Chapitre 5 - Pillowtalk
⚠ Scènes explicites ⚠
Je me fige instantanément et je cligne des yeux au moins trois fois, avant de réaliser ce qu’il vient de me dire. Un frisson parcourt tout mon corps depuis mon oreille, où il a prononcé ces doux mots bien trop près. Je ressens un savant mélange entre de l’excitation et de l’appréhension, même si la première a tendance à prendre le dessus. Je retire ma main de son caleçon et la dépose doucement contre sa joue, juste avant de lui prononcer un "ok" à bout de souffle.
Je me détache lentement de son corps afin de m’allonger sur le dos, le regard troublé par la perspective de ces prochaines minutes. Aleksy fait la bascule, lui aussi, et colle son corps contre le mien. Sa bouche rejoint mes lèvres hésitantes, et sa main se balade à nouveau sur mon corps dépourvu de tissu. Cette fois-ci, il ne perd pas de temps dans la découverte de ce corps qu’il a déjà arpenté quelques minutes auparavant.
D’un doigt fureteur, il glisse le long de mon aine, effleure mes bourses et se rapproche dangereusement de mon orifice le plus secret. Il retire sa main un court instant, afin d’enduire ses doigts de salive, puis il revient là où il s’était arrêté. Par réflexe, je replie mes jambes pour lui laisser le champ libre à toute exploration. Son index se présente devant l’entrée, et il rentre d’un coup d’un seul la première phalange.
Mon corps tressaute et se crispe automatiquement. Pourtant, il n’y a pas de douleur, mais la présence d’un corps étranger dans cette partie de mon anatomie me procure une sensation vraiment bizarre, ni agréable ni désagréable, juste… déroutante. Aleksy se penche vers moi et dépose un doux baiser sur mes lèvres pour me rassurer, puis il me prodigue de langoureuses caresses sur le ventre avec son autre main.
Je ferme les yeux, j’inspire un grand coup et j’expire lentement afin de détendre tous mes muscles. Me sentant de nouveau prêt à continuer, Aleksy enfonce la deuxième phalange, puis enfin la dernière. Mon sexe semi-bandé sursaute lorsque son doigt est entièrement rentré. L’étrange sensation est toujours présente, mais je commence à m’y habituer et j’essaie de me concentrer sur le plaisir que cela peut me procurer.
Quand Aleksy commence à mouvoir son doigt contre mes parois, une nouvelle sensation bien plus enivrante m’envahit. Comme un chatouillis, comme un coup de jus qui électrise mes muqueuses. De brefs soupirs viennent s’ajouter à ma respiration. Aleksy prend cet effet comme un signe pour introduire un deuxième doigt, le majeur cette fois-ci.
Le passage est tout de suite plus compliqué, et la douleur surgit comme je le craignais. Sous le coup de la surprise, j’expulse une légère plainte étouffée. Aleksy suspend son geste et regarde les rides de mon visage se dessiner sous la crainte. Mon angoisse est contagieuse, puisque je vois ses sourcils s’arc-bouter, alors qu'il s’apprête à retirer ses doigts.
N : Continue, t’inquiète pas…
A : Quoi… t’es sûr ?
N : Fais moi confiance, je vais m’habituer…
A : Ok…
Aleksy reprend doucement son entreprise et je fais en sorte que mon visage ne trahisse pas la douleur grandissante qui me transperce. J’essaie de contrôler au mieux ma respiration, pour réguler la douleur, et le résultat en vaut la peine, elle s’amenuise petit à petit. Arrivé au niveau des troisièmes phalanges, la douleur est surmontable. Je lui fais discrètement signe qu’il peut commencer à mouvoir ses doigts.
Il les écarte légèrement et les fait tourner à l’intérieur pour préparer ma cavité à l’étape finale, mais mon corps applique une certaine résistance et il n’y a pas tant d’espace de manœuvre. Malgré tout, je prends un plaisir certain avec cette toute nouvelle expérience et je me dis que ça vaut bien le coup de souffrir un peu.
