oublié la rentrée. Alors, maintenant que ça me revient à l’esprit… j’angoisse un peu.
A : T’inquiète pas pour ça, je serai tout le temps avec toi ! Comme toi, quand tu m’as aidé à retourner en cours.
Son sourire optimiste apaise un peu mon inquiétude, mais je ressens toujours un poids qui m’empêche de me sentir bien.
N : Merci Aleksy, t’es un vrai pote, je sais pas ce que je ferais si t’étais pas là.
A : T’étais là pour moi, alors je suis là pour toi, c’est normal !
Il continue de me rassurer pendant plusieurs minutes. Puis, son portable vibre. Il le déverrouille pour lire le SMS qu’il vient de recevoir.
A : C’est ma mère qui me demande si je rentre bientôt. Je vais y aller, je pense.
N : Ok…
Je savais qu’il s’apprêtait à partir, mais ça me met quand même un gros coup au moral.
A : Merci encore pour cette journée Niels, on continue de discuter par message ce soir et on se retrouve demain matin, devant chez moi ?
N : Ça marche.
J’essaie de camoufler, du mieux que je peux, ma déception pour ne pas l’inquiéter. Il se lève, m’adresse un dernier sourire, et se dirige vers la porte de ma chambre.
J’ai pas envie de le voir partir.
Il ouvre la porte de la chambre et disparaît de mon champ de vision. J’entends ses pas résonner dans le couloir.
Je dois le retenir.
Je me lève précipitamment et je me précipite dans le couloir.
N : Aleksy !
Il se retourne et me regarde dans les yeux.
N : Je… est-ce que… si possible…
A : Quoi ?
N : Tu pourrais… rester dormir ici cette nuit ?
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