La légende raconte l'histoire de cette petite fille de village, infiniment belle comparée à la moyenne. Sa mère en était folle, et sa mamie davantage encore. Cette bonne femme tricota ce petit chaperon carmin à destination de sa petite fille. Ce chaperon la rendait tellement belle... les villageois l'appelèrent donc Le Petit Chaperon Carmin.

 Ce matin-là, sa mère ayant préparé des galettes, ordonna à sa fille : "Va voir comment se porte ta mamie, la maladie l'a soit disant contaminée. Apporte chez elle ces galettes et ce petit pot de crème."

 Le Petit Chaperon Carmin partit alors en direction de chez sa mamie, habitant le village voisin. En passant dans la forêt, elle rencontra Le Lynx. L'envie de la manger était forte mais il n'osa car il y avait nombre de braconniers dans les environs. Il demanda à la petite fille l'itinéraire de sa promenade. L'enfant, naïve, ne sachant pas la dangerosité de s'arrêter parler à ce Lynx, répondit :

- Je vais voir ma mamie, apparemment malade, et emmène avec moi ces galettes et ce petit pot de crème, dont ma mère me charge.

- Habite-t-elle loin d'ici ?, demanda Le Lynx.

- Pas tellement !, dit Le Petit Chaperon Carmin. C'est par-delà le gros rocher planté en amont de la colline, on l'aperçoit d'ici. C'est la première maison de ce village.

- Eh bien !, dit Le Lynx, j'aimerais la voir avec toi. Je m'en vais par ce chemin-ci et toi par ce chemin-là. On verra la première à y parvenir !

 Le Lynx se lança à pleine vitesse et détala par le chemin le moins long. Pendant ce temps, la petite fille s'en alla par le chemin le moins facile, flânant en ramassant des noix, observant les hérissons et récolant des edelweiss, si rares en cette saison.

 Le Lynx ne mit pas longtemps à arriver à la maison de la mamie. Il frappa : toc, toc, toc !

- C'est le médecin ?

- Non, c'est ta petite fille, le Petit Chaperon Carmin, dit Le Lynx en contrefaisant sa voix. Je t'apporte des galettes et ce petit pot de crème, dont ma mère me charge de te remettre.

 La bonne mamie, dans son lit afin de se reposer de sa maladie, cria :

- Tire fort la poignée, le cadenas tombera.

 Le Lynx tira fort la poignée, et le cadenas tomba. Il se jeta vers la mamie et la dévora en moins de dix secondes car son dernier repas remontait déjà à l'avant-veille, il était affamé ! Après ça, il ferma la porte et alla s'allonger dans le lit de la mamie, en attendant le Petit Chaperon Carmin.

 Il patienta moins de trente secondes et il entendit frapper : toc, toc, toc !

- C'est le médecin ?

 Le Petit Chaperon Carmin, entendant cette grosse voix de Lynx frissonna d'abord. Mais sachant sa mamie malade, elle répondit :

- Non, c'est ta petite fille, le Petit Chaperon Carmin. Je t'apporte des galettes et ce petit pot de crème, dont ma mère me charge de te remettre.

 Le Lynx cria, en baissant le ton :

- Tire fort la poignée, le cadenas tombera.

 Le Petit Chaperon Carmin tira fort la poignée, et le cadenas tomba. Le Lynx, la voyant entrer, l'apostropha en se cachant le visage dans les draps.

- Mets les galettes et le petit pot de crème vers la table et vient me rejoindre.

 Le Petit Chaperon Carmin posa ses affaires, se déshabilla et alla s'allonger dans le lit, grandement étonnée de voir comment sa mamie était faite dans son pyjama. Elle dit :

- Mamie, t'as des bras tellement grands !

- C'est afin de t'enlacer, mon enfant.

- Mamie, t'as des jambes tellement grandes !

- C'est afin de me balader, mon enfant.

- Mamie, t'as des oreilles tellement grandes !

- C'est afin de t'entendre, mon enfant.

- Mamie, ton regard est tellement perçant !

- C'est afin de te voir, mon enfant.

- Mamie, t'as des dents tellement grandes !

- C'est afin de te manger !

 Et en disant ces mots, le méchant Lynx se jeta contre le Petit Chaperon Carmin et la dévora.