Je prends sa tête entre mes mains et la rapproche de la mienne, afin d’harponner ses lèvres. Ce baiser a une saveur toute particulière. Sûrement parce qu’il m’apporte une dose de courage et de certitude, mêlé à l’excitation et l’émotion de passer ce cap que l’on désirait secrètement tous les deux. Symbole de notre lien puissant, peut-être de notre maturité, ou tout simplement de notre amour réciproque. Entre deux inspirations, j’arrive à lui souffler ces quelques mots.
N : Vas-y… Tu peux y aller…
Ses yeux se mettent à pétiller. Il se redresse et se positionne à cheval sur mon ventre. Son regard plongé dans le mien, nous nous sourions tous les deux. Un sourire enthousiaste, fiévreux. Ses doigts s’activent pour dégrafer un à un les boutons de son jean. Une fois celui-ci enlevé, il va rejoindre le mien au pied du lit.
Maintenant seulement vêtu de son caleçon gris clair, largement déformé par son émoi, je me permets de le dévorer des yeux. De la tête aux pieds, tout est si harmonieusement réparti, comme le prototype d’un ingénieur taillé au millimètre. Parfait à mes yeux. Un désir charnel m’envahit comme jamais je n’en ai eu jusque-là. Mes hormones bouillonnent à l’intérieur de moi. Mon esprit, ardent, effervescent, pétulant.
Comme hypnotisé, mes doigts se rapprochent inexorablement de la lisière de son dernier rempart. Je l’agrippe de chaque côté, et je le fais glisser, lentement, le long de ses hanches. Enfin libéré, son membre pointe fièrement dans ma direction. Je le fixe pendant quelques secondes, un peu intimidé mais surtout empli de désir.
Aleksy se rapproche de quelques centimètres. Il me regarde avec un air suppliant, se mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Comme une demande muette, timide, un peu gênée aussi. Mais, attisé par ma curiosité, je n’en attendais pas moins. L’envie de savoir, de connaître, d’apprendre encore un peu plus les différents plaisirs que l’on peut se donner tous les deux.
Les lèvres tremblotantes, j’approche doucement mon visage de son anatomie. Je déglutis une bonne fois avant de me lancer corps et âme. Sans hésiter, je prends une partie de son membre en bouche. Sur le passage, mes dents se sont choquées avec le nouvel arrivant, ce qui a valu une légère grimace sur son visage. Je me suis empressé de les écarter, maudissant ma maladresse.
J’entame de très doux va-et-vient qui, cette fois, provoquent des soupirs de satisfaction chez Aleksy. C’est bien plus agréable que ce à quoi je m’attendais. La sensation de sentir la fine peau coulisser sous mes lèvres est réellement satisfaisante, et surtout l’acte en lui-même est suffisant pour échauffer nos esprits.
Prenant peu à peu confiance, je me mets à utiliser plus activement ma langue afin de la faire tourner autour. Aleksy prend appui contre le matelas de ses deux bras tendus, et sa respiration s’accélère. Alors que j’entreprends d’aller un peu plus loin, Aleksy plaque sa main contre mon front et se retire.
A : Pas plus… Je tiendrai pas…
Satisfait de l’effet que je lui ai procuré, je lui tends un sourire malicieux. Aleksy s’allonge de tout son long sur moi et prend possession de mes lèvres. Puis, il se glisse le long de mon corps jusqu’à se retrouver à genoux, devant mes jambes repliées. Il reste immobile pendant quelques secondes, perdu dans ses pensées, avant de se gratter la tête, l’air penaud.
A : J’ai pas de… protection.
Je le regarde, surpris. C’est vrai qu’il y a ce problème, mais ça ne m’a pas vraiment préoccupé jusque-là.
N : Tu… l’as déjà fait ?
A : Non…
N : Moi, je l’ai fait qu’une fois, et avec un préservatif, alors…
A : On fait… sans ?
N : Tu m’as trop chauffé pour qu’on s’arrête là…
Les yeux d’Aleksy se remettent à briller de nouveau. Excité comme une puce, il remouille deux de ses doigts pour me préparer une dernière fois. Cette fois-ci, ils rentrent sans problème et la douleur n’est plus que superficielle. Il les retire rapidement et se met en position, son corps penché au-dessus du mien et entre mes jambes, ses bras appuyés de part et d’autre de mon buste, ses hanches proches de mes fesses.
