8. Échappée belle
Non mais pour qui il se prend lui ? Il vient là, pour quoi ? Me dire qu'il est ma moitié. Super ! Heureuse de l’apprendre ! Sinon, tu ne serais pas là pour m'aider à sortir de ce trou ! De cet enfer représentant mon quotidien ? Non, toi la seule chose qui t'inquiète se sont mes ailes ! Elles sont mortes ! Cela me fait déjà assez de mal d'y penser, pas besoin d'en rajouter. Je pense pouvoir partir telle une furie. Je me sens prise au piège. Les regards de mes amis et des anges sont posés sur moi. Je commence à m'éloigner d'eux, mais je suis coupée dans mon élan. Je m'arrête net quand il prononce la phrase attendue. Cette phrase qui sonne la liberté.
— Anna... Je connais un moyen de te faire sortir. De vous faire sortir. Votre torture n'a que trop durée. Fais-moi confiance. Ce soir, vous serez dehors. Laisse-moi juste quelques heures. Je ne pouvais pas venir plus tôt, pas en étant seul. Je ne savais pas du tout, ce qu'il se passait. Personne ne m'a rien dit. Anna...
— Je ne te connais pas et je devrais te faire confiance ! Sérieux ? Non, merci !
— Euh... On devrait y réfléchir. Nous avons déjà tenté de partir plusieurs fois sans succès. C'est toi-même qui en as conclu la nécessité de faire une alliance. Anna, en voilà une d'alliance. Il faut saisir notre chance. Tu le sais autant que nous. Je sais. Il nous faut un allié. Un allié ayant les cartes d’accès. Un allié qui possède les clefs de la liberté. Comme des gardes.
Oh… Je vois. Je comprends maintenant. Gabriel a dit vrai. Il ne pouvait pas nous aider seul. Il avait besoin de convaincre la Légion. Lui aussi avait besoin de faire une alliance. D’où la présence de Max et Peter. Et encore, même avec les cartes de sécurité, nous ne pouvons pas passer devant les autres vigiles sans se faire repérer. Il nous faut un plan. Je retourne mes idées dans tous les sens. Pas le choix, je vais devoir écouter Gabriel. Il m’énerve, parce que ce que je ressens quand son regard se poser sur moi, me perturbe. Que représentent ses sensations ? Laissons-les de côtés. Je veux juste sortir d’ici ! Je relève la tête et me plante en face de Gabriel. Nathan essaie de capter mon regard mais je n’en fais rien. Si lui ne se décide pas, moi, je vais le faire. De toute façon, ils me connaissent, ils savent que je ne peux pas laisser passer une occasion comme celle-ci. Nous devons nous évader. Et nous le ferons ce soir.
— Très bien. Qu’est-ce que nous pouvons faire pour t’aider ?
— Vraiment ? Tu…
— Dépêche-toi de lui dire, elle n’est pas très patiente ma sœur. J’avoue, j’ai aussi envie de savoir à quoi tu as pensé pour nous sortir de là.
