Le mensonge d'une vie

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Vent du Sud vent du Sud !...

Les pieds dans le sable, mes mains construisaient un château.

J’avais au départ, les yeux rivés sur le lointain horizon. Mais je compris très rapidement qu’il n’y en avait rien de plus que de la poussière et du sable. Les hauteurs bleutées étaient, de surcroît, semblables.

Je continuais donc à édifier mon château de sable.

Je le modelais comme à mon avantage.

« Un peu de sable par-ci, un peu par-là, et finit les ennuis ! »

J’étais en train de comprendre à quoi servait tout ce sable, si ce n’était en faire un château de sable.

Il allait être grand. Je le pensai gigantesque. Il allait, je l’imaginai, me cacher du soleil. M’offrir de ses ombres quand il fait jour, et de ses lumières quand il fait nuit. J’étais jeune. Les désirs encore juvéniles. Et la main encore inlassable.

Je continuai donc à édifier mon château de sable.

L’envie me pressait. Et en tout temps je travaillais. Je l’ agrandissais, et comme à tous, la fougue de la jeunesse ne m’épargnait pas. Je posais ainsi vigoureusement mes bases, et mes fondations. Je vis ensuite que faisait effet, le travail.

Un beau jour, il évolua. Je l’agrandis au point qu’il en devint un palais. Il était grand. Cossu. Gigantesque. Je pouvais m’y balader. Puis, ce fut un royaume. Mais son confort n’était pas à la hauteur de mes attentes.

Je continuais donc à édifier mon château de sable.

Quand, à mes portes, les pieds dans le sable, un vieil homme, venu du bien loin paysage, me dit :

« Jeune homme. Je vois que tu as la main bien agile et le désir encore juvénile… mais fais bien attention !

- Bien attention ?! Mais regardez-donc la taille de mon palais ! Rien ne peut m’atteindre. Seriez-vous en train de perdre la tête ?!

- Non, mon bonhomme. Fait bien attention au Sirocco ! C’est de lui dont tu dois te méfier. Rien de ce que tu as créé ne lui résiste. Les hauteurs de ton château lui en font son avantage…

Et du Sud jusqu’au Nord, il dévorera tout tes trésors… »

Je l’en rejetai de mon royaume. Je pensai à un pauvre fou, ne sachant que faire de ses journées. Et me remis à ma besogne.

Je continuais donc à édifier mon château de sable.

J’y installai des gardes. Y mis des protections. Y fit faire des structures plus solides. Et aménageai d’autres constructeurs. Mon royaume se sécurisa donc, de l’extérieur. Mon petit monde fut créé.

L’édifice de sable était donc finit. Mais face à mes portes, de nouveau, voilà le vieil homme. Il me dit cette fois-ci :

« Jeune homme, que tu as bien grandi, et que ton royaume a mûri.

- Que me voulez-vous cette fois-ci ?

- Ton édifice, désormais qu’il est achevé, ne t’y attache pas trop, car tout pourrait s’effacer d’un sans vergogne Sirocco ! Ainsi la vie n’est… »

à peine finit-il sa phrase, que j’en claquai les portes devant son nez. Je n’en voulus rien entendre de plus.

Mais un beau jour, ne faisant plus gaffe aux intempéries, un étrange coup de vent balaya du Sud au Nord mon empire. Tout y passa. Tout s’écroula. Et mon royaume, à l’état de poussière y retomba. Le vieillard avait raison. Ce fut le sirocco, vent destructeur, ayant eu sur moi le dernier mot. L’ombre ne me cachera plus pour mes jours, et certainement que la lumière ne la chasserait plus pour mes nuits. Ainsi, les pieds dans le sable, mes mains n’eurent plus qu’à recommencer le château de sable.

La vie n’est donc qu’un bizarre songe. Auquel il faut construire un sens. Mais ce sens n’est lui aussi pas à l’abri d’un sirocco.

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