J’aperçois toute sa concentration et l’attention particulière qu’il porte à faire les choses bien. Les sourcils légèrement froncés, les lèvres rentrées, le visage rivé sur ses mouvements. Jusqu’à ce qu’il se présente juste à l’entrée de mon intimité, l’effleurant du bout de sa colonne de chair.
Je prends une grande inspiration, et j’expire calmement, pour me détendre au maximum. D’un mouvement de rein, il pousse légèrement en avant, pour faire rentrer les premiers millimètres. Mon visage se renfrogne, mais j’essaie de ne rien laisser paraître. Au fur et à mesure que les millimètres s’enchaînent, ma douleur augmente crescendo.
N’arrivant plus à la supporter, je relâche bruyamment ma respiration que je retenais jusque-là. Aleksy relève brutalement la tête, inquiété par ce bruit.
A : Ça va ?
N : Ça fait un peu mal, mais ça va le faire…
Aleksy ne répond pas, mais il n’en pense pas moins. Cette fois-ci, son regard ne lâche plus mon visage, et il observe la moindre de mes réactions, au fur et à mesure qu’il continue à s’enfoncer. Comme si je souhaitais camoufler ma douleur, je plaque mon bras contre mes yeux. Ma respiration devient de plus en plus audible et désordonnée, et plus rapide également. Aleksy s’arrête dans sa progression, pire même il commence à se retirer.
N : Qu’est-ce que… tu fais ?
A : J’peux pas Niels… T’as trop mal.
N : Mais… t’avais presque tout rentré…
A : À peine la moitié, tout au plus…
Sa révélation me démoralise un peu. Je prends calmement le temps de retrouver ma respiration. La vache, je sais que la première fois est censée être la plus douloureuse, mais pas à ce point. Pourtant, j’en ai toujours envie… Ça serait décevant de s’arrêter là, maintenant. Je me redresse afin de poser ma tête sur mes genoux, face à Aleksy.
N : On pourrait… essayer autrement ?
A : Comme quoi ?
N : Je sais pas… dans une autre position…
A : T’es sûr que ça va changer quelque chose ?
N : On a rien à perdre à tenter…
A : Ok… on réessaye. Mais si ça ne change rien, alors…
Je place mon doigt devant sa bouche pour le faire taire. Inutile de m’en dire plus, j’en suis bien conscient, mais j’essaye d’écarter cette possibilité. Puis je remplace mon doigt par mes lèvres et le gratifie d’un tendre baiser à la dérobée. Je me retourne et me positionne sur les genoux, le haut du corps fléchi sur le matelas et mon derrière cambré au maximum.
Emmitouflé dans les draps, mon visage prend un coup de chaud, autant à cause de la chaleur que de la situation. Bien que ce soit pour Aleksy, cette position me met légèrement mal à l’aise. J’ai l’impression d’être complètement sans défense, livré à lui, ce qui créé un conflit avec les stigmates de mon passé exclusivement hétéro pas si lointain.
Ses mains viennent se poser le long de mes hanches et il me tire légèrement vers lui. Lorsque je le sens de nouveau prêt à s’introduire en moi, un brin d’anxiété s’empare de mon esprit. Il pousse consciencieusement, guettant le moindre signe de douleur, malgré le fait qu’il ne me voit pas de face. Je le sens s’enfoncer lentement en moi, centimètre par centimètre, tandis que je tente de contrôler au mieux ma respiration.
De mon côté, la douleur est toujours présente, mais elle n’est plus aussi aiguë que tout à l’heure. Les poings serrés et le visage crispé, je me dis que c’est tout de même bien plus supportable qu’avant. Malgré tout, la sensation de le sentir en moi est assez indescriptible. Ce n’est pas désagréable mais… c’est quand même assez bizarre. L’impression d’être rempli, presque même oppressé.
Cependant, je sens naître, au plus profond de mon être, une infime source d’énergie qui ne fait que croître. Comme un séisme de sensations, dont les répliques de plus en plus puissantes résonnent en moi, sans que je n’arrive à localiser le foyer. Un chatouillis, une étincelle, une flammèche, une bourrasque ? Tout ce que je sais, c’est que ce choc sensoriel efface progressivement la douleur et la gêne ressentie par son intrusion.
