Stolz und Eis

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Il attendait en faisant les cent pas dans ce petit salon qui étalait fièrement la richesse de ses propriétaires. Ce jeune homme, qui avait atteint il y a peu son dix-septième anniversaire, semblait attendre fébrilement un évènement particulièrement stressant.

Il s’adossa contre un mur et essaya de se calmer en respirant lentement. Mais rien à faire. Il sentait qu’il était au bord de la crise de nerfs. Il se retourna et fixa le mur. Peut-être que quelques coups de tête dessus lui ferait au moins oublier tout cela. À condition qu’il ne s’ouvre pas le crâne avant...

Au moment de passer à l’action, on frappa à la porte, brisant l’élan de son acte qu’il jugeait finalement stupide. Il prit une minute pour se ressaisir, avant de parler :

-Oui ?

La porte s’ouvrit et une domestique fit un pas pour pénétrer dans le salon, l’informant qu’elle venait le chercher. Il prit une profonde inspiration, réajusta cette tenue sombre hors de prix offerte, et annonça qu’il la suivait, tout en faisant de son mieux pour ne pas laisser transparaître sa nervosité.

Il la suivit donc à travers cette immense maison, facilement deux voire trois fois plus grande que celle où il avait grandi. Il avançait en silence, la nervosité ne faisant que s’accroître à chacun de ses pas. Sans prêter attention à ce qui l’entourait, il avait l’impression qu’un nombre innombrable d’émotions tourbillonnaient dans son cerveau, la plus dominante étant la peur. Il aurait voulu courir ; s’enfuir le plus vite et le plus loin possible d’ici mais quelque chose en lui le poussait à rester. Il ne put s’empêcher de maudire cette chose…

La domestique finit par s’arrêter devant une porte et toqua doucement, avant de prévenir notre entrée. Quelques secondes après, elle ouvrit la porte et laissa entrer le jeune homme, avant de prendre congé. Dans cette pièce, il trouva un photographe, occupé à monter son matériel avec l’aide de son assistante. Les meubles de la pièce où il se trouvait, un petit bureau, avaient été déplacé de sorte à ce que le centre soit bien dégagé, pour y trouver un beau fauteuil en bois verni couvert de gravures.

À peine cinq minutes plus tard, la porte s’ouvrit bruyamment et un vieil homme vêtu avec élégance déboula pour serrer le jeune homme dans ses bras avec un sourire béat.

-Papa ! J’étouffe ! lui dit le jeune homme.

-Ah ! Désolé, Stolz ! lui dit son père en le libérant de son étreinte. Mais avec tout ce qui nous arrive depuis quelques mois… J’ose à peine à y croire, même maintenant.

-C’était vraiment nécessaire ?

À ces mots, le père de Stolz cessa de sourire comme un bêta et prit un air étonné :

-Tu n’es pas heureux, mon fils ?

-Papa ! Je ne la connais même pas !

-Bah, vous apprendrez à vous connaître ! Tu sais que des gens tueraient pour être à ta place ?

-Ce n’est pas une raison…

-Et puis, cela ne te ferait pas de mal, de pouvoir avoir quelqu’un sur qui compter quand tu entreras à l’Académie !

Face à l’enthousiasme de son père, Stolz ne put que se contenter de sourire de manière forcée.

L’instant suivant, la porte s’ouvrit de nouveau et une jeune fille entra. Droite, une peau d’un blanc presque pur, une belle chevelure d’ébène, vêtue d’une longue robe blanche et d’un chemisier blanc transparent. Dès son entrée, tout le monde droit et la salua avec respect. Toutefois, Stolz remarqua qu’à son entrée, la température de la pièce semblait avoir chuté, comme si un vent frais hivernal soufflait. Le père de Stolz, à sa vue, s’empressa alors de quitter les lieux, non sans avoir félicité la jeune fille avant, qui le remercia avec un hochement de tête. Sans montrer la moindre expression sur son visage, elle s’avança d’un pas déterminé vers Stolz, qui sentait ce froid étrange s’intensifier légèrement. Quand elle se retrouva face à lui, ce dernier ne put s’empêcher de reculer d’un pas. Par gêne de faire face à pareille beauté ou par peur, il n’en n’était pas sûr.

-Ravie de vous rencontrer enfin, dit-elle d’une voix douce mais assurée. Je suis Eis von Reiner. J’espère que vous prendrez soin de moins, à l’avenir.

Stolz, troublé par cette fille qui se tenait devant lui, ne parvint qu’à bégayer que quelques mots incompréhensibles hormis son prénom. Eis le regardait trois dans les yeux, toujours sans rien laisser transparaître sur son visage. La gêne de Stolz se changea alors en malaise et il détourna malgré lui son regard.

Le photographe, ayant fini de tout installer, les invita à prendre place. Eis s’assit sur la chaise, droite et fixant l’objectif. Stolz, pour sa part, se tenait debout juste derrière elle, la main posée sur l’épaule de la jeune fille à la demande su photographe, pour la beauté du cliché. Sa main tremblait à cause du froid ressentit depuis tout à l’heure, mais surtout à cause de l’angoisse et du stress qui l’avait envahi depuis tout à l’heure. C’est alors que Eis posa sa main sur la sienne et lui murmura que tout irait bien. Soudainement, les tremblements cessèrent et sa voix eut un effet apaisant sur lui. Le photographe, euphorique devant cette scène, leur demanda de ne plus bouger pour immortaliser cet instant fort en émotion.

Après quelques clichés, le photographe et son assistante prirent congés. Une fois ces deux-là partis, Stolz s’excusa pour sa nervosité. Toujours sans rien exprimer sur son visage mais conservant sa douce voix, Eis lui assura que ce n’était rien. Elle prit alors la main de Stolz puis, délicatement, elle déposa un baiser sur sa paume avant de la poser sur sa joue. Stolz, les joues rouges, avait l’impression que la peau de Eis, sous sa main, était gelée, comme si elle était morte. Mais étrangement, petit à petit, il ressentit une petite chaleur à l’endroit où il la touchait.

-J’espère être une fiancée qui sera heureuse à vos côtés, dit-elle en fermant les yeux et en caressant la main d’un Stolz rougissant fortement face à une telle déclaration.

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