Gabriel, nous regarde tour à tour. Nous faisons un drôle de petit groupe. Des enfants ailés sans ailes, et des enfants abîmés qui essaient de survivre à des scientifiques fous. Mais nous sommes forts. Oui, parce qu'entre chaque nouvelle expérience, ces scientifiques ont eu la bonne idée de nous entraîner. Ils nous ont appris à nous battre. Certains de nos amis nous ont abandonné pour former la nouvelle armée du gouvernement. Une armée faite d'enfants, certes des enfants avec des dons. Seulement sont-ils vraiment préparés à une guerre ? J'en doute. Moi-même, je ne le suis pas. Au fond de moi, je suis emplie de peur. La peur de perdre encore les personnes que j'aime. Oui, j'aime mon frère, et j'aime également mes amis. C'est avec eux, grâce à leur soutien que nous sommes encore décidés à répandre la vérité. Gabriel, nous explique son plan. D'accord, il tient la route. Mais... Après avoir enregistré les instructions de Gabriel dans notre mémoire, nous sommes chacun parti de notre côté. Je voulais sauver tous les enfants encore présents dans ce bâtiment. Je sais, ce n'est pas seul qui existe... Peut-être qu'en aidant ceux d'ici, nous pourrons amorcer quelque chose de plus grand. Enfin, nous verrons. Je rassemble mes affaires le plus vite possible. Et je pars vers la section des tout petits. De ceux qui ont entre cinq et huit ans. Ils doivent sortir en premier. Les plus petits sont les plus vulnérables. C'est à cette période que notre groupe a subi le plus de perte. Je les aide autant que je le peux. Puis nous retrouvons les autres dans la grande salle, le dortoir. En arrivant, je rejoins Nathan. Il a l'air stressé. Ce n'est pas dans ses habitudes. Je ne comprends pas. Il a pourtant confiance en moi. Il m'a suivi toujours dans mes plans foireux. Et aujourd'hui, je vois bien qu'il doute.
— Nathan ? Quelque chose ne va pas ?
— Tout va bien. Aller, c'est l'heure. Gabriel doit nous attendre devant les portes. Guide-les, Anna. Ils vont avoir besoin d'une tête forte. D'une battante pour avancer. Tu le feras ? Tu seras cette personne n'est-ce pas ?
— Je...
Je n'ai pas le temps de lui répondre. Ryan nous fait signe. Il a reçu le signal. C'est le moment. Le moment tant attendu. Enfin ! Nous allons fuir cet endroit. Je regarde le groupe que nous formons, cela me rend triste. Nous sommes si peu... Une vingtaine à peine plus. C'est lamentable. Bientôt, le gouvernement aura ce qu'il veut. C'est-à-dire, une nouvelle génération étouffée pour garder l'ancienne en place. Peu importe, l'important c'est de partir. Aller ! Nous nous faufilons dans les couloirs, nous essayons de faire le moins de bruits possibles. Gabriel avait raison, aucuns gardes à l'horizon. Nous accélérons inconsciemment le pas. Nous avançons à un rythme effréné. Quand nous avons rejoint Gabriel. Je me pose des questions. Quelque chose ne va pas. C'est trop calme, trop silencieux. Tout est trop... facile ? Oui, c'est trop facile. Nous sommes là devant la porte après toutes ces années. Et personne ne nous arrête. Avouez que ce n'est pas normal. C'est totalement illogique. Tous se réjouissent. Je sens leur bonne humeur. Mais en tournant, mon regard vers Gabriel, j'y vois le même étonnement. Quelque chose cloche. J'interroge Ryan avec les murmures, je ne veux effrayer personne. Sa réponse est claire. Aucunes pensées détectables. Mais... Lui aussi est sceptique. Il vient de se rendre compte d'une chose. Il n'entend les pensées de personne. Une seule personne est capable de le bloquer. Son frère. Ils sont le total opposé. L'un est un récepteur, l'autre est un brouilleur. Si Ryan ne peut entendre alors Ash est dans les parages. D'un hochement de tête, nous nous sommes m'y en accord. Lui, Hélène et Sam font sortir les enfants. Moi, je reste avec Nathan.
— Il y a un problème...
— Tout le monde est sorti. Venez ! Anna ? Nathan ? Sortez !
J'écoute Gabriel. A peine passé les portes. Elle est là ! Son aura, sa jalousie, son besoin de pouvoir. Les enfants se sont échappés, nos amis aussi, je l'espère. Il ne reste que nous trois. Nous trois, face à cette vipère ! Ou plutôt nous trois face au loup ! Nathan me jette un de ces regards. Oups... Il a dû m'entendre. Je lui fais un grand sourire. Mais il quitte bien vite mon visage. Elle n'est pas seule. L'élite est avec elle. Les hauts classés de l'armée des dons. Le loup et sa meute. Lou... Elle savait. Comment... ?
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