C’est en ressentant soudainement ses hanches plaquées contre moi, que je comprends qu’il est entièrement rentré sans que je m’en rende compte, obnubilé par cette toute nouvelle sensation.
A : Ça fait mal ?
N : Non, c’est bon… Tu peux y aller.
Je sens Aleksy se retirer de quelques centimètres, afin de pousser à nouveau. Une nouvelle vague de sensations se diffuse dans toutes les fibres de mon organisme. Tous mes poils s’hérissent, mes hormones se bousculent dans tous les sens, et un soupir étouffé émane de mon larynx.
Aleksy réitère le même mouvement, à un rythme cadencé. C’est comme si chaque coup de rein m’envoyait une décharge d’énergie, circulant dans le moindre vaisseau sanguin, dans le moindre nerf, dans la moindre synapse et faisant vibrer l’intégralité de mes cellules à l’unisson.
Mon esprit s’évapore, se laissant guider par l’émotion du moment. Pendant un instant, j’oublie tout ce qui se trouve au-delà des murs de cette chambre, j’oublie mes souvenirs, mes incertitudes, mes traumatismes. Il n’y a plus que nous deux. Il n’y a plus que cette boule de plaisir qui grossit en mon for intérieur, et dont les pulsations rassasient mon cœur et mon esprit.
Je n’ai plus la présence d’esprit d’essayer de camoufler mon plaisir, et mes gémissements se font de plus en plus bruyants. Aleksy appuie avec ses deux mains sur le haut de mes hanches, pour m’inciter à m’allonger sur le ventre. Son corps suit le mouvement du mien, et je peux maintenant ressentir son torse brûlant plaqué contre mon dos.
Pendant que l’oreiller, dans lequel mon visage a trouvé refuge, étouffe mes plaintes, le visage d’Aleksy vient se nicher, quant à lui, dans le creux de mon cou. Je ressens son souffle chaud, sa respiration haletante et mon nom qu’il chuchote par intermittence, tout proche de mon oreille. Entendre et sentir l’ampleur de sa satisfaction multiplie mon plaisir.
Tandis qu’un de ses bras s’enroule tout autour de mon corps exalté, son autre main vient chercher désespérément mon érection. Ses doigts délicats frictionnent ma tige turgescente, au rythme de ses coups de rein. Bien que ma dernière jouissance ne remonte qu’à quelques minutes seulement, mon membre est de nouveau gorgé de sang et prêt pour une nouvelle débauche.
Le rythme de ses va-et-vient s’accélère soudain et, dans un dernier coup de rein rageur, son corps perché au-dessus du mien se crispe. Son bras étreint vigoureusement mon corps tout contre le sien, et une longue plainte éraillée sort de sa gorge. Le partage de son orgasme foudroyant, la friction de nos peaux brûlantes, l’exacerbation de nos sens et, bien entendu, l’effet magique de sa main, provoquent ma jouissance. Sans aucune forme de retenue, je me laisse aller entre ses doigts.
Le souffle coupé, le regard hagard et la bouche entrouverte, je n’ose plus bouger, comme si je souhaitais conserver éternellement cet instant de pure extase. Il semble en être de même pour Aleksy, qui n’a pas bougé d’un poil lui non plus. Toujours en moi, son membre perd de sa vigueur, jusqu’à se vider de son excédent en globules rouges.
Ayant à peu près retrouvé ses esprits, Aleksy se détache de mon corps pour s’allonger juste à côté de moi, sur le dos. Quant à moi, je me mets sur le côté, pour lui faire face. Une main soutenant ma tête, l’autre caressant du bout du doigt ses pectoraux.
Naturellement, un sourire resplendissant est gravé sur son visage, et je suppose qu’il doit en être de même pour moi. Son regard croise le mien. Pendant un instant, je retrouve ces yeux scintillants, dont la surface accroche la faible luminosité pour venir éclairer l’intérieur de ses pensées, vitrines de ses états d’âme. Je retrouve ce regard poli, cette alchimie primitive, qui n’est accessible que lors de ces moments d’intimité, où le temps et l’espace sont suspendus. Sans les angoisses de la veille, sans les préoccupations du lendemain, juste concentré sur l’instant présent.
