6. L'étincelle
— Joyeux anniversaire Anna !
Quoi ? Comment ose-t-elle me dire cela ? Maintenant ! Vraiment ? Mes ailes sont mortes, figées à mes pieds et elle, elle ose me souhaiter un bon anniversaire ! Non ! Non, elle n'a pas le droit ! Pourquoi ? N'a-t-elle aucuns sentiments ? Plus je regarde mes ailes, mes pauvres ailes, et plus je sens ma rage grandir. Une rage dont je ne me serais jamais cru posséder. Pendant des années, j'ai gardé toute ma rancœur et ma tristesse. Je l'ai caché... Pourquoi ? Rien. Ces gens ont continu. Ils n'ont pas arrêté. Mais aujourd'hui c'est trop. C'est trop ! Stop ! Je ne peux plus subir sans rien dire. Je veux crier au monde entier qui je suis ! Je veux faire tomber le voile. Montrer aux gens la vérité. J'ai soif de justice. Le monde doit savoir ce qui se cacher réellement derrière ces murs. J'ai besoin de sortir, de sentir l'air frais. La liberté ! C'est cela qu'il me faut. Je n'en peux plus d'être piégée ici ! Il faut que je trouve un plan. Je dois sortir. Et faire sortir les autres. Ceux qui ont grandi avec nous, ceux qui ont survécu aux expériences. Je le sais aujourd'hui. Personne ne viendra nous sauver. On ne peut compter que sur nous-même. Alors nous allons le faire. Je vais trouver un moyen de sortir de cette prison. Je détourne enfin les yeux de se lamentable spectacle. Nathan ? Je l'avais oublié... Lui ont-ils fait la même chose ? La réponse, je la connais déjà. Je le sens. Nous sommes faibles. Notre connexion pourtant si forte d'habitude, ce lien entre nous, cette aura se dégageant de nous. Elle est tellement fine. Presque invisible à présent... Il ne bouge pas, telle une statue. Il faut... Oui, je dois le faire sortir de cette pièce. La seule qu'ils attendent, c'est que nous baissions les bras. Ils n'avaient plus que ce coup-là à jouer.
— Nathan vient... On retourne au dortoir. Ils ne peuvent plus rien nous faire maintenant.
— Oh petite Anna détrompe toi. Cette section trouvera toujours un moyen de vous détruire. Et la crèche va le faire très doucement. Pour que tu brûles de l'intérieur.
— Madame ! Laissons ces petits pour le moment.
— Bien. Mais méfies-toi Anna. Maintenant, tu sais que le mal est partout. Il sera bientôt en toi. Tu découvriras bien des choses qui te feront peu à peu basculer.
— Jamais ! Je te hais ! Tu m'entends Lou ! Un jour, tu verras. Je reviendrais et tu disparaîtras comme tu les as fait disparaître. Tu disparaîtras dans les cendres de cet édifice.
— Anna... Calme-toi. Ils te fixent tous...
— Et alors ?
— Viens. Sortons d'ici avant qu'ils ne changent d'avis.
