Comme un air de fête

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Petit à petit, je me sentais sortir du brouillard qui me faisait office de sommeil. J'entendais encore la musique de la veille résonner dans mon crâne. J'ai l'art et la manière de finir les soirées dans des états mémorables. Ma bouche était pâteuse et j'avais une envie irrésistible d'eau. Au fur et à mesure que j'émergeais, je sentis un léger malaise monter dans ma poitrine. Rien qui m'oblige à courir aux toilettes heureusement. Non, j'avais surtout l'impression d'être perdue. L'odeur des draps y était pour quelque chose. Elle m'était inconnue.

Je me redressai précipitamment et ouvris de grands yeux. Le soleil matinal éclairait la pièce de mille feux. La lumière, trop éclatante pour mon état, m'obligea à plisser rapidement les paupières. Il me fallut quelques secondes pour faire l'état des lieux. Une chambre aux murs blancs et gris, un dressing ouvert, un bureau recouvert de livres d'étude et sur le sol, des vêtements dispersés dont ma culotte et un caleçon étrangement superposés. Je réalisai que j'étais parfaitement incapable de me remémorer les évènements qui m'avaient conduite ici. A côté de moi, un jeune homme à la nuque plutôt séduisante dormait profondément. Je ne me souvenais pas non plus de son prénom.

Encore complètement assommée par les vapeurs d'alcool, j'entrepris de me rhabiller et de m'éclipser. Je traversai l'appartement sur la pointe des pieds, fis un arrêt rapide dans le frigidaire et repartis jusqu'à la porte. Un thermostat posé sur la table basse du salon horodatait "Dimanche 27 Juin – 11h25". Ma première bouffée d'air tiède – et pollué – parisien, me fit un bien fou. Je décidai donc de ne pas rentrer tout de suite au profit d'une ballade dégrisante. Arrivée à un croisement, je jetai un oeil aux plaques de rue : Rue de l'Université et Rue du Bac. C'était parfait, j'irais au Jardin des Tuileries.

Sur le trottoir, je croisai un groupe d'hommes dont la conversation semblait tordante. A leur passage je faillis joindre mon rire aux leurs tant ils étaient contagieux. Un peu plus loin, j'évitai une grand-mère qui traînait derrière elle son chien d'un côté et son chariot de courses de l'autre. Je marchais en direction du Pont Royal et commençais à apercevoir l'Ecole du Louvre. Le soleil qui pointait dans mon dos offrait déjà une chaleur estivale très agréable. Les femmes avaient sorti leurs lunettes de stars et leurs robes bohèmes, quand chez les hommes, les chemises en lin et les bermudas fleurissaient.

Sur le pont, des familles admiraient la Seine. Les mères prenaient des photos des pères qui, leurs chérubins sur les épaules, posaient. Des amoureux, adossés au rebord, s'embrassaient le sourire aux lèvres. Un trio jouait un air de jazz et des couples improvisaient quelques pas de danse. Le nez en l'air, je flânais. Ce tableau de vie parisienne me donna l'impression d'avoir atterri dans une photographie de Robert Doisneau.

Pour moi, le dimanche à Paname, c'est assez étrange, il flotte encore autour de nous comme un air de fête...

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