Nous n’échangeons pas un mot, pas une parole. Parce que l’on n’en a ni la force, ni la volonté. Que dire, si ce n’est exprimer l’ampleur de notre satisfaction ? Nous n’en avons pas besoin, nos gestes et nos regards se suffisent à eux-mêmes. Peut-être pour se rassurer, pour savoir si le plaisir est réciproque ? Inutile, nous le savons déjà.
Bercé par mes caresses, ses paupières se ferment petit à petit, jusqu’à se clore définitivement. Sa respiration calme et stable affirme qu’il vient de s’endormir. Avec toutes les émotions par lesquelles il est passé aujourd’hui, il devait être épuisé. J’ai beau être dans le même état, mes yeux refusent pourtant de se fermer. Obsessif comme je suis, j’ai besoin de faire une synthèse de tout ce qui s’est passé aujourd’hui.
Cette journée a bien failli tourner au drame. Comment ça a bien pu arriver, alors que ce matin encore tout semblait être réglé ? Tout est parti de ce message, de ce rendez-vous… Oui, c’est à ce moment-là que tout a commencé. J’aurais dû en parler à Aleksy. J’aurais dû me confier à lui, au lieu de faire des conclusions hâtives. J’ai tout de suite pensé qu’il ne me croirait pas, qu’il resterait persuadé que Thibault est le coupable malgré mes doutes. Ça craint, je n’ai eu aucune confiance en lui…
C’est peut-être bien pour ça qu’il m’a suivi en sortant des cours. Il savait pertinemment que je lui mentais, et il avait peur que je fasse une connerie. Si, cette fois-ci, c’est lui qui n’a pas eu confiance en moi, c’était fondé. S’il n’avait pas été là à ce moment-là, alors…
J’agis trop imprudemment, trop dans le secret, à un tel point qu’Aleksy en souffre de son côté. Pourtant, je devrais savoir que, peu importe la situation, il est mon plus grand allié. Si je ne peux pas lui faire confiance, en qui le pourrais-je ? Dire que j’ai failli me le mettre à dos, ce soir… Si on a réussi à régler notre embrouille de cette façon-là, ça ne marchera pas à chaque fois…
Peut-être qu’il a raison. Au lieu de tout vouloir régler tout seul afin de n’impliquer personne dans mes problèmes, je devrais le prendre dans l’autre sens. Et si j’attrapais la main que tous mes proches me tendent, et que j’acceptais leur aide pour en finir une bonne fois pour toutes… Ça sonne évident, alors pourquoi ce n’est pas la voie que j’ai choisi instinctivement…
Je réfléchis trop. Non, je réfléchis mal. Ma peur, c’est elle qui guide mes pensées. La peur d’y faire face, la peur d’introduire ce nouveau problème dans la vie maintenant épanouie de mes parents et d’Aleksy. Eux qui étaient si heureux, si rassurés d’avoir trouvé le coupable, quelle sera leur réaction quand ils apprendront qu’on s’est complètement planté ? Le désespoir sur leur visage... Au fond de moi, c’est ça qui me tétanise. Mais quel serait leur visage Niels, s’ils apprenaient que quelque chose me soit arrivé, alors qu’ils ignoraient que j’étais en danger depuis tout ce temps ?
J’ai eu tort. Sur toute la ligne. Je dois en parler à tous ceux qui pourront m’aider. Pour sauver mes proches de leur inquiétude. Pour sauver Mathis de son calvaire. Pour sauver Thibaut de cette injustice. Et pour me sauver, moi, tout simplement.
Mon esprit maintenant au clair, je tire les draps pour recouvrir nos corps dénudés. Je pose ma tête sur son épaule et mon bras sur son torse, et j’essaye de trouver le sommeil, en calquant ma respiration sur la sienne. Une légère douleur subsiste néanmoins, là où nos corps se sont joints il y a peu.
La prochaine fois, je prévoirai de quoi le faire sans douleur.
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