Je suis mon frère. C'est mon stabilisant. Il s'est quand il doit intervenir pour me calmer. Parce qu'une seule étincelle suffit à allumer tous les sentiments qui m'habitent. Une seule suffit à faire bouillir mon sang sous ma peau. Nathan, le sait. Il prend ma main et m'entraîne à sa suite, il part le plus rapidement possible. Loin de ces gens. Je sens bien que la situation l'a brisé. Il est perdu, tout comme moi. Je ne comprends pas. Pourquoi nos ailes ? Peu importe, nous trouverons une solution. La chose la plus importante, là tout de suite, c'est de retrouver nos amis. De les retrouver et de nous préparer. Nous allons sortir de cet endroit. Ce soir ou demain. Mais nous allons en sortir. Je me le promets à moi-même. Je divague peut-être. Non ! Nous n'avons pas le choix. Nous devons rejoindre la Légion. D'accord, ils nous ont abandonné mais ils n'agissent jamais sans raison. J'avoue, j'aurais aimé. Oui, dans ma tête c'étaient à eux de venir nous sauver. J'avais tort. C'est à nous de montrer de quoi nous sommes capables. C'est à nous de nous sortir de ce trou. C'est à nous de briser les chaînes qui nous entravent. Nous sommes enfin seuls. Enfin, presque notre petit groupe se resserre. Nos amis ont dû entendre notre douleur. Nos cris et nos pensées. Nos murmures. Je les ai laissé s'échapper quand j'ai senti mes ailes se détacher de mon dos. D'ailleurs mon haut est encore taché de sang. La seule personne à qui je parle, se rapproche de moi. C'est Sam qui fait le premier pas vers moi. Elle me prend doucement dans ses bras, elle fait attention en passant ses bras dans mon dos. Je sens ces mains caresser délicatement sur mes blessures. J'ai mal. Mais la douleur s'atténue peu à peu. Avec son aide. Avec son don. Elle récupère ma douleur. Elle la prend pour la subir à ma place. Cette fille a une âme pure. Elle est devenue ma meilleure amie. Et sous ses airs de fille fragile, avec sa petite carrure. Elle en a enduré des choses. Les scientifiques ont tout essayé pour récupérer son don. Impossible. Quoiqu'ils aient tenté, ils ont échoué. Et elle est encore avec nous. Heureusement, parce qu'elle est ce qui se rapproche le plus d'une meilleure amie pour moi. Je l'adore.
— Merci Sam...
— Nous vous avons entendu jusqu'ici. Comme si vous étiez dans nos têtes.
— Je suis désolée, c'est de ma faute. Je n'ai pas su contrôler mes murmures. Je suis...
— Non, arrête Anna. Vous n'y êtes pour rien. Nous le savons tous ici.
— Ryan a raison. Nous avons compris pour vos ailes à l'instant où ils vous ont amené. Enfin. Ryan a peut-être un peu fouillé dans les esprits des gardes... Mais...
— J'ai entendu des choses dont il faut que je vous parle.
— Moi, j’ai pris une décision. Non, Nathan ne fait pas ce regard, je ne changerais pas d’avis. Crois-moi. Nous allons partir. Je n’en peux plus de toutes ces tortures. Alors je vais trouver quelqu’un. Oui, quelqu’un dans ce foutu bâtiment doit bien être de notre côté.
— Chut... En voilà de retour...
— Aucuns problèmes avec eux. Ils viennent justement parce qu'ils ne supportent plus de voir les ailes noires. Noires ? Mais ? Anna, tes ailes sont noires...
— C'est le signe de leur mort.
— Nathan. Je peux prendre ta douleur ? Je la sens d'ici.
— Non, j'aurais besoin de me souvenir. Je veux me souvenir de tout. Parce qu’un jour. Oui, un jour. Tout sera diffusé au grand jour. Et il nous faudra des preuves. Alors non. Merci Sam. En plus, tu souffres déjà assez d'avoir pris la douleur d'Anna. Ryan ? Qu'est-ce que tu as entendu de si important ?
Ryan, nous regarde les uns après les autres. Je sais qu'il peut lire dans la tête des gens. Sauf les nôtres. Il me l'a déjà affirmé. Apparemment, c'est tout pour lui d'entendre toutes les pensées des gens. Alors avec nous, cela le calme. Le silence revient avec nous. Du moins, c'est ce qu'il dit. Alors il aime être à nos côtés. Son don fait de lui un atout. Il a quelque chose à nous dire, s'il nous en parle alors c'est important. Il doit y avoir un enjeu. Sinon, il n'aurait pas ouvert la bouche à ce sujet. J'attends. Je le regarde. Il hésite à nous parler. Il a un peu peur. Mais je sais, qu'il est courageux. Je le vois dans son regard. Il est fort. Je lui lance un murmure, un soupir que lui seul peut entendre.
« Si tu peux nous aider alors parle. J'ai entièrement confiance en toi, Ryan. Parle. »
— Certains des gardes sont des anges. Ils sont là pour vous. Surtout un certain Gabriel. Il m'a laissé voir